1936-2024 : FASCISME AUTORISÉ, FASCISME INTERDIT
Nouvelle contribution de Benoît Girard. Nous n’analysons pas le réel à partir du même endroit, il est girardien, je suis marxiste. Chacun constatera que cela n’empêche pas les convergences.
Régis de Castelnau
Dans la France de 2024, plutôt que de s’abîmer les yeux à distinguer la limite entre le fascisme et l’antifascisme, il vaudrait mieux s’interroger sur ce qui sépare encore le fascisme autorisé et le fascisme interdit.
« Fascisme autorisé » : celui d’un Nicolas Metzdorf, macroniste calédonien dit « loyaliste », qui déclarait tranquillement ce 24 juillet sur Sud Radio que la France en Outre Mer « n’avait pas l’ambition de ses moyens », c’est-à-dire qu’elle faisait preuve d’une mollesse coupable quand il s’agissait de donner l’ordre à la Légion de tirer dans la foule.
« Fascisme interdit » : celui des « prolos » à casquette nazie qu’un certain parti prétendument « patriote » s’obstine à présenter d’élections en élections en feignant à chaque fois la surprise, et qui n’est qu’une tentative des catégories déclassées pour s’approprier les codes culturels du fascisme autorisé. Dénoncer ce fascisme-là ne relève même plus de la morale mais du pur snobisme, de la chasse à la « faute de goût », à la « mouche dans le lait ».
Nous voici en pleine séquence mythologique, au sens le plus girardien du terme : le fascisme autorisé, c’est celui qui peut se donner libre cours aussi longtemps qu’il est interdit de désigner comme tel ; le fascisme interdit, c’est celui dont la désignation horrifiée préserve la bonne conscience collective et fait tenir debout tout l’édifice social (les fameuses « valeurs de la République » promues par les charlistes).
Ce constat n’a rien de cynique puisque le seul fait de nommer le processus, loin de nous enfermer à l’intérieur, nous libère de ses filets indémêlables et nous offre la clé performative d’un autre possible, d’une émancipation au-delà du ressentiment.
Deux remarques :
1) C’est avec le fascisme autorisé et ses donneurs d’ordre oligarchiques (la très « républicaine » Ursula von der Leyen) que les « islamo-gauchistes » de LFI se sont alliés pour opposer un « barrage » au « fascisme interdit ». Dont elle s’étonne ensuite qu’il lui lie les mains au bloc central. Et qui la contraint finalement à dénicher, en vue d’occuper Matignon, la pire déclinaison de sociaux-traîtres et de hauts-fonctionnaires transparents qu’on n’ait jamais vus depuis François Hollande et sa « guerre contre la finance » terminée en « Sedan du socialisme ».
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