L’UKRAINE COMME UN TROU NOIR – Par Régis de Castelnau
J’ai fait quelque chose de très mal et je crois nécessaire à ce stade de me confesser. Sur la base d’une information donnée par un ami en général très bien informé des choses de la guerre et de l’armement, j’avais publié le 20 juin un tweet ainsi libellé :
« Encore une réussite de Macron : 2 canons Caesar français ont été interceptés intacts par les russes. Ils sont actuellement dans l’usine Uralvagonzavod dans l’Oural pour étude et rétro ingénierie éventuelle. Merci Macron, c’est nous qu’on paye. »
Compte tenu de l’état de l’armée ukrainienne plus proche de celle de Lon Nol au Cambodge avant la victoire des Khmers rouges, que de la Wehrmacht en 1941, et de la fiabilité habituelle de mon interlocuteur j’ai pensé que c’était vrai. Soit que les deux canons avaient été saisis, soit ce qui était également plausible, vendu par des militaires appartenant à une des armées les plus corrompues du monde.
Je me suis complètement désintéressé de cette publication jusqu’au moment où j’ai été contacté par tout un tas de correspondants me demandant des précisions. Et c’est là que j’ai vu que le message avait été liké et retweeté près de 15 000 fois ! Cela a rapidement tourné à la folie lorsque le réseau Telegram s’en est emparé, et que je me suis retrouvé bombardé par des dizaines de milliers de messages dans toutes les langues (russe en particulier) auxquels évidemment je ne comprenais rien. L’usine Uralvagonzavod s’est quand même fendue d’un message personnel me demandant de transmettre ses remerciements pour la fourniture des deux engins à Emmanuel Macron. La presse de différents pays s’en est emparée et la polémique a fait rage. Les débunkers atlantistes (Libération, le Monde) s’y sont collés en hululant à la fake news, jusqu’à l’état-major de l’armée française publiant un démenti un peu bizarre. Dans lequel il n’était pas affirmé que les deux canons étaient intacts entre les mains de l’armée ukrainienne, mais que la récupération par les Russes n’était pas prouvée. Le meilleur moyen pour éviter une polémique finalement très gênante, n’aurait-il pas été de justifier que le matériel était toujours entre les mains des ukrainiens et d’en fournir la preuve ? Non, on a préféré crier au charron de la « fake news ». La crédibilité de la propagande officielle étant ce qu’elle est, cela n’a rien arrangé.
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