REDONNER à la CGT les couleurs ROUGES qui sont les siennes [un entretien avec Jean-Pierre PAGE]
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Jean-Pierre Page est une figure du syndicalisme CGT dont il a longtemps été l’un des responsables des relations internationales. Il a accepté de répondre à « Initiative Communiste ».
Un entretien réalisé le 15 avril 2022
Initiative Communiste : Peux-tu rappeler en quelque mots ton parcours de syndicaliste CGT
Jean-Pierre Page : Je suis un militant syndical qui a exercé des responsabilités nationales au sein de la CGT. J’étais cadre à Air France quand je suis devenu secrétaire général de l’Union départementale CGT du Val-de-Marne et membre de la Commission exécutive confédérale de la CGT, puis responsable du département international de la Confédération. Pendant cette période, j’ai aussi exercé des responsabilités politiques nationales au PCF. J’ai beaucoup voyagé et je me suis exprimé dans plusieurs livres sur la crise du syndicalisme et sur le nouvel ordre mondial.
Initiative Communiste : Face aux attaques du gouvernement et aux annonces antisociales lourdes de plusieurs « présidentiables » (retraites, statuts, fin d’une Education « nationale », RSA, etc.), à commencer par Macron, juges-tu la réponse des syndicats en général et de la confédération CGT en particulier à la hauteur ? Pourquoi cette difficulté à mobiliser des millions de salariés alors que 80 % d’entre eux vivent de lourds problèmes de pouvoir d’achat ?
Jean-Pierre Page : Ton constat est juste ! La crise épidémique puis maintenant la crise ukrainienne sont des révélateurs impitoyables ! Tout à la fois de l’ampleur de la crise capitaliste et du système de domination impérialiste, comme de l’incapacité des confédérations syndicales à faire face à cette situation inédite et aux changements considérables que cela entraîne. Le syndicalisme est devenu muet et inaudible, distant des besoins des travailleurs. C’est vrai pour la CGT ! Quel que soit le sujet, cela se vérifie dans ses analyses, ses orientations et dans son impuissance à organiser la riposte des travailleurs sur la durée. On mesure ici, ce qu’entraîne l’abandon de positions de classe. Les syndicats sont comme KO debout, paralysés et dépassés par l’ampleur des événements. On les voit ainsi plus préoccupés par la recomposition du syndicalisme français dans un sens euro-compatible plutôt que par la défense du pouvoir d’achat des salaires et des pensions. Il est évident que l’on paye là des années de démission dans le combat social, de dépolitisation, d’institutionnalisation et de bureaucratisation du syndicalisme, de renoncement idéologique. Cela a conduit aux échecs et aux défaites qui affectent la crédibilité du syndicalisme lui-même, sa place dans la société. Il est donc urgent d’en tirer toutes les conséquences. Plus qu’à des problèmes d’individus et à leurs capacités ou incapacités à diriger collectivement la CGT, ce recul tient avant tout au contenu des orientations qui ont été prises depuis plus d’une vingtaine d’années.
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