L'évolution révolutionnaire de JAURÈS est-elle un réformisme ?
Jaurès, souvent convoqué, peu compris, est mort assassiné il y a 110 ans par le nationaliste Raoul Villain. Rétif à la violence, face à la « révolution prolétarienne » de Marx, Jaurès plaide pour une « évolution révolutionnaire ». Cela fait-il de lui un social-démocrate, un réformiste, un partisan de la politique « des petits pas » ?
Jaurès débute son premier édito de son nouveau journal l’Humanité ainsi : « Le nom même de ce journal, en son ampleur, marque exactement ce que notre parti se propose. C’est, en effet, à la réalisation de l’humanité que travaillent tous les socialistes. L’humanité n’existe point encore ou elle existe à peine. À l’intérieur de chaque nation, elle est compromise et comme brisée par l’antagonisme des classes, par l’inévitable lutte de l’oligarchie capitaliste et du prolétariat. Seul le socialisme, en absorbant toutes les classes dans la propriété commune des moyens de travail, résoudra cet antagonisme et fera de chaque nation, enfin réconciliée avec elle-même, une parcelle d’humanité. De nations à nations, c’est un régime barbare de défiance, de ruse, de haine, de violence qui prévaut encore. Même quand elles semblent à l’état de paix, elles portent la trace des guerres d’hier, l’inquiétude des guerres de demain : et comment donner le beau nom d’humanité à ce chaos de nations hostiles et blessées, à cet amas de lambeaux sanglants ? Le sublime effort du prolétariat international, c’est de réconcilier tous les peuples par l’universelle justice sociale. »
On comprend avec ces quelques lignes que Jaurès place le mouvement socialiste, le prolétariat international, du côté de la Justice, qui a pour rôle historique de mettre fin à la violence de la société. Pourtant, l’idée même de la Révolution implique celle de la violence.
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