TROIS QUESTIONS à Romain MIGUS sur le coup d’État au PÉROU et les mobilisations
Comment évolue la situation au Pérou où le président élu en 2021 Pedro Castillo a été victime d’un coup d’État ? Nous interrogeons Romain Migus qui vit sur place et qui suit attentivement les mobilisations. Comme il nous l’annonçait, les manifestations ont repris aujourd’hui au Pérou. Une rassemblement de soutien était également organisée à Bruxelles devant la gare centrale.
Quel est l’état de la mobilisation au Pérou ? Les médias francophones donnent l’impression que la mobilisation s’est éteinte. Comme si l’avancée des élections de 2026 à 2024 aurait arrêté les manifestations…
95 % des médias péruviens sont détenus par trois personnes, trois milliardaires. La situation de la France avec neuf milliardaires fait rêver au Pérou, ici ils ne sont que trois ! Ces grands organes de communication étaient un des ennemis jurés de Castillo depuis le début, un des pouvoirs factices qui a cherché à faire tomber Castillo dès le début de son mandat. Les manifestations à Lima la capitale ont été soutenues mais n’ont pas été massives. Lima compte douze millions d’habitants, les manifestations rassemblaient environ dix mille personnes, ce qui n’est pas énorme en effet compte tenu de la population de la capitale. En revanche tout le sud du pays et y compris les zones rurales du nord ont été en mobilisation permanente. Là on a des clivages qui divisent la société péruvienne, économique d’abord, mais pas uniquement, ethniques aussi. La moitié du Pérou parle quechua ou aymara ou une langue indigène, la moitié du Pérou a une langue autre que l’espagnol. Il y a des clivages géographiques, entre côte et montagnes, entre Lima et les régions. Je pense que c’est le plus important, les régions se sentent humiliées, marginalisées face à la capitale gouvernée par des élites qui ne font pas du tout attention aux provinces et qui les pillent. Toutes les richesses minières et agricoles sont dans les provinces et notamment dans le sud du Pérou. On a une situation dans le sud qui n’est pas comparable à celle de Lima et qui a été proche de l’insurrection et que je dirai d’indignation générale.
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