Tous les syndicats défileront le 1er mai 2023, main dans la main, contre le vol de deux années de vie et de repos des salariés - Par Jean LÉVY
La décision commune de réaliser un défilé commun le Premier Mai 2023 est un événement social très rare dans notre pays.
Cette date, du fait de son contenu affirmé de lutte de classe et de solidarité internationale des travailleurs - elle est, depuis près d'un siècle et demi, l'expression mondiale de révolte du monde du travail sur tous les continents face à la répression sanglante en 1892 de militants ouvriers aux États-Unis, à Chicago, pour être précis :
Le 3 mai 1886, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester, à Chicago. Une marche de protestation a lieu le lendemain et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers. C'est alors qu'une bombe explose devant les forces de l'ordre. Elle fait une quinzaine de morts dans les rangs de la police. Trois syndicalistes anarchistes sont jugés et condamnés à la prison à perpétuité. Cinq autres sont pendus le 11 novembre 1886
Le 20 juin 1889, ils décident qu'il sera organisé une grande manifestation à date fixe de manière que dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail . Dès l'année suivante, le 1er mai 1890, des ouvriers font grève et défilent, un triangle rouge à la boutonnière pour symboliser le partage de la journée en trois (travail, sommeil, loisirs).
La journée du Premier mai est donc devenue une date symbole de lutte de classe unie à travers les continents.
Certes l'accord intersyndical intervenu en France vise à faire du 1er mai 2023 une étape de grande envergure de tous les syndicats, unis depuis le 19 janvier, contre la réforme des retraites et le report de l'âge légal de départ repoussé de deux ans, à 64 ans.
La date retenue n'implique donc pas l'adhésion des organisations participantes à son contenu historique de mémoire de classe.
Mais avoir retenu en commun cette date donne à l'initiative une dimension sociale de haute portée de lutte contre un pouvoir, issu du capital et chargé d'imposer sa politique à l'ensemble de la population, largement hostile aux lois imposée par l'Élysée au nom des financiers.
Les médias obéissants à ce pouvoir, tout en s'accordant à prédire un grand succès de l'initiative du 1er mai, laissent entendre que ce serait le chant du cygne du mouvement social qui bouscule le calendrier des banquiers depuis janvier.
Folle prédiction d'une grande bourgeoisie en perdition.
Elle mesure mal l'étendue du mal qui la ronge et fissure son édifice.
Si la façade tient encore debout, elle cache mal l'état branlant de ses fondations, qui ne pourra contenir d'autres convulsions.
Encore quelques coups de pioche, camarades !...
JEAN LÉVY