LE MALAISE DE LA GAUCHE FACE À LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE
À gauche, la République populaire de Chine (RPC) déroute toujours autant. Dans les pays émergents elle est parfois érigée en modèle, ou perçue comme une alliée, en raison de son rôle central dans la dynamique de désoccidentalisation qui s’amorce. En Europe, elle est souvent considérée avec une défiance qui rejoint parfois celle des dirigeants américains. Pour échapper à ces deux impasses, il faut appréhender la géopolitique chinoise à l’aune de transformations économiques en cours depuis la mort de Mao Zedong.
Par Martine Bulard
Aux yeux d’une fraction – très minoritaire – du camp progressiste, la RPC apparaît, sinon comme un phare, du moins un pôle de contestation de l’hégémonie américaine. Pour la grande majorité, c’est une toute autre vision qui prédomine, alimentée par des clichés médiatiques : nouvel empire du mal, « péril jaune », omniprésence de la main de Pékin, etc. Mais que veut exactement la Chine ? Comprendre les ressorts de sa politique étrangère implique de considérer ses ambitions à la lueur de son histoire.
L’IRRÉSISTIBLE ASCENSION DE LA CHINE
Du XVIè siècle au début du XIXè, on comptait la Chine et l’Inde au nombre des puissances dominantes. Les expéditions militaires occidentales devaient changer la donne, au prix d’un dépeçage de ces pays – lequel a pris la forme d’une occupation en Inde, et d’enclaves territoriales étrangères en Chine. Si des causes internes ont également conduit au déclin subséquent de celle-ci, ce sont les facteurs exogènes que la population chinoise garde aujourd’hui à l’esprit. Ainsi, l’idée qu’aujourd’hui leur pays ne fait que reprendre sa place dans le monde demeure prégnante. Tout comme celle d’associer intimement prospérité économique et intégrité territoriale. Ces éléments permettent de comprendre pourquoi le gouvernement de la RPC est aujourd’hui soutenu par la majorité des Chinois, malgré la répression et les difficultés quotidiennes.
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