DISSOLUTION : le suicide macroniste – Par François Boulo
À la suite de la gifle électorale historique subie par le camp présidentiel aux élections européennes, Emmanuel Macron a prononcé la dissolution de l’Assemblée nationale. Plutôt qu’une redoutable stratégie, il faut y voir une capitulation. La fin du règne macroniste. Mais est-ce vraiment le début d’un renouveau pour la France ?
Évacuons d’emblée les scénarios de politique fiction. La dissolution de l’Assemblée nationale n’a strictement aucun effet institutionnel sur l’interdiction posée par l’article 6 de la Constitution, qui interdit au Président de la République d’effectuer plus de deux mandats consécutifs. Dissolution ou pas, la règle reste la même. Là n’est donc pas le débat.
Certains vont donc jusqu’à imaginer qu’en cas de défaite aux élections législatives, Emmanuel Macron démissionnerait de façon anticipée pour contourner la limite des deux mandats consécutifs en arguant qu’il n’aurait alors pas effectué deux mandats « complets », ce qui l’autoriserait à se représenter dans la foulée à la nouvelle élection présidentielle. Outre que cette interprétation de la Constitution apparaît en soi très hasardeuse, tant du point de vue de la lettre que de l’esprit du texte, cette théorie ne tient pas.
Le risque serait en effet non négligeable de déclencher un mouvement insurrectionnel si le Conseil constitutionnel venait à autoriser une troisième candidature consécutive d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle, dans un contexte où il viendrait d’être largement désavoué par les électeurs lors des scrutins européens et législatifs. Surtout, Macron réélu une troisième fois devrait alors à nouveau dissoudre l’Assemblée nationale pour pouvoir gouverner – ce qu’il ne peut plus faire avant juin 2025 désormais – et il n’aurait pas plus de chances d’obtenir un résultat plus favorable qu’aujourd’hui. Toutes ces considérations ne mènent donc nulle part, mais elles sont néanmoins compréhensibles.
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Depuis dix jours, la France entière et de nombreux observateurs dans le monde s’interrogent sur ce qui a bien pu se passer dans la tête d’Emmanuel Macron pour qu’il choisisse de dissoudre l’Assemblée nationale au pire moment pour son propre camp. Chacun y va de ses analyses, d’autant plus que le président de la République ne cesse de semer des indices troublants, tendant à laisser penser qu’il n’a pas vraiment de problème avec l’idée d’une cohabitation avec l’extrême droite. François Boulo, avocat, figure historique des « Gilets jaunes », a réfléchi sur la question et a publié une tribune sur le média indépendant Elucid. Une tribune dont le titre est explicite : « Dissolution : le suicide macroniste ».
Pour Boulo, le plan d’Emmanuel Macron, qui voulait se poser en rempart contre « les extrêmes », s’est déjà retourné contre lui avec les alliances LR/RN et la formation d’un« Nouveau Front Populaire ».
On en parle, et on évoque aussi les classes populaires et leurs votes… ce qu’est devenu au fond le mouvement des Gilets jaunes, qui n’a pas pu arrêter, et qui a même peut-être accéléré, la formidable ascension du Rassemblement national.