RETOUR vers la IVème République… [sur le blog de Descartes]
Dimanche 19 juin la France a fait un grand pas… en arrière. Plus de soixante ans en arrière, pour être précis. Pour la première fois depuis 1958, nous avons un président sans projet et sans majorité parlementaire.
Certains y voient avec gourmandise une « normalisation » de la France. Comme le note le journal de l’establishment, « hormis dans cinq pays [européens] où existe une majorité absolue, ailleurs, les formations politiques doivent chercher des compromis ». Il ne manquera pas non plus les éternels germanolâtres qui ne manqueront pas de nous vanter le « compromis » tel qu’on le pratique outre-Rhin. A croire tous ces gens-là, le résultat de dimanche dernier marque une avancée de notre système politique, une chance qu’il devienne moins « vertical », moins « jacobin », bref, pour parler la langue du moment, plus « inclusif ».
La réalité est un peu différente, et beaucoup plus inquiétante. D’abord, et c’est un élément essentiel à prendre en compte, l’abstention a battu tous les records. Avec 46 % de participation, l’abstention est la plus élevée pour un scrutin législatif depuis l’institution du suffrage universel en 1848. Sous la seconde République, la participation n’est jamais tombée en dessous de 63 % (1852), sous le second empire en dessous de 64 % (1857), sous la troisième République en dessous de 70% (1919), sous la quatrième en dessous de 78% (1945). Sous la cinquième « gaullienne », la participation fut toujours supérieure à 80 %. C’est à partir de la fin des années 1980 que la dégringolade commence, avec une baisse continue depuis 1993 de 3 à 4 points en moyenne à chaque scrutin.
Sur le pourquoi de cette baisse, les commentateurs qui hantent nos étranges lucarnes sont unanimes. Notre système serait trop « vertical », il ne permettrait pas « l’intervention des citoyens dans les décisions », il serait trop fermé à la « société civile ». Le problème est que cette baisse de participation n’est pas une exclusivité française. Dans des systèmes bien plus « horizontaux », la participation tend aussi à baisser : c’est le cas en Allemagne, où l’on est passé de 89 % dans les années 1970 à 75 % aujourd’hui, chiffres comparables d’ailleurs à ceux de notre élection présidentielle. Un autre fait qui vient contredire cette thèse est que les élections qui sont chez nous le moins touchées par l’abstention sont celles… qui privilégient la verticalité : l’élection présidentielle et l’élection municipale qui, toutes deux, visent à établir un exécutif stable. A mon avis, tous ces gens font fausse route. L’abstention tient à une question bien plus fondamentale. Une question qui est au cœur de toute réflexion démocratique. Et cette question est : « une autre politique est-elle possible ? »
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