JO 2024 : à un an des Jeux, Paris revoit ses ambitions à la baisse
Un an avant l'ouverture des Jeux olympiques de Paris, l’organisation, qui a dû renoncer à certaines de ses promesses de candidature, essuie de vives critiques de la part de ses détracteurs.
Reculer pour mieux avancer ? C’est la stratégie que semble avoir adopté l’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024. Six ans après avoir été investie ville hôte, la capitale française a revu certains objectifs à la baisse pour des raisons financières et d’infrastructures.
La candidature parisienne avait pour avantage de proposer un événement sportif sans avoir à bâtir de nouvelles infrastructures. Une des rares constructions nouvelles prévue était le Centre olympique de Saint-Denis. Située face au Stade de France, cette structure n’accueillera pas, selon l'AFP, les épreuves de natation initialement prévues, mais se cantonnera aux compétitions, moins suivies, de water-polo, de plongeon et de natation synchronisée.
Des renoncements pour des raisons de coûts
Ce changement de cap s’explique par le coût trop élevé que représentait une installation permettant l’accueil des épreuves de nage, qui auront finalement lieu à la Défense Arena, dans l’Ouest parisien.
Autre sujet qui fâche : les visiteurs français et étrangers qui assisteront aux compétitions devaient initialement être dispensés de payer leur transport. La détention d’un billet devait ainsi permettre de voyager gratuitement sur l'ensemble du réseau francilien le jour de la compétition.
Mais, faute de moyens obtenus auprès du gouvernement par la présidente de la région Ile-de-France, les spectateurs devront s’acquitter des frais de transports, en bénéficiant néanmoins d’une tarification spécifique, comme l'a annoncé Valérie Pécresse le 20 juillet. Les tarifs ne seront en revanche connus qu'en décembre.
Enfin, l’installation d’un village des médias au Bourget, en Seine-Saint-Denis, a été annulée, notamment parce que les lignes 16 et 17 du métro parisien ne seront pas opérationnelles pour l'événement, comme prévu initialement, mais également parce que le nombre d'épreuves qui doivent se dérouler dans cette zone a été revu à la baisse.
Des oppositions en effervescence
Des associations et médias hostiles aux JO de 2024 ont profité de ce 26 juillet, date symbolique, à un an de l'ouverture des Jeux, pour faire valoir leurs critiques. Le média Reporterre, très engagé dans les thématiques de surveillance et d’écologie, a ainsi proposé un reportage papier grand format dans lequel est évoqué la «médaille d’or de la surveillance de masse». De son côté, la chaîne d'information en continu BFMTV Paris Ile-de-France consacrait ce 26 juillet un sujet sur l’inquiétude des Franciliens quant aux transports lors de l’événement.
Le collectif Saccage 2024 relaie de son côté des initiatives de gauche visant à «éteindre la flamme» et à s'opposer aux inégalités sociales que reflète ou provoque l’événement. Les critiques pleuvent également du côté de l’Assemblée nationale. L'Insoumise Clémence Guetté s’est ainsi insurgée le 21 juillet contre la fabrication de la mascotte en Chine.
Le député du Rassemblement national Emmanuel Blairy s’est quant à lui inquiété auprès du ministre des Sports de la répartition des 400 000 places gratuites pour les jeunes, demandant si celles-ci pourraient aussi bénéficier à de jeunes ruraux.
A un an du début des Jeux de Paris 2024, les organisateurs sont contraints d’opérer des ajustements pour des raisons financières. A mesure que l’échéance approchera, la pression des oppositions politiques et associatives sera de plus en plus forte. Aux questions sociales et écologiques devraient aussi succéder des considérations d’ordre sécuritaire.
JO de Paris 2024 : craintes sécuritaires et dépenses colossales
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a présenté le 23 mai 2023 un protocole de sécurité pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. Un dispositif d’envergure sera mobilisé pour un événement coûteux et hors norme.
«un enjeu de sécurité exceptionnel», a résumé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin : le 26 juillet 2024, la cérémonie d’ouverture de la 33e olympiade de l’ère moderne se déroulera à Paris. Pour faire face aux défis sécuritaires, le ministre a présenté un protocole avec les principaux acteurs de l’organisation des JO 2024, la maire de Paris Anne Hidalgo et le président du Comité d’organisation des Jeux (et triple médaillé d’or en canoë) Tony Estanguet.
la première fois que la cérémonie se passera en dehors d'un stade a rapporté Darmanin.
La cérémonie de tous les dangers
La cérémonie d’ouverture sera «inédite» dans l’histoire moderne des Jeux : pour la première fois, elle se déroulera en extérieur, c’est-à-dire «en dehors d’un stade», a noté Darmanin. L’événement aura lieu le long de la Seine entre la bibliothèque François Mitterrand et la tour Eiffel, a-t-il rapporté. Les athlètes ne défileront pas sur une piste d’athlétisme comme habituellement mais à bord de bateaux. S’en suivra un spectacle artistique et musical puis la cérémonie protocolaire à proprement parler avec les officiels.
En tout, ce sont 115 bateaux qui seront mobilisés pour transporter quelque «10 000 athlètes», toujours selon le ministre. Environ «200 chefs d’États et de gouvernements» assisteront au spectacle, mais aussi «plusieurs centaines de milliers» de spectateurs sur place. L’AFP évoque même le chiffre de 400 000 personnes.
Dans ses annonces, le ministre de l’Intérieur a fait part d’une mobilisation elle aussi inédite avec 35 000 membres des forces de sécurité intérieure en plus des renforts issus de la sécurité privée. Pour le gouvernement français, un faux pas serait déplorable. Gérald Darmanin estime ainsi que plusieurs milliards de personnes vont regarder la cérémonie.
En cas d’incident majeur, les retombées en matière de tourisme pourraient être dramatiques. En 2022, la finale de la Ligue des champions de football qui devait avoir lieu au stade Krestovski de Saint-Pétersbourg mais qui fut finalement déplacée au Stade de France à Saint-Denis avait été le théâtre de violents incidents. La responsabilité du ministre de l’Intérieur avait alors été largement pointée du doigt.
Partage des responsabilités et coût incertain
Les Jeux olympiques impliquent un important dispositif sécuritaire, à plus forte raison dans une ville comme Paris particulièrement exposée à la délinquance. Les chiffres du ministère de l’Intérieur font ainsi état d’une augmentation de 24,6% des coups et blessures volontaires en 2022 dans la capitale.
Le premier policier de France compte sur le développement du système de vidéosurveillance pour faire face aux enjeux sécuritaires et fait valoir une augmentation de 400 caméras à Paris, portant le total à 4 400. En tout, 25 millions d’euros seront ainsi alloués à ce seul dispositif.
A la menace sécuritaire directe, s’ajoute celle, potentielle, des attaques de drones, qui inquiète les autorités françaises, mais aussi la question du cyber. Ainsi, le ministre évoque «quatre milliards d’attaques» de ce type lors des Jeux de Tokyo en 2021 pour un événement sportif qui n’avait accueilli que très peu de public, crise sanitaire oblige.
Au Japon, les Jeux devaient initialement coûter 6 milliards d’euros et la facture finale s’est élevée à 12 milliards. Pour Paris, l’audition initiale (2017) évoquait un coût à 6,6 milliards, elle est aujourd’hui chiffrée à 8,8 milliards. Un total qui ne prend pas en compte le coût de la sécurité. Celui-ci pourrait pourtant faire gonfler le budget. Le chiffrage d’un pré-apport de la Cour des comptes évoquait à l’été 2022 un coût de 419 millions d’euros pour les dépenses de sécurité de l’État. La cérémonie d’ouverture, exceptionnelle, n’était alors pas prise en compte.
Les Jeux olympiques de Paris sont un événement majeur pour la France et le président de la République entend faire de cette manifestation sportive un moment historique de sa présidence. Après les faux pas en matière de ventes de billets, jugés trop chers par les Français, les autorités publiques vont devoir se montrer rassurantes sur la sécurité et éviter de faire exploser le budget.
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