La DISCIPLINE COMMUNISTE, le centralisme démocratique, grandeurs et servitudes – Par Gilles Questiaux
La culture de la discipline dans les partis communistes historiques issus du Komintern aligné sur l’URSS (1919 - 1943), ses vertus et ses limites.
La culture politique des partis communistes reposait sur la notion de centralisme démocratique. En théorie, il s’agissait de discuter de la ligne démocratiquement, et d’appliquer ensuite avec discipline, qu’on eût soutenu ou non la ligne choisie au cours de la discussion.
La pratique réelle, constante et souvent très efficace dans ces organisations pendant longtemps fut assez différente de cela. En fait de débat démocratique, il y avait plutôt dans le parti français, au cours des années 1960 et 1970, une discussion organisée à partir d’un rapport d’orientation fourni par la direction et dont le but était d’instruire la base, et de lui faire adhérer intellectuellement et émotionnellement aux objectifs et à la stratégie fixées par le bureau politique, lui-même suivant au cas échéant des orientations fixées par le Bureau Politique du Parti communiste de l’URSS. Ainsi l’a-t-on vu lors de la querelle russo-chinoise, qui causa l'exclusion du courant marxiste-léniniste (maoïste).
Remettre en question ce rapport était très mal vu et la confiance envers les voix dissidentes ne revenait pas facilement, et seulement quand d’autres problèmes et d’autres discussions survenues ensuite avait fait oublier le désaccord initial et donnait l’occasion au dissident de faire amende honorable en prenant partie contre la dissidence suivante. D’où une atmosphère souvent vécue comme étouffante par des intellectuels qui étaient pourtant fortement attirés par l’engagement dans un parti ouvrier qui leur apparaissait et qui était véritablement alors le seul instrument politique réellement existant pour changer le monde.
Les militants de base des partis historiques de la IIIème Internationale au moment de leur apogée (1930 – 1970) étaient des ouvriers ou des paysans dont la scolarité s’était terminée au certificat d’étude primaire et qui étaient en demande ardente de formation et de culture, et qui faisaient confiance totalement aux dirigeants de ces partis qu’ils avaient choisi d’intégrer en assumant les risques de la répression, considérables à l’époque ; sauf parfois dans les domaines précis où leur expérience du travail ou de la lutte sur le terrain pouvait contredire les consignes d’en haut.
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