Soixante ans après le traité de l'Élysée, la Collaboration se poursuit entre industriels et financiers des deux côtés du Rhin - Par Jean LÉVY [+vidéo]
Le 22 janvier 1963, le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer signaient un traité de coopération destiné à « sceller la réconciliation entre la France et la République Fédérale d’Allemagne. »
Soixante ans plus tard, l'anniversaire de cet événement est utilisé par Macron et son clan, pour tenter de justifier le bien-fondé d'une Europe fédérale, composée de pays qui ne seraient plus que des "lands" intégrés dans le nouvel Etat européen, futur emblématique décliné dans le fameux discours présidentiel prononcé à la Sorbonne.
Aussi, l'anniversaire du Traité de l'Elysée, dénommé par erreur «de Versailles », par les journalistes de France info, est utilisé aujourd'hui comme caution de la collaboration franco-allemande, le fameux « couple franco-allemand », du fait de sa signature emblématique de ce traité par De Gaulle.
Or, le général, après avoir appris quelques mois plus tard l’intention des Allemands d’introduire un préambule au traité, comme l’exigeait le Bundestag en préalable à la ratification, la réaction du général de Gaulle fut cinglante, ainsi que la Zeit le rappela en 2013 :
« Les hommes politiques allemands ont peur de ne pas ramper assez bas devant les Anglo-Saxons. Ils se conduisent comme des porcs ! Ils auraient mérité que nous dénoncions le traité et nous mettions d’accord avec les Russes. »
Et de cette déclaration du général De Gaulle, nulle allusion aujourd'hui dans nos médias...
Ce préambule du 24 avril 1963, soutenu par le ministre des Affaires étrangères Gerhard Schröder, se bornait à acter le « multilatéralisme », « le partenariat étroit entre l’Europe et les États-Unis ».
Il est opportun de rappeler qui alors participait activement à la gouvernance de l''Allemagne soi-disant dénazifiée.
La chaine Arte a diffusé un documentaire sur la présence active d'anciens dirigeants nazis dans l'entourage directe d'Adenauer (voir ci-dessous) :
Les nazis récupérés dans l'Allemagne d'Adenauer
Infos reprises sur Wikipédia
Anticommuniste et homme de réseau, il était juriste au ministère de l'Intérieur dès 1929. Adhérant à l'idéologie nazie, il avait supervisé en 1936 les ordonnances sur les critères de « souillure raciale » du Troisième Reich.
Après que les nationaux-socialistes eurent pris le pouvoir au début de 1933, Hans Globke participa à l'élaboration d'une série de lois qui visaient à uniformiser le système judiciaire de la Prusse avec celui du Reich.
L'activité de Globke comprenait aussi la présentation et les projets pour les lois et règlements. Il s'occupait aussi des questions générales sur la race,
C'est dans ce contexte qu'il participa à la préparation des premiers décrets d'exécution des lois de Nuremberg (15 septembre 1935),
Après 1935 Globke travailla activement à renforcer les lois raciales de Nuremberg. Par ailleurs en 1939 Globke était associé à l'élaboration en Slovaquie du « Code juridique à appliquer aux juifs .
Son rôle sous l'ère Adenauer
Dans la République fédérale, il devint sous le chancelier Konrad Adenauer chef de cabinet à la chancellerie fédérale et, à la suite des élections d'octobre 1953, il succéda à Otto Lenz, qui avait été élu au Bundestag, comme directeur de la chancellerie fédérale.
Cette fonction faisait de lui un des membres du cercle le plus restreint qui entourait Adenauer et le plus proche confident de ce dernier. Dans l'ombre du chancelier, Globke tirait les ficelles à l'arrière-plan et était comme le pilier de cette « démocratie du chancelier ».
Une partie des anciens nazis, réussit à dissimuler son passé et à obtenir des postes politiques plus ou moins importants après la guerre.
Ceci a souvent suscité des scandales
On peut ainsi citer :
- Kurt Georg Kiesinger, membre du NSDAP depuis 1933, qui travaillait au service de propagande de l'Office des Affaires étrangères, chargé de faire le lien avec le Ministère du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande, et qui fut Chancelier fédéral de la RFA de 1966 à 1969.
- Heinz Reinefarth, lieutenant-général (Gruppenführer) de la Waffen-SS et chef des SS et de la police (Höherer der SS und Polizeiführer) en Pologne, officier nazi important donc, qui échappa toutefois à toute inculpation et devint maire de Westerland (1951-64) et député du Bloc des réfugiés au Landtag de Schleswig-Holstein à partir de 1958.
- L'ex-Gruppenführer Wilhelm Harster, officiel important du ministère bavarois de l'Intérieur, qui dut démissionner après avoir pris la défense du criminel de guerre Erich Rajakowitsch.
Kurt Waldheim, secrétaire général des Nations unies et président fédéral de l'Autriche de 1986 à 1992, est sans doute l'ex-nazi ayant eu les fonctions les plus importantes après-guerre. Waldheim, qui avait été inscrit comme suspect sur la liste de l'UNWCS, était membre de la SA .
Le Département de la Justice des États-Unis refusa toutefois en 1987 de le laisser entrer sur le territoire national, en affirmant qu'il avait pris part à la déportation, au mauvais traitement et à l'exécution de civils et de soldats alliés durant la guerre16.
Le cas d'Hanns Martin Schleyer, Untersturmführer-SS puis représentant du patronat allemand .
******
Rappelons que ce sont les représentants de la grande industrie et de la Banque qui ont porté Hitler et ses nazis au pouvoir en Allemagne, en 1933 et que ce sont les mêmes qui les ont recasés en 1945.
Les milieux financiers de France se sont fait les meilleurs soutiens de l'oligarchie allemande, celle hier des Krupp, Thyssen et consort, aujourd'hui la Fédération de l'industrie (BDI)
Depuis l'Occupation de notre pays en juin 40 et l'entrée officielle de la France dans la politique de collaboration avec l'Allemagne dès octobre de la même année, les cercles dirigeants de notre pays dans leur majorité, les milieux patronaux en premier, n'ont cessé de collaborer avec leurs homologues allemands.
Après la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) en 1951, le traité de Maastricht, en 1992 et la création de l'Union européenne illustrent cette politique, dominée par les rapports de force économiques entre la France et l'Allemagne, notre voisin d'outre-Rhin ayant obtenu, dans l'Union européenne, la part de l'industrie et la France, le tourisme...
Cette collaboration, dont le Traité de l'Elysée en est un jalon politique, regretté par De Gaulle, qui n'a fait que s'accentuer depuis soixante ans.
La puissance économique allemande, forte de son tissu industriel dominant, voudrait maintenant régner militairement sur notre continent, en prévoyant un budget dit de défense, de 100 milliards d'euros. De quoi renouveler ses Panzer Division et ses stukas, qui ont fait merveille en France en juin 40.
Et la classe politique française d'applaudir ce réarmement massif de l'Allemagne, toujours passive comme avant la dernière guerre, « le danger » restant hier comme aujourd'hui, la Russie.
JEAN LÉVY