COUR SUPRÊME DES ÉTATS-UNIS : LA GUERRE CIVILE CULTURELLE
Par Régis de Castelnau
Les réactions au revirement de la jurisprudence de la Cour suprême des États-Unis concernant l’avortement témoignent une fois de plus d’une ignorance, d’un provincialisme et au final d’une arrogance française classique, le tout donnant un triste brouet qui n’est pas à notre honneur.
Tout d’abord la précaution d’usage : je suis personnellement favorable au principe de l’IVG qui est une possibilité d’utiliser l’avortement comme un moyen de régulation des naissances. Je n’ai aucun problème moral ou religieux concernant cette possibilité, même si je sais que c’est toujours une épreuve pour la femme qui doit y recourir.
La fascination de nos élites pour les USA, y compris celles qui se disent d’extrême gauche est quelque chose de quand même impressionnant. Surtout que cela s’enracine dans l’ignorance d’une réalité : les États-Unis sont un État fédéral. Contrairement à ce qu’on pense, le pouvoir de Washington et en particulier celui du président n’est pas très étendu par rapport à celui des États fédérés. Et la décision qui vient d’être rendue par la Cour suprême relève de cette articulation. Revenant sur sa jurisprudence antérieure, elle a considéré que la question de l’IVG était de la compétence des États et qu’il ne lui appartenait pas de dresser sur cette question, un cadre contraignant supérieur à celui de ses législations locales. Raisonnement identique à celui fait par la Cour de Justice de la Communauté européenne qui a dit que cette question était de la compétence des législations internes des états membres de l’UE. Et d’ailleurs, à l’aide des mêmes motivations que celles adoptées par la cour suprême américaine. C’est donc désormais l’affaire des Américains, chacun dans leurs États respectifs.
Paradoxalement, je m’en réjouis de cette jurisprudence en Europe, lorsque je vois ce qui se passe par exemple en Europe centrale et notamment en Pologne. Je me trompe peut-être, mais je pense que notre pays est à l’abri d’une régression identique.
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