POUR UN SERVICE PUBLIC DE SANTÉ TERRITORIAL
Dans la continuité de notre rubrique « Services publics ou barbarie », nous publions cette nouvelle contribution au sujet de la santé de la part de deux auteurs, Frédérick Stambach (médecin généraliste) et Julien Vernaudon (gériatre hospitalier), que nous avons déjà publiés à plusieurs reprises dans nos colonnes. Cet article, publié en trois volets, propose une analyse approfondie de la situation actuellement catastrophique dans l’hôpital public et formule des propositions pour refonder un service public de santé territorial. Ce premier volet revient sur l’histoire de l’organisation des médecins généralistes et les réformes récentes qui l’ont désorganisé.
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INTRODUCTION
Le système de santé français a longtemps fait office d’exemple à l’international, au début des années 2000 il était même considéré comme le meilleur au monde. À la suite d’une destruction incrémentale du fondement même de notre système de santé, quelles que soient les majorités gouvernementales, celui-ci est dorénavant à l’agonie. Les déserts médicaux progressent et l’hôpital public est au bord de l’implosion du fait de la diminution du nombre de lits, l’introduction en force du nouveau management public(1) et la dégradation des conditions de travail entraînant le départ en masse de personnels soignants épuisés et écœurés.
Nous considérons que le point d’entrée dans le système de santé pour l’immense majorité de la population est l’hôpital public par le biais des urgences et ce que nous nommerons les professionnels de santé de premier recours (PSPR), par définition conventionnés en secteur 1. Ces derniers sont représentés par les médecins généralistes principalement, mais il existe également d’autres « portes d’entrée » subtiles et souvent méconnues. C’est le cas notamment des pharmacies d’officine et, dans une moindre mesure, des infirmier(e)s et kinésithérapeutes libéraux. Pour les jeunes enfants, la Protection maternelle et infantile (PMI) lorsqu’elle existe encore sur le territoire peut également avoir ce rôle. Les chirurgiens-dentistes et les sage-femmes font également partie des PSPR.
Mais d’une façon générale et majoritaire, lorsqu’un patient a un problème de santé (en dehors des grosses urgences) il va se rendre chez son médecin généraliste ou chez son pharmacien. C’est uniquement si ces deux voies sont fermées qu’il se rendra aux urgences directement.
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