UN SOIGNANT NE PEUT PAS VOTER RN – Le Billet d’Humeur de Christophe Prudhomme
Le code de déontologie des médecins indique : « Le médecin doit écouter, examiner, conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les personnes quels que soient leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard ». Dans le code de déontologie des infirmiers, il est même ajouté « ou leur situation vis-à-vis du système de protection sociale ». Ces règles que doivent respecter les soignants au risque de sanctions disciplinaires s’opposent clairement au programme politique du RN qui souhaite exclure les patients d’origine immigrée – qu’ils soient en situation régulière ou irrégulière – d’un certain nombre de prestations sociales, notamment dans le domaine de la santé. Chaque soignant doit alors s’interroger sur la contradiction entre les valeurs humanistes qui fondent la médecine depuis toujours et le soutien à un parti qui prône l’exclusion sur des critères ethniques et religieux. Il apparaît en effet difficile de dissocier les sentiments éprouvés à l’égard de ces patients lors de leur prise en charge et de la mise de son bulletin dans l’urne. Cette ambivalence, c’est-à-dire ce comportement contradictoire, confinerait au pathologique !
Plusieurs autres arguments peuvent être mis en avant. Ceux qui concernent la santé publique où l’exclusion d’une partie de la population de l’accès aux soins a un retentissement sur l’état de santé de l’ensemble de la population. C’est particulièrement évident pour les maladies infectieuses dont la problématique risque de devenir de plus en plus menaçante dans les années à venir. Une autre question qui préoccupe les soignants car il en va de leurs rémunérations et de leurs conditions de travail, est celle du financement du système de santé. Alors que le RN nous serine depuis des années le mensonge sur la responsabilité des immigrés dans le déficit de la Sécurité sociale, car ils profiteraient honteusement des largesses du système, les chiffres lui donnent tort. En effet le rapport de l’OCDE sur les « Perspectives des migrations internationales 2021 » précise que les dépenses publiques consacrées aux immigrés sont plus fortes concernant la famille, le chômage, l’exclusion sociale et le logement mais qu’elles sont plus faibles pour les pensions de vieillesse, la maladie, l’invalidité, l’éducation et la santé. L’OCDE conclut que la contribution budgétaire nette en France des personnes nées à l’étranger est excédentaire. Enfin, il est apporté deux autres éléments financiers importants. D’une part, de nombreux immigrés à la retraite repartent chez eux et allègent ainsi les dépenses de santé en France. D’autre part, dans un pays vieillissant, l’arrivée d’une main d’œuvre étrangère qui n’aura rien coûté en frais d’éducation, contribuera à améliorer le rapport entre actifs et inactifs donc à alléger les comptes sociaux. Conclusion : face aux arguments de déontologie, de santé publique et de financement, il n’y a aucune raison pour les soignants de voter RN.
Docteur Christophe Prudhomme
Praticien hospitalier -SAMU 93
Source : Facebook