POURQUOI JE NE SOUTIENS PAS CE « FRONT POPULAIRE » MÊME SI JE VAIS VOTER POUR SON CANDIDAT – Par Gérard Del Maschio
Par Gérard DEL MASCHIO
Pourquoi je ne soutiens pas ce « Front populaire » même si je vais voter pour son candidat
Je m’explique, je sais vous allez dire que je suis un peu long.
Mais un peu d’Histoire pour comprendre le « Front Populaire » qui donnait des perspectives.
Un simple coup d’œil au programme de campagne suffit à s’en convaincre : publié en janvier 1936, celui-ci ne contient pas les mesures phares plus tard retenues dans l’imaginaire collectif. La « réduction de la semaine de travail sans réduction du salaire hebdomadaire » est certes mentionnée, mais sans avancer de chiffre concret (le temps de travail s’élève alors à 48 heures par semaine) ; quant aux conventions collectives et aux congés payés, ils ne figurent tout bonnement pas dans le programme. Dès lors, difficile de lire dans la séquence 1936 un enchaînement logique et purement politique : les mesures effectives à l’été ne sauraient être le simple produit de la victoire électorale du printemps sur la base du programme publié à l’hiver. En fait, celles-ci ont surtout été arrachées par un mouvement de grèves sans précédent.
Le 3 mai, les résultats du second tour des élections législatives actent la victoire du Front populaire, avec 386 sièges sur les 608 que compte alors l’Assemblée nationale. Respectueux de la tradition républicaine, Blum attend encore un mois avant de s’installer à Matignon, résidence du président du Conseil. Mais les 11 et 13 mai, deux grèves éclatent au Havre et à Toulouse dans le secteur de l’industrie aéronautique, en réaction aux licenciements d’ouvriers grévistes le 1er mai. Victorieuses, les grèves s’étendent alors dans le même secteur ainsi qu’au sein des usines automobiles de la région parisienne à la fin du mois de mai. Le 28, c’est au tour des 30.000 ouvriers et ouvrières de Renault de rejoindre le mouvement.
Fait notable et inédit à cette échelle, les grévistes ne se contentent pas de cesser le travail, mais occupent les usines. Si les grèves semblent progressivement s’apaiser, le mouvement reprend de plus belle à partir du 2 juin et gagne la province, notamment par le biais de la presse, qui se fait le relais des événements. Partout, dans une ambiance festive, des entreprises des plus diverses sont occupées, du commerce aux banques en passant par la restauration et la culture. On compte alors 12.000 grèves, dont 9.000 avec occupation, entraînant environ 2 millions de personnes.
Spontanées, les grèves et occupations de mai-juin 1936 ne débarquent toutefois pas de nulle part.
Elles s’inscrivent dans une articulation entre les urnes et la rue, matrice du Front populaire depuis deux ans : le 6 février 1934, la manifestation antiparlementaire de groupes de droite et d’extrême droite devant la Chambre des députés fait craindre à la gauche une menace fasciste imminente comme en Italie fasciste ou en Allemagne nazie. De vastes manifestations unitaires rassemblant des milliers de personnes sont alors organisées en réponse un peu partout en France. C’est dans cette dynamique que s’inscrit le rapprochement entre forces de gauche aux élections municipales de 1935 puis aux législatives de 1936. Au cœur de la campagne, les manifestations antifascistes et populaires interpellent l’opinion et propulsent le Front populaire au pouvoir. La victoire acquise, le mouvement social ne s’éteint pas : à la différence de la plupart des mouvements de grève, il ne s’agit pas de s’opposer à un gouvernement hostile, mais de pousser, voire d’anticiper l’action de ce nouveau pouvoir dont on attend beaucoup.
Quand survient la crise économique, la rationalisation est alors utilisée pour intensifier les cadences tout en compressant les salaires et en maintenant les ouvriers et les ouvrières les moins efficaces sous la pression du chômage. En affirmant avec force le rejet de cette cadence inhumaine, les grèves constituent alors un moment de dignité retrouvée.
Dès lors, pour échapper à la contrainte des cadences et à l’arbitraire des chefs qui les imposent, la question temporelle s’impose au cœur des revendications ouvrières : d’abord la semaine de 40 heures, réclamée par la CGT depuis le début des années 1930.
Les congé payés
De la même manière, la nécessité des conventions collectives émerge des grèves du printemps 1936 en ce qu’elles remettent en cause le pouvoir patronal tel qu’il était conçu et pratiqué jusqu’alors. Comme l’explique Antoine Prost, si la propriété en est le fondement, cela signifie que la domination exercée par le patron dans ce qu’il appelle sa « maison » est également d’ordre privé, impliquant de la part des salariés une obéissance et une forme de reconnaissance. Les occupations d’usines prenant la forme d’une grande fête anti patronale, elles expriment un refus de ce lien personnel, affirment que le patron n’est pas chez lui dans l’usine comme il est chez lui dans sa maison avec sa famille.
De cette rupture viennent les conventions collectives : les ouvrières et les ouvriers refusant de s’engager pour autre chose qu’un travail et un salaire déterminés à l’avance, le contrat de travail doit être d’ordre public : il ne peut être discuté personnellement entre chaque salarié et son employeur, mais doit être clairement établi à l’issue de négociations entre syndicats et patronat. La loi sur les conventions collectives, dont le rapporteur est Ambroise Croizat, député communiste dirigeant la puissante Fédération des Métaux de la CGT, (et futur ministre communiste créateur de la Sécurité sociale après-guerre) remplace le lien personnel de subordination par un lien fonctionnel de production. Le pouvoir patronal est désormais encadré, ne laissant par exemple plus le droit à l’employeur de déterminer et de modifier les salaires selon son seul bon vouloir.
Or, au début du mois de juin, le patronat est pris d’effroi par les événements : avec ces entreprises occupées partout, le droit de propriété ouvertement bafoué et ce nouveau gouvernement soutenu par les 72 députés communistes tout juste élus.
Bien qu’il ne soit pas de nature révolutionnaire, le mouvement exerce de fait une pression considérable sur le patronat.
C’est donc dans ce contexte brûlant que les représentants patronaux, réunis au sein de la Confédération générale de la production française (CGPF), sollicitent le gouvernement encore en formation pour trouver une sortie de crise. Une première négociation a lieu dans la nuit du 4 au 5 juin. En médiateur, Blum constate que le patronat est prêt à céder sans faire de l’évacuation des usines un préalable. C’est ainsi que lors de son investiture le 6 juin, Blum promet la mise en place rapide des 40 heures, des congés payés et des conventions collectives. Le lendemain dès 15 heures, les négociations s’engagent à Matignon entre la CGPF, la CGT et l’État, marquant une première dans l’histoire politique française. Le 8 au petit matin, les accords sont officialisés : le patronat accepte une augmentation des salaires et « l’établissement immédiat de contrats collectifs de travail », définis dans une loi votée quelques jours plus tard. Ne figurent pas dans le texte les 40 heures et les congés payés, qui ne sont en fait pas discutés : ces mesures relevant uniquement de la loi, les patrons devront s’y plier.
La suite des événements le montre : quand le Front populaire se délite au sommet de l’État, les mesures s’en trouvent fragilisées. Dès février 1937, Léon Blum annonce une « pause » dans la réalisation des mesures sociales. La question de l’intervention française en Espagne pour défendre le gouvernement républicain contre les franquistes, refusée par Blum contre l’avis des communistes, fragilise encore un peu plus la coalition. En juin, Blum est contraint à la démission et en avril 1938, c’est le radical Édouard Daladier qui s’installe au pouvoir. Quelques mois plus tard, le nouveau président du Conseil affirme dans un discours radiodiffusé qu’il faut « remettre la France au travail » par un « aménagement » de la loi des 40 heures. Comprenez, permettre légalement aux entreprises de disposer des heures supplémentaires qu’elles estiment nécessaires, tout en majorant faiblement les taux de rémunération. En novembre 1938, le ministre des Finances Paul Reynaud se charge de publier les décrets-lois et déclare « finie la semaine des deux dimanches ». Les grèves qui s’ensuivent sont durement réprimées : alors que le gouvernement mobilise préfets et forces de l’ordre, le patronat licencie massivement les grévistes. La rupture est consommée, le Front populaire n’est plus.
Les avancées sociales de 1936 s’enracinent dans la société française. Le Front populaire ouvre en fait une séquence historique plus longue. Celle-ci trouve son aboutissement dans le programme du Conseil national de la Résistance, mis en œuvre après la Libération.
« L’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale », « le droit au travail et le droit au repos », « la sécurité de l’emploi » ou « la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine » sont autant de principes s’inscrivant pleinement dans l’expérience du Front populaire.
En ce qui me concerne, je me vois très, très mal soutenir le magma "Front Populaire", avec comme étendard Gluskman, et son porte drapeau Berger et son futur premier ministre Hollande.
Macron issu du PS dont les candidats sont ouvertement pro guerre et pour une Europe Fédérale, la levée de fonds pour soutenir l’armée ukrainienne,… que ceux-là même qui constitueront le Front Populaire en question sont favorables à la guerre contre la Russie ou la cautionnent.
Cette réalité s’inscrit dans une longue tradition de la social-démocratie française dont la répression des mouvements populaires et de revendication ne sont pas absents : lois Travail, refus de revenir sur les réformes des retraites votées par la droite, guerres impérialistes, privatisations massives, protection des nazis et collabos dans les années 80, soutien à la destruction de l’URSS, casse des services publics, mise sous tutelle de la sécurité sociale.
Croyez-vous sincèrement que ces alliés ont quelque chose à voir ne serait-ce qu’avec une idée de la gauche ?
Sont-ils de ceux qui ont favorisé ou empêché l’installation de l’épouvantail RN ?
Ce Front Populaire quel en est son contenu social et de classe réel ?
Demain comme aujourd’hui il faudra dans un budget de la nation arbitrer entre le progrès social et la guerre contre la Russie souhaitée directe par Place Publique ou juste en apport en munition par les autres composantes.
La totalité des candidats ont exprimé la volonté de lancer une production militaire au niveau européen, soit une Europe de la Défense que la CGT a jadis toujours combattu . Manon Aubry comme Glucksman sont très clair et en accord sur ce point.
Ce sera le prolongement de la guerre par les armes produites avec un outils de production du CMI modernisé et mutualisé l’argent des hôpitaux ira au SCAF et autres chars de combats européen .
A relire l'histoire, l'extrême droite a toujours été du côté du Capital. Quant à la droite, c'est son commis indéfectible depuis la révolution dite industrielle. Il n'en reste pas moins, qu'avec un ex-gérant d'une grande banque d'affaires mis en place par Hollande et réélu à l'Elysée, la dissolution de l'Assemblée nationale n'est surtout pas un coup de folie de quelqu'un de désespéré. La droite ou son extrême, dans le gouvernement dont il adoube les ministres, lui permet de gérer toujours loyalement le business du Capital.
Le Rassemblement National, gagnant les élections avec ses alliés et formant un nouveau gouvernement pourrait rapidement prendre des mesures impopulaires sur lesquels d’autres forces politiques seraient en difficultés : liquidation de la sécurité sociale, augmentation du temps de travail, réarmement massif, reprise en main des médias, de l’enseignement et de la culture, attaques contre les syndicats et le droit de grève, privatisations massives (SNCF, EdF, Education, Universités …). C’est pourquoi il constitue aujourd’hui vraisemblablement le meilleur outil politique au service de la grande bourgeoisie (qui en garde néanmoins d’autres en réserve, comme toujours : Macron reste président avec tous les pouvoirs exorbitants de la 5ème République, dont l’article 16).
Se rassembler contre le FN / RN est quelque chose que nous avons su faire à plusieurs reprises. Il est encore temps de le faire, même si les chances de réussir cette fois sont – soyons lucides – très faibles. Mais deux choses sont claires : d’abord, si nous avons su nous rassembler contre le FN, nous n’avons jamais réussi à trouver le moyen de l’empêcher de progresser sur le moyen terme, pas plus que nous avons su établir un pouvoir capable d’obtenir et de conserver un large et solide assentiment populaire. La gauche a pourtant été au pouvoir 20 ans depuis 1981, donc 20 ans en 43 ans. Elle a chaque fois été rapidement impopulaire, pour perdre le pouvoir au bout de 5 ans, avec un FN / RN toujours plus haut. Chaque échec rend la situation nouvelle plus difficile. Nous ne pouvons plus aujourd’hui, avec une extrême-droite à près de 40 %, en train de s’élargir à droite, rééditer ce genre d’échec.
Mais qui a cassé l’échelle mobile des salaires si ce n’est Mitterrand et son ministre des Finances Delors en 1982 !
De ce point de vue, force est de constater que nous n’avons pas correctement tiré le bilan de la NUPES, puisque, 3 ans plus tard et après avoir longuement expliqué que la NUPES était morte, nous revoilà placés exactement dans les mêmes conditions, avec la même (voire pire) pression de l’urgence, en train de recréer une alliance similaire. La succession des étiquettes (« Jours Heureux », puis « NUPES », puis « la NUPES est morte », puis « Gauche Unie pour le Monde du Travail » et aujourd’hui « Front populaire » dénote une inconstance qui ne peut susciter ni confiance ni engagement. Le fait d’invoquer aujourd’hui le “Front Populaire” n’améliore rie. Cela ajoute à la confusion et place la barre encore plus haut (en tous cas dans l’opinion publique ; en réalité, faut-il le rappeler, si le Front Populaire avait bien commencé avec des conquêtes sociales sous la pression de la grève générale, il s’est très très mal terminé, puisque c’est la même chambre de 1936 qui a voté d’abord l’exclusion des députés communistes puis les pleins pouvoirs à Pétain).
J’insiste : nous ne pouvons pas nous permettre aujourd’hui de rééditer ce genre d’expérience de court terme, de calculs tactiques prétendument “imposés”, ces “on n’a pas d’autre choix”. Nous devons “réussir”, mais réussir, ça commence par être clairvoyant et sincère sur ce qu’on est réellement capable de faire et de cesser de se payer de mots et de phrases faciles. Oui, nous allons devoir combattre le fascisme et la guerre. Nous pourrons certainement vaincre comme la génération des années 30 et 40 l’a fait. Mais nous n’avons plus guère de chances d’éviter ce combat.
Toute la gauche soutient Zelensky, c’est-à-dire la poursuite de la guerre pour l’OTAN y compris au nom de la paix, puisqu’il est hors de question pour Kiev de négocier aucun plan de paix, ni brésilien ni chinois.
Différent aussi de la NUPES puisque ce « front populaire » a commencé par une série d’exclusions. Raphaël Glucksmann : « Il n’y a pas eu et il n’y aura pas d’accord avec LFI. Place publique a signé un texte comme quoi la totalité des partis de gauche ferait le maximum pour lutter contre l’extrême droite. Mais ce n’est pas aux dépens de nos principes fondamentaux. On a posé des conditions, s’ils ne sont pas d’accord, on ne fera pas partie de ce truc ». Sur le plan social Glucksmann a imposé la CFDT et sur le plan international le soutien à l’OTAN.
Guerre en Ukraine : quand les eurodéputés LFI votent une résolution pro-OTAN
Le 1er mars 2022, le parlement européen adoptait une résolution pour la livraison d'armes à l'Ukraine, le renforcement de l'OTAN en Europe de l'Est, et davantage de sanctions contre la Russie. Un texte cosigné par Manon Aubry et voté à l'unanimité par les euro-députés LFI (les six euro-députés La France Insoumise (Manon Aubry, Anne-Sophie Pelletier, Emmanuel Maurel, Leïla Chaibi, Manuel Bompard et Younous Omarjee) de voter unanimement pour cette résolution).
« A l’issue d’un discours prononcé par le président ukrainien Volodymyr Zelenski cinq jours après le début de l’agression menée par le régime de Vladimir Poutine, les parlementaires européens ont voté une résolution demandant entre autre « la fourniture d’armes défensives à l’Ukraine », « le renforcement de la présence avancée rehaussée l’OTAN dans les États membres de l’Union européenne géographiquement les plus proches de l’agresseur russe » ainsi que « des sanctions sévères supplémentaires » contre la Russie ». Adopté à une très large majorité – 637 voix pour – le texte a bénéficié du soutien du président du Conseil européen Charles Michels et de la Commission européenne Ursula Von Leyen.
Cela illustre que pour LFI la cohérence entre ses positions nationales et européennes est parfaitement secondaire : ce qui compte, c’est en réalité surtout de ne pas se fâcher avec les institutions européennes, là où pourtant une dénonciation de l’OTAN et de la guerre aurait pu avoir un certain écho. Une déclinaison « sur le terrain » de la « la diplomatie » prônée par LFI qui se couche donc à la première occasion au Parlement Européen.
Ce positionnement à géométrie variable illustre la « realpolitik » de Jean-Luc Mélenchon. Elle s’est aussi illustrée à l’échelle de la politique nationale comme l’illustre la proposition de soutien politique à 10 députés « va-t-en-guerre » EELV pour les prochaines législatives.
Toute la gauche soutient Zelensky, c’est-à-dire la poursuite de la guerre pour l’OTAN y compris au nom de la paix, puisqu’il est hors de question pour Kiev de négocier aucun plan de paix, ni brésilien ni chinois.
Différent aussi de la NUPES puisque ce « front populaire » a commencé par une série d’exclusions. Raphaël Glucksmann : « Il n’y a pas eu et il n’y aura pas d’accord avec LFI. Place publique a signé un texte comme quoi la totalité des partis de gauche ferait le maximum pour lutter contre l’extrême droite. Mais ce n’est pas aux dépens de nos principes fondamentaux. On a posé des conditions, s’ils ne sont pas d’accord, on ne fera pas partie de ce truc ». Sur le plan social Glucksmann a imposé la CFDT et sur le plan international le soutien à l’OTAN.
A rebours de la stratégie « diplomatique », face à la guerre, nous pensons la seule issue progressiste pour le peuple ukrainien ne peut qu’émerger que s’il se dote d’une politique indépendante de l’OTAN qui, en tant qu’alliance impérialiste, n’a jamais permis à aucun peuple d’accéder à une indépendance véritable. Une politique indépendante qui, combiné à un vaste mouvement de mobilisations populaires en Russie contre le régime de Poutine, et dans le monde pourrait ouvrir la voie à la seule issue progressiste pour le peuple ukrainien : un pas en avant vers l’autodétermination.
Les législatives ne sont pas pour moi une priorité. Pour la simple raison que les carottes sont déjà cuites et rien n’arrêtera le fascisme par les votes.
Celui-ci est déjà en cours avec Macron et se poursuivra avec Le Pen.
Le peuple de gauche se réveille en sursaut pour faire face à la situation créée par Macron et s’unit en catastrophe bien qu’il soit en désaccord sur beaucoup de choses et se prend même à rêver d’une divine surprise comparable à celle provoquée par la dissolution chiraquienne de 1997, qui permit la formation du gouvernent de Jospin de la « gauche plurielle » qui suscita quelques espoirs mais qui consomma la trahison de la classe ouvrière en privatisant la Poste, Air France, France Télécom, et en bombardant la Yougoslavie.
Donc le peuple de gauche s’il en est affecté n’est pas réellement scandalisé et poussé à l’action, y compris aux manifestations radicales, ni par la casse de la Sécu et du système de santé public, ni par la réforme des retraites, ni par celle de l’assurance chômage, ni par la destruction du code du travail, ni par les directives européennes de mise en concurrence et de casse des services publics, ni par les menaces de guerre mondiale, qui proviennent pour le moment non du RN mais de Macron. Pour être juste, ses représentants politiques et surtout syndicaux protestent parfois énergiquement contre tout cela – sauf contre la guerre, mais lui-même dans les rangs ne se sent pas essentiellement atteint ni poussé à l’action, et son opposition à toutes ces mesures et toutes ces menaces reste verbale – certes il n’est pas le seul dans ce cas, mais lui il fait profession d’agir contre le capitalisme et son monde ce qui n’est pas le cas des autres victimes de la casse sociale – les Gilets Jaunes par exemple.
Ce « front populaire » où le PS, soutenu par Roussel, se montre déjà en fer de lance, n’a rien de bon. Avec la crapule de Glucksmann et avec les tentatives en cours montrent bien que le système est en train de nous faire de la comédie. Son seul but étant de continuer à gérer et à endormir les masses pour mieux les écraser en leur faisant croire qu’il est possible de vaincre.
Nous sommes donc devant cette union de la gauche nouvelle formule. J’admire d’ailleurs le sens des formules chez certains, union de la gauche, gauche plurielle, front de gauche, union des gauches, NUPES, puis retour à la racine, le front populaire... que le PCF de l’époque avait décidé de ne pas intégrer d’ailleurs et avec juste raison quand on a vu son évolution en quelques années. Ce fut ce parti avec un soutien critique qu’il exprima, en ne rentrant pas au gouvernement. Toutes proportions gardées, en particulier celle des effectifs, nous pourrions dire que nous sommes dans la même situation. Si les grèves de 36 ont elle donné du sens à l’expression.
Si le « nouveau Front Populaire » affiche des propositions favorables au monde du travail, l’annonce d’un SMIC à 1500€, quand on sait qu’il va être, par le jeu de l’augmentation automatique à peu près à 1450€ au 1er juillet, donne à elle seule la mesure des limites, celle des salaires et des pensions et leurs indexations sur l’inflation ou encore l’abrogation de loi de la retraite à 64 ans, on est interpellé par plusieurs propositions qui, si elles aboutissaient, porteraient un coup mortel à ce qui reste de notre indépendance nationale et de notre souveraineté et bien sûr annihileraient tout combat pour la sortie de la France de L’UE, condition absolument nécessaire, même si insuffisante, pour un retour à la prospérité et au progrès social véritable.
OUI, ATTENTION CAR LE DIABLE SE CACHE DANS LES DÉTAILS !
Voyons le texte qui parle de « soutien aux progrès de la construction européenne » et « d’Europe de la défense », autrement dit, d’un soutien à la construction d’une Europe fédérale sous domination de l’OTAN et par voie de conséquence la perte du siège de la France, devenu état fédéré, à l’ONU !!!
Par ailleurs, le texte ne fait aucune référence au combat pour la paix en Ukraine mais, au contraire, pousse à l’escalade militaire !!!
ON PEUT ÊTRE UN OPPOSANT SANS FAILLE AU RN ET S’INQUIÉTER DU PROGRAMME DE CEUX QUI PRÉTENDENT S’Y OPPOSER EFFICACEMENT.
La gauche républicaine, et la gauche émeutière de nouveau, évoquent dans leurs discours hyperboliques des principes et des idées universelles, et qui en tant que telles peuvent en effet être partagées par tous. Mais sociologiquement et politiquement elles expriment et représentent des secteurs de la bourgeoisie parce qu'elles esquivent la question politique et économique centrale qui est l’exploitation des travailleurs. La gauche révolutionnaire représente le prolétariat et les peuples opprimés par l’impérialisme. Et ces idées ne peuvent donc pas, par définition, être partagées par les exploiteurs, ni par les néocolonialistes. De mon point de vue cette gauche-là, la gauche de la lutte des classes, est la seule véritable. Les autres "gauches" sont des variétés plus ou moins assumées du libéralisme politique. Ce sont des "droites" dissimulées.
Cette différence de fond n’empêche pas les alliances, notamment les alliances antifascistes dont le but est la simple survie des alliés, parce qu’au bout du bout le but et le concept du fascisme, c’est de tuer les gens de gauche (et les juifs, suspectés de l’être tous peu ou prou). Mais cette alliance se justifie rarement dans les faits. J’entends le mantra « le fascisme revient » depuis que je suis né, et je pense qu’il ne reviendra pas avant que ne reviennent les conditions de son apparition, à savoir une révolution socialiste, menace existentielle pour la bourgeoisie qui doit l'endiguer par tous les moyens et la détruire par la terreur et par la guerre. Ou s'il revient, comme le prévoyait Pasolini dès 1968, et aussi Fidel dans les années 1990, ce sera sous le masque de l'inverse, l'antifascisme.
Depuis que la Chine remet en cause la domination cinq fois séculaire de l’Occident sur le monde on constate effectivement une certaine « fascisation » dans notre continent, et en Amérique du Nord ; mais les représentants de l’extrême-droite ne sont pas les seuls à y participer, ni les plus dangereux. Et quant à ceux-ci, la guerre d'Ukraine où les nostalgiques de Bandera gouvernent montre aussi que les vrais nazis décomplexés et les libéraux pro-OTAN se sont étroitement associés en Occident et notamment dans l'Union Européenne qui voudrait bien contre la Russie actuelle reprendre le cours de l'Opération Barberousse lancée contre l'Union Soviétique par le IIIème Reich en 1941.
Gérard DEL MASCHIO
Syndicaliste, auteur de l'ouvrage « L'ÉTERNEL COMBAT »
Pour vous procurez l’ouvrage, vous pouvez écrire à au blog d’El Diablo qui vous mettra en contact avec l'auteur