MOYEN-ORIENT : après l'assassinat du leader du HAMAS , le risque d'une escalade incontrôlable
Assassinats ciblés à Beyrouth et Téhéran: à travers le Moyen-Orient, les condamnations pleuvent contre Israël
L'assassinat d'Ismaël Haniyeh dans la capitale iranienne a été condamné par les mouvements de «l'axe de la résistance» et par plusieurs pays dont la Turquie, l'Iran, le Qatar et la Syrie. Le Hamas promet que cet acte «ne restera pas sans réponse».
A l'unisson, «l'axe de la résistance» a condamné la frappe sur Beyrouth ciblant le chef militaire du Hezbollah Fouad Chokor et l'assassinat du chef du bureau politique du Hamas Ismaël Haniyeh dans la capitale iranienne.
Le Hamas a vivement réagi en condamnant l'assassinat et en promettant que cet acte «ne restera pas sans réponse». L'Iran, qui accueillait le chef du bureau politique du Hamas, a réagi par l'intermédiaire du porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, en déclarant que le sang du chef du Hamas assassiné, Ismail Haniyeh, «ne sera jamais gaspillé» et que sa mort allait «renforcer le lien profond et indéfectible entre Téhéran, la Palestine et la résistance», selon des propos relayés par Irna.
De son côté, le Hezbollah a rendu hommage dans un communiqué à Ismaïl Haniyeh, présentant ses condoléances «au peuple palestinien». Haniyeh «faisait partie des grands dirigeants de la résistance de notre époque, qui ont affronté avec courage le projet d'hégémonie américaine et l'occupation sioniste», a ajouté le parti chiite, estimant que son «martyr renforcera la détermination» de l'axe.
Selon Damas, cet assassinat menace d'«embraser toute la région»
L'autre parti gazaoui, le Jihad islamique dont le leader Ziad al-Nakhala était également à Téhéran pour l'investiture du nouveau président iranien Massoud Pezechkian, a également publié un communiqué dans lequel il a déclaré que «l’assassinat coupable perpétré par l’ennemi criminel contre un symbole de la résistance ne dissuadera pas notre peuple de poursuivre la résistance pour mettre fin au crime sioniste qui a dépassé toutes les limites».
Au Yémen, le mouvement Ansar Allah a également réagi par l'intermédiaire de Muhammad Ali Al-Houthi, un des leader des Houthis, qui a déclaré sur la plateforme X que l'assassinat d'Ismaël Haniyeh était un «crime terroriste odieux».
Erdogan condamne un «assassinat perfide»
Pourtant opposé sur le plan politique palestinien, le Fatah de Mahmoud Abbas a condamné l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh et appelé le peuple palestinien à «s'unir». Dénonçant un «crime odieux et lâche», le parti du chef de l'Autorité palestinienne a estimé qu'il «ne parviendra pas à briser la volonté de notre peuple de réaliser ses droits nationaux à la liberté et à l'indépendance».
La Jordanie, le Qatar, la Turquie et la Syrie ont également condamné l'assassinat du chef du bureau politique du Hamas. Cet assassinat pourrait «embraser toute la région», a même déclaré Damas.
Le Qatar interroge sur le processus de paix pour Gaza
«Les assassinats politiques et le fait que des civils continuent d'être pris pour cible à Gaza, nous amènent à nous demander comment une médiation peut réussir lorsqu'une partie assassine le négociateur de l'autre partie», a regretté sur X le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani. «La paix a besoin de partenaires sérieux», a-t-il souligné.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné «l'assassinat perfide» de son «frère». «Que Dieu ait pitié de mon frère Ismaïl Haniyeh, tombé en martyr à la suite de cette odieuse attaque», a-t-il écrit sur X, dénonçant «la barbarie sioniste».
Pékin et Moscou s'inquiètent d'une escalade
La Chine et la Russie ont aussi dénoncé cette frappe. «C'est un assassinat politique tout à fait inacceptable, et cela va aboutir à une nouvelle escalade des tensions», a déclaré l'un des vice-ministres russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, à RIA Novosti. «Tout cela est très mauvais», a-t-il ajouté.
«Nous sommes très préoccupés par cet incident, nous nous opposons vigoureusement à cet assassinat et le condamnons», a estimé la diplomatie chinoise.
Plusieurs pays et mouvements ont aussi réagi à la frappe israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth, en plein cœur du fief du Hezbollah. Pour l'heure, le parti chiite n'a toujours pas commenté la frappe et n'a pas confirmé la mort de son chef militaire Fouad Chokor, accusé par Tsahal d'être responsable de l'attaque à la roquette sur le plateau du Golan occupé par Israël ayant tué 12 enfants druzes la semaine passée.
La Syrie a néanmoins, par l'intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, «condamné l’agression israélienne flagrante qui a visé hier soir un immeuble résidentiel dans le faubourg sud de Beyrouth, et exprimé sa solidarité avec le Liban et son soutien au peuple libanais frère face à cette agression brutale».
De son côté, Téhéran a affirmé que la frappe israélienne était «une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Liban et de toutes les lois internationales», soulignant que l’occupation porte « la responsabilité de l’expansion de la crise et des tensions dans la région». Les autres mouvements de «l'axe de la résistance» ont également condamné cette frappe sur la capitale libanaise.
PT
Quel avenir pour le Hamas après l'assassinat d'Haniyeh à Téhéran ?
L'assassinat d'Ismaïl Haniyeh à Téhéran laisse planer plusieurs interrogations.
Quel en sera l'impact sur la stratégie du mouvement et la poursuite des négociations?
Quid de la réponse iranienne alors que la frappe a eu lieu en plein cœur de sa capitale ?
Ce qui devait arriver arriva. En novembre dernier, Benjamin Netanyahou avait ordonné au Mossad d'éliminer les chefs du Hamas «partout où ils se trouvent». Le leader politique du Hamas a été assassiné par un drone dans la capitale iranienne dans la nuit du 30 au 31 juillet. Cette perte pour le mouvement islamiste gazaoui entraînera-t-elle de profonds changements à l'échelle régionale ?
Les médias iraniens l’ont annoncé peu avant 6 heures du matin, et le Hamas l’a rapidement confirmé. Le chef de la branche politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a été tué avec un de ses gardes du corps dans une frappe imputée à Israël à Téhéran, où il venait de rencontrer le guide suprême Ali Khamenei et d’assister à la cérémonie d'investiture du nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian. Cet assassinat paraît être un message clair adressé à «l'axe de la résistance» piloté par Téhéran.
L'assassinat du chef du bureau politique du Hamas est un coup dur pour les négociations en vue d'un cessez-le-feu et de la libération des otages encore aux mains du groupe armé palestinien. En effet, Ismaïl Haniyeh, à la tête du bureau politique depuis 2017, était chargé de diriger les négociations avec les pays médiateurs, notamment l'Égypte et le Qatar, et multipliait les déplacements à Ankara et Téhéran pour s'assurer du soutien envers le groupe islamiste palestinien.
«Comment une médiation peut réussir lorsqu'une partie assassine le négociateur ?»
Doha, par l'intermédiaire du chef de sa diplomatie, s'est interrogé sur l'opportunité de poursuivre la médiation entre Israël et le Hamas. Sur X, le cheikh Mohammed ben Abdelrahman a déclaré que «les assassinats politiques et le fait que des civils continuent d'être pris pour cible à Gaza nous amènent à nous demander comment une médiation peut réussir lorsqu'une partie assassine le négociateur de l'autre partie».
Mais le véritable homme de l'ombre du parti gazaoui est Yahya Sinwar qui est toujours dans l'enclave palestinienne. D'ailleurs, un responsable et ancien porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, a déclaré que l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh représentait «une grave escalade, qui n’atteindra pas ses objectifs», rapporte L'Orient-Le Jour.
L'Iran promet de répondre
La question sous-jacente est également de savoir si l'Iran, pays hôte d'Ismaël Haniyeh, va répondre. Ce n'est pas la première fois que Téhéran est frappé directement. En 2022, un haut gradé du Corps des gardiens de la révolution a été tué dans sa voiture en plein Téhéran, et avant lui Mohsen Fakhrizadeh, un responsable scientifique du programme nucléaire iranien, deux ans plus tôt.
Mais l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh intervient surtout dans un contexte de montée des tensions entre l'Iran et Israël. En réponse à une frappe sur son annexe consulaire à Damas ayant tué un haut responsable des pasdaran, Mohammad Reza Zahedi, Téhéran avait envoyé le 13 avril plus de 300 projectiles contre Israël, pour la plupart interceptés. L'effort diplomatique de nombreux pays avait finalement calmé la situation qui risquait d'entraîner la région dans une escalade incontrôlable.
D'après des informations du New York Times, peu de temps après l'assassinat d'Ismaël Haniyeh, l'Iran a tenu une réunion d'urgence de son Conseil suprême de sécurité nationale à la résidence du guide suprême, en présence du commandant des forces Al-Qods, un événement qui se produit dans des circonstances extraordinaires.
«Avec cet acte, le régime sioniste criminel et terroriste a préparé le terrain à un châtiment sévère pour lui-même, et nous considérons qu'il est de notre devoir de venger le sang (de Haniyeh) qui a été versé sur le territoire de la République islamique d'Iran», a-t-il encore déclaré dans un communiqué publié par l'agence de presse officielle Irna.
PT
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