Réforme des retraites : « Vous avez raison de vous battre en France »... En ITALIE, la galère de l'emploi des seniors
REPORTAGE Avec un âge de départ à la retraite fixé à 67 ans, l’Italie découvre depuis plus d’une décennie l’emploi des seniors. Non sans mal.
-L’Italie est un pays vieillissant, où l’âge de la retraite est fixé à 67 ans depuis 2011.
-Deux conditions favorables au travail des seniors. Pourtant, la Botte a du mal à convertir l’essai, et reste l’un des pays de l’OCDE avec le pire taux d’emploi des personnes âgées.
-Alors que les débats sur la réforme des retraites démarrent en France, 20 Minutes s’est rendu à Turin, où le travail des plus âgés pose autant de problèmes qu’il n’était censé en résoudre.
Les enfants sortent en meute de l’école, récupérés par les mamas toujours au rendez-vous de la cloche sous les coups de 16h30. Rajoutez les Alpes surplombant la ville de Turin en fond, et ne reste plus qu’à mettre un filet d’huile d’olive et une insulte en gesticulant les mains devant des spaghettis coupés en deux pour cocher toutes les cases du cliché de l’Italie. Mais la vision de ces petits hurlant leur liberté retrouvée ressemble de plus en plus à une exception. Car le bambino se fait rare.
Et pour cause, le pays est le deuxième plus vieux au monde, après le Japon, avec une moyenne d’âge de plus de 45 ans. Le taux de natalité est quant à lui le plus faible de l’Union européenne. A marcher attentivement dans les artères turinoises, on compte effectivement plus de cheveux blancs que de dents de laits, et plus de vieux assis sur un banc que de gamins courant à toute berzingue. En Italie, où 23,5 % de la population à plus de 65 ans, le senior est partout, jusqu’au travail. Ici, il n’est pas inhabituel de voir une personne âgée vous conduire en taxi, se charger de votre espresso ou de votre cours de mathématiques.
Le senior au travail mais fatigué
A 63 ans, Rosanna court encore dans son magasin, pour conseiller tel vêtement ou donner le prix d’un autre. Selon ses propres comptes, cette vendeuse devrait pouvoir prendre sa retraite dans quatre ou cinq ans. Une dernière ligne droite qui a des airs d’éternité. Si son visage fier et sa prestance défient le temps qui passe, ce n’est pas le cas de sa forme physique. Au moment d’évoquer son état, le masque de la vendeuse idéale se fissure un peu : « Je ne peux plus travailler à temp plein. Quarante heures par semaine, c’est trop de fatigue. » Elle est à mi-temps, et même avec ce rythme horaire réduit, l’usure la ronge. « C’est un métier où il faut toujours être debout, où le travail le dimanche demeure obligatoire. C’est difficile, surtout à mon âge ».
POURSUIVRE LA LECTURE :