ÉLOGE de la curiosité [sur le blog de Descartes]
« Albert grogna. « Tu sais ce qui arrive aux gars qui posent trop de questions ? »
Mort réfléchit un instant. « Non », il finit par dire. « qu’est ce qui leur arrive ? »
Il y eut un silence. Puis Albert se redressa et dit : « je n’en ai pas la moindre idée. Probablement, ils obtiennent des réponses. Et c’est bien fait pour eux » ».
(Terry Pratchett, « Mort ») (1)
Dans un de ces séminaires de « management » assommants auxquels les cadres de notre pays sont astreints s’ils veulent montrer à leurs supérieurs qu’ils sont dignes des responsabilités qu’on leur confie, je me souviens avoir entendu la question suivante : « quelle est la qualité que vous recherchez le plus chez vos collaborateurs ? ». Ce type de question donne souvent lieu à des réponses très drôles, parce que chaque « manager », lorsqu’il essaye de dépeindre le portrait du collaborateur idéal, dépeint souvent… son propre portrait idéalisé. Au fonds, notre collaborateur idéal est souvent… nous-mêmes.
Personnellement, il y a une qualité que j’ai toujours recherché chez mes collaborateurs, que j’ai toujours apprécié chez tous ceux que je fréquente, qui me fait pardonner bien d’autres défauts, et que je pense indispensable de stimuler dans toutes les sphères de la société. Et cette qualité est la curiosité. Oui, cette curiosité qui, selon l’adage, n’est pas une qualité mais au contraire un « vilain défaut », cette curiosité que les églises – toutes les églises – ont toujours cherché à stigmatiser parce qu’elle amène fatalement à se poser des questions auxquelles le dogme n’a pas de réponse. Cette curiosité grecque qui explique pourquoi les civilisations qui en sont les héritières ont dominé le monde et le dominent toujours. Cette curiosité « bien réglée » qui se confond pour Descartes avec le « désir de savoir », et qui est au fondement de toutes les qualités intellectuelles, parce qu’on ne devient pas savant si l’on n’est pas curieux.
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