Et si on parlait du « POUVOIR DE VIVRE » au lieu du « pouvoir d’achat » ?
Quand une expression est utilisée à la fois par des publicités Leclerc, un ministre macroniste et la CGT, c’est rarement bon signe : le « pouvoir d’achat » s’invite également dans nos discussions quotidiennes, particulièrement à cette période où les prix s’envolent tandis que les salaires, les traitements et les pensions stagnent. Du journal du PCF l’Humanité au très libéral L’Opinion, l’ensemble de la presse utilise ce terme, sans jamais l’interroger. Pourtant, n’est-elle pas bizarre cette expression ? Il y aurait un pouvoir, celui d’acheter, et ce serait ce pouvoir-là qui serait menacé par la hausse des prix. « Pouvoir d’achat » fait en réalité partie de ces expressions forgées et diffusées par la classe dominante et qui ont l’avantage de faire entrer le débat public dans un cadre étroit et contraint : celui des intérêts des actionnaires et du patronat. Il nous empêche de discuter des points qui comptent vraiment et qui, par conséquent, les dérangent.
Une notion insuffisante…
Le pouvoir d’achat est avant tout une notion statistique, définie par l’INSEE comme la « différence entre l’évolution du revenu des ménages, premier élément, et l’évolution de l’indice des prix, deuxième élément. » Quand les prix augmentent plus vite que les revenus, comme c’est le cas en ce moment, le pouvoir d’achat diminue. Parler de pouvoir d’achat permet d’éviter de parler uniquement du revenu sans tenir compte des prix et donc de la façon dont des prix élevés réduisent la quantité de choses qu’il est possible d’acheter. L’exemple classique, c’est lorsque l’on parle d’un niveau de salaire pour déduire de l’aisance financière d’un ménage sans considérer son lieu de vie. Avec un même salaire, on peut acheter plus de choses quand on vit dans la Creuse que lorsque l’on vit à Paris ou à Lyon.
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