Voilà pourquoi les USA se comportent comme un acteur sans foi ni loi sur la scène internationale
Par Timofey Bordachev
Washington et ses alliés de Londres jouent selon leurs propres règles.
Au cours des dernières semaines, les médias se sont concentrés sur le spectacle de la campagne électorale présidentielle américaine. Le débat désastreux du président sortant Joe Biden avec son adversaire du parti républicain, Donald Trump, puis la survie miraculeuse de ce dernier à une tentative d’assassinat, le choix du colistier de Trump et, enfin, le changement de candidat des démocrates au pouvoir. Finalement, la vice-présidente Kamala Harris – qui n’a pas encore fait ses preuves – est entrée en lice.
Tout ce désordre s’accompagne d’une généreuse diffusion d’informations et d’opinions contradictoires, créant un effet de dent de scie émotionnelle dans le grand public. Les observateurs d’autres pays risquent également de se laisser rattraper par cette frénésie.
La Russie a, elle aussi, l’habitude de suivre de près les luttes politiques à l’Ouest. Cette habitude fait depuis longtemps partie de notre culture politique – l’État russe a été créé principalement pour des nécessités de politique étrangère. J’aimerais toutefois que cet intérêt ne dépasse pas le niveau de la simple curiosité et n’engendre pas des espoirs sur une issue ou une autre de la crise interne américaine.
Il semble qu’il soit beaucoup plus important pour la Russie d’avoir une perception exacte de ce qui se passe, pour savoir à qui nous avons affaire dans l’arène politique mondiale. Pour cela, il nous faut, tout d’abord, considérer le spectacle que nous offrent les Américains avec une certaine dose d’humour. Quelle que soit la personne qui se retrouve à la tête de l’État américain, les intérêts de la Russie sont à l’abri du danger du fait de ses capacités militaires et de sa position dans l’économie mondiale. Ce sont les seuls éléments qui seront pris en compte par nos adversaires lorsqu’il s’agira de trouver une solution diplomatique à la détérioration actuelle des relations entre Moscou et l’Occident.
Deuxièmement, il est nécessaire de reconnaître que nous avons affaire à une culture politique unique dans l’histoire – un système dans lequel le seul objet de l’activité politique est la manipulation des citoyens ordinaires par l’élite, dans l’unique but de satisfaire ses propres désirs égoïstes. C’est la raison pour laquelle les sociétés britannique et américaine sont restées identiques à elles-mêmes pendant des siècles et qu’il ne vient jamais à l’idée de la population de faire quoi que ce soit de radical pour changer l’ordre existant.
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