DE QUOI SAHRA WAGENKNECHT EST-ELLE LE NOM ? Une nouvelle « gauche conservatrice » bouscule le jeu politique allemand
Les trois scrutins régionaux qui se tiennent ce mois-ci en ex-Allemagne de l’Est (Thuringe, Saxe et Brandebourg) ne ratifieront pas seulement la forte implantation de l’extrême droite. L’Alliance Sahra Wagenknecht, un parti de gauche créé en janvier dernier, y met à l’épreuve une ligne originale : progressiste sur le social et l’économie, conservatrice sur les questions socioculturelles.
Par Pierre Rimbert et Peter Wahl
La gauche ? Quelle gauche ? En Allemagne, un parti propose depuis janvier dernier une réponse à cette vieille question : l’Alliance Sahra Wagenknecht pour la raison et la justice (BSW). L’ancienne dirigeante de Die Linke (La Gauche) a finalement réglé par la scission le conflit d’orientation qui empoisonnait ce parti depuis des années. La nouvelle formation ampute Die Linke d’une dizaine de députés et défraie la chronique. Ancienne militante communiste, intellectuelle brillante, très populaire à l’Est, où elle est née, Mme Wagenknecht peut enfin donner corps à la ligne qu’elle incarne. Celle d’une « gauche conservatrice » qui prendrait le contrepied de l’électorat progressiste, urbain et diplômé des Verts : à gauche sur le plan social, conservatrice sur les questions de société et d’immigration, favorable à une forme de souverainisme au sein de l’Union européenne, critique de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) et du nouveau bellicisme allemand, intransigeante sur la défense de la liberté d’expression. Un projet porté par un « vrai parti populaire » capable, espère-t-elle, de « s’adresser à la majorité » et de détourner de l’extrême droite les perdants de la mondialisation.
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