UN MAUVAIS COUP À LA PAIX : Qui dénonce le réarmement de l'Allemagne ?
L’impérialisme allemand se réarme
Les députés allemands viennent de voter les 107 milliards d’euros pour l’armée. Dans la nuit de dimanche à lundi, le gouvernement (SDP, Verts et Parti libéral-démocrate) ainsi que l’opposition conservatrice CDU/CSU, ont trouvé un accord pour débloquer des fonds pour l’armée allemande.
Sous prétexte de défense nationale, l'Allemagne cherche en réalité à s'assurer un rôle de puissance de premier plan sur le continent européen.
Selon le journal Le Monde, ce nouveau budget militaire sera financé sur un « fond spécial », situé hors du budget national, par la création d’une dette supplémentaire. Un subterfuge pour contourner les règles de la constitution allemande qui comporte des « freins à l’endettement » censés limiter les possibilités de déficit budgétaire. L’objectif d’investissement de 2 % du PIB national dans la défense fixé par l’OTAN a aussi été acté.
Cette enveloppe spéciale s’inscrit totalement dans le processus de remilitarisation de l’Allemagne qui placera le pays en troisième position mondiale du plus gros budget de « défense », juste après la Chine et les États-Unis.
Sous couvert d’argument de défense nationale et de « changement d’époque », de guerre en Ukraine, ce sont les intérêts géopolitiques et économiques du capital allemand qui sont défendus sur le dos de la population.
L’argument de la défense nationale face à la menace russe ne tient pas, l’enjeu politique du réarmement du pays est dans le « nouvel équilibre mondial ». Lors de son discours, Olaf Scholz a insisté sur le rôle central que joue l’Allemagne dans le conflit avec l’envoi « des armes antichars, antiaériennes, des équipements et des munitions » auquel s’ajoute la présence de la Bundeswehr sur le front de l’Europe de l’Est avec 350 militaires en Lituanie. Berlin veut accroître son rôle de puissance de premier plan, avec le soutien des États-Unis. L’objectif du capital allemand est clair : développer une politique de guerre comme moyen pour s’imposer dans la concurrence acharnée que se mènent les monopoles capitalistes dans le monde.
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UN COUP À LA PAIX
Par Guillermo Alvarado
La République fédérale d’Allemagne a porté un coup définitif à la politique pacifiste de ce pays, établie après la défaite du régime nazi et la fin de la Seconde guerre mondiale qui a dévasté une grande partie de la planète et a causé des millions de morts lors de la première moitié du siècle dernier.
Avec le soutien enthousiaste des partis au pouvoir et d’une partie de l’opposition, le Parlement a approuvé une somme extraordinaire de cent milliards d’euros, environ 107 milliards de dollars, pour la modernisation de l’armée dans toutes ses branches.
Il s’agit de la somme la plus importante allouée à cette fin depuis qu’Adolf Hitler a rééquipé le pays après sa prise de pouvoir, ainsi que la confirmation du désir allemand de redevenir une grande puissance militaire, non seulement dans l’Union européenne, mais au-delà.
Le prétexte qui a été répliqué par les médias du Vieux continent est la guerre en Ukraine et la puissance de guerre russe, mais en réalité ce n’est qu’un écran car c’est un processus entamé depuis des décennies.
Depuis que l’Allemagne occidentale a avalé, et non unifié, la République démocratique allemande le 3 octobre 1990, les bases d’une forte présence de l’OTAN et d’une alliance étroite avec les États-Unis ont commencé à surgir.
Bien que le principe constitutionnel de la non-intervention de l’armée allemande dans des pays non membre de l’OTAN, soit resté inscrit dans la constitution, dans la pratique, il est rapidement devenu lettre morte.
En 1992 des militaires de ce pays ont débarqué au Cambodge, apparemment pour apporter de l’aide médicale et assister la police locale. Plus tard, en 1993 ils ont participé à des vols de reconnaissance de l’OTAN au-dessus de la Bosnie.
Martha Lucía Quiroga, chercheuse à l’Université Externado de la Colombie, déclare que finalement, le 30 juin 1995 le Parlement fédéral a approuvé à la majorité l’envoi de troupes de combat à l’ancienne Yugoslavie, ce qui a rompt avec la politique étrangère et de sécurité traditionnelle.
En 1999, le chancelier Helmut Kohl a joué un rôle décisif dans l’entrée de la Pologne, de la République tchèque et de la Hongrie dans l’OTAN, c’est-à-dire dans l’expansion de ce groupe belliciste vers l’est, qui est à l’origine de la crise militaire actuelle qui conduit dangereusement à une nouvelle guerre mondiale.
Après les attentats de septembre 2001 aux États-Unis, l’Allemagne a rejoint la prétendue croisade contre le terrorisme et a fait partie de la coalition internationale qui a occupé l’Afghanistan pendant vingt ans.
Cette dernière décision n’a rien à voir avec la Russie, mais avec le désir d’une ancienne puissance d’occuper à nouveau un endroit dominant dans le monde, qu’elle a déjà écrasé deux fois au cours du 20ème siècle.
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