LÉGISLATIVES 2022 : « Ce qui nous guette, ce n'est pas tant le CHAOS ou la CRISE, mais plutôt L'IMMOBILISME », estime le chercheur Olivier Rozenberg
La coalition présidentielle Ensemble ! a échoué à conserver sa majorité absolue lors des élections législatives. Le chercheur, spécialiste de l'étude des parlements, évoque les conséquences de cette Assemblée fracturée sur la vie politique.
Un paysage politique bouleversé. Les élections législatives n'ont pas accouché d'une majorité claire à l'Assemblée nationale. La coalition présidentielle Ensemble ! est arrivée en tête (245 sièges) sans conserver la majorité absolue (289 sièges). La coalition de gauche Nupes (133 sièges*) et le Rassemblement national (89 sièges) s'imposent comme des forces de premier ordre, tandis que Les Républicains (64 sièges) perdent des députés mais conservent une influence, après leur contre-performance à l'élection présidentielle.
Comment Emmanuel Macron peut-il gouverner sans majorité ? La France est-elle condamnée à l'immobilisme ? Que peut-on attendre du groupe RN à l'Assemblée ? L'alliance de la Nupes se maintiendra-t-elle hors période électorale ? Olivier Rozenberg, professeur associé au Centre d’études européennes et de politique comparée et spécialiste des parlements en Europe, analyse pour franceinfo les résultats de ce scrutin.
Franceinfo : La coalition présidentielle a échoué à conserver sa majorité absolue à l'Assemblée. Hier soir [20/06/2022], Elisabeth Borne a promis de construire "une majorité d'action". Que peut faire Ensemble ! pour tenter d'atteindre le seuil des 289 sièges ?
Olivier Rozenberg : La première chose à faire, logiquement, serait de trouver un partenaire fiable, en faisant des concessions, pour pouvoir gouverner avec plus de stabilité. Il ne peut être trouvé que chez Les Républicains, mais les signaux qu'envoyait LR dès dimanche soir n'allaient pas dans ce sens-là. La majorité a besoin d'un partenaire qui ne veut pas s'offrir à elle, ou qui le fera de manière très divisée, donc sans tous ses députés, ce qui ne lui garantit pas la stablilité recherchée.
Pour que LR change d'avis, il faudrait qu'un véritable jeu de négociations soit ouvert par Emmanuel Macron. Ce qui veut dire rencontrer les responsables LR pendant plusieurs semaines, élaborer un programme commun avec le contenu précis de la législation.... Emmanuel Macron ne nous a pas habitués à cela. Il faut dire que ce jeu coalitionnaire n'est pas favorisé par nos modes de scrutin et par l'importance de l'élection présidentielle et du duel du second tour. Tout pousse à ce qu'il y ait des oppositions, avec une prime à la radicalité pour rassembler son camp.
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