Nouvelle-Calédonie : révolte KANAK contre le colonialisme français
Depuis plusieurs jours une révolte de très haute intensité se déroule en Nouvelle-Calédonie : pillages, destructions d’entreprises, lutte armée contre la police (cocktails molotov, tirs à balles réelles…), mutinerie en prison… Dans n’importe quelle autre région française, cela ferait la une de tous les journaux. Oui mais voilà, la Nouvelle-Calédonie n’est pas n’importe quelle autre région française, c’est une colonie, et à ce titre elle n’intéresse que peu la métropole et il est dur de comprendre ce qu’il s’y passe. Essayons de dénouer tout cela.
Retour en arrière : la colonisation de la Nouvelle-Calédonie
La Nouvelle-Calédonie est un ensemble d’îles situé en Océanie. Jusqu’au XVIIIe siècle, les peuples autochtones du territoire de la Nouvelle-Calédonie vivaient sans ingérence occidentale.
La situation change à partir de la fin du XVIIIe siècle mais surtout du début du XIXe siècle. Dans les années 1820, les marchands britanniques commencent à y construire des comptoirs, c’est-à-dire des structures étrangères, placées dans des points stratégiques, pour favoriser le commerce international.
Dans la foulée, les missionnaires débarquent vingt ans plus tard avec pour idée de changer les modes de vie de ceux qu’on appelle désormais les kanaks, de transformer leurs croyances et de les convertir au christianisme. Les choses ne se passent pas toujours aussi bien que prévues, puisqu’en 1847 les kanaks attaquent une des missions et décapitent le frère Blaise Marmoiton. Une base est posée : les kanaks seront peut-être colonisés mais ils ne se laisseront pas faire.
La Nouvelle-Calédonie : l’ancien goulag français
Les velléités occidentales sur la Nouvelle-Calédonie prennent une nouvelle dimension dans la décennie suivante.
Napoléon III (au pouvoir de 1848 à 1870) cherche un territoire pour y faire de nouvelles colonies pénitentiaires. La Nouvelle-Calédonie est officiellement colonisée par la France en septembre 1853.
Les Français installent donc là-bas un bagne, c’est-à-dire un camp de travail pour prisonniers qui travaillent dans des conditions épouvantables. Ces derniers sont poussés à rester sur place une fois leur peine terminée, afin de favoriser la colonisation.
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Nouvelle Calédonie : le gouvernement doit respecter le processus issu des Accords de Nouméa
Depuis plusieurs semaines, la Nouvelle Calédonie vit des heurts importants qui peuvent encore s’aggraver. Le gouvernement français en porte la responsabilité. Après 30 ans de paix, Emmanuel Macron a fait le choix de briser le dialogue avec les forces indépendantistes de Nouvelle Calédonie.
Le congrès de Nouvelle Calédonie a voté ce 13 mai, une résolution demandant le retrait du Projet de Loi réformant la Constitution qui sera soumis au vote de l’Assemblée nationale ce mardi. Il avait déjà dénoncé le maintien d’un référendum en pleine pandémie, sans respecter la période de deuil coutumier des familles victimes du Covid.
La volonté du gouvernement de dégeler le corps électoral, à marche forcée, en réformant la constitution rompt ainsi avec le processus de décolonisation. Le gouvernement ne respecte pas les engagements de la République. C’est lui qui embrase la Nouvelle Calédonie.
Cécile Cukierman, présidente du groupe CRCE-K, de retour de Nouvelle Calédonie où elle a pu échanger avec les différentes forces politiques Kanaks alerte également sur les risques d’embrasement si le gouvernement maintient son texte de loi.A plusieurs reprises, les députés du groupe GDR comme les sénateurs et sénatrices du groupe CRCE-K ont d’ailleurs demandé au gouvernement de privilégier le dialogue avec les forces politiques kanaks. Lors de ses rencontres avec le Président de la République, Fabien Roussel a alerté sur les risques d’embrasement et demandé l’annulation de la réforme de notre Constitution prévoyant le dégel du corps électoral de l’île.
Les annonces d’Emmanuel Macron faites dimanche 11 mai de recevoir l’ensemble des forces kanaks peut apaiser les tensions si le Président retire le projet de loi. Seule une concertation de l’ensemble des parties prenantes permettra de sortir par le haut de la crise. Le PCF demande que le gouvernement ouvre un nouveau temps de dialogue et reporte le vote prévu mardi à l’Assemblée nationale sur le dégel du corps électoral. Il appelle à la poursuite du processus de décolonisation engagé il y 25 ans. La volonté des habitants de Nouvelle Calédonie ne peut pas se fracasser contre les murs de l’Elysée.
Parti communiste français,
Le 13 mai 2024.