BARNIER : MOINS 44 % POUR LA SANTÉ – Le Billet d’Humeur du Docteur Christophe Prudhomme
Nous avons compris la raison du retard à la transmission des éléments budgétaires prévisionnels par M. Barnier. Il s’agissait d’éviter de mettre en évidence les mensonges contenus dans ses premières déclarations. En effet, alors que sa première sortie s’est effectuée dans un hôpital et qu’il a placé la santé parmi ses priorités, nous découvrons avec stupeur que le budget du ministère de la santé sera amputé l’année prochaine de 44 %, soit la plus forte saignée de tous les ministères.
Ce budget n’est pas celui de la Sécurité sociale mais celui qui concerne notamment les investissements dans les hôpitaux. Il est utile de rappeler les fameuses promesses du Ségur de la santé annonçant 6 milliards d’investissement pour les hôpitaux et les EHPAD que nous dénoncions comme des annonces mensongères. Et bien la vie nous donne raison.
Regardons de plus près les conséquences concrètes de ces mesures. De très nombreux hôpitaux souffrent d’une vétusté importante et nécessitent des rénovations urgentes. Ces travaux ont été retardés depuis la mise en place de la Banque centrale européenne qui obligent les hôpitaux à emprunter auprès des banques avec des taux d’intérêt élevés, ce qui a abouti au fil du temps à une dette cumulée de plus de 30 milliards.
Plus grave, certains ont été plombés par des emprunts toxiques avec des taux d’intérêt qui ont dépassé les 20 %. Face à cette impasse, le gouvernement a été obligé d’intervenir. Mais il s’est contenté de reprendre à sa charge seulement un tiers de cette dette, ce qui laisse aux hôpitaux une charge d’intérêt d’environ 1 milliard par an. Somme qui manque non seulement pour investir mais qui pèse aussi sur la principale dépense des établissements, les salaires.
Ce qui se traduit par une réduction des embauches alors que nous manquons déjà de personnels. Cette saignée fait suite à celle opérées les années précédentes avec le transfert au budget de la Sécu du financement de certaines agences ou encore de la rémunération des étudiants hospitaliers. La stratégie est claire, on déshabille le ministère de la Santé et on charge la barque de la Sécu pour alourdir son fameux trou, ce qui permet d’imposer comme obligatoires des mesures d’économies.
Dans le même temps, le budget militaire progresse de 5 % dans le cadre de la loi de programmation qui affecte 413 milliards aux armées d’ici 2030. Bref des milliards pour l’armée, l’austérité pour la santé. Autre exemple des choix de l’Etat dans un domaine où visiblement l’argent coule à flot, c’est celui des aides aux entreprises pour soi-disant réindustrialiser la France.
Ainsi SANOFI, champion français de la pharmacie, s’est vu octroyé une subvention de l’Etat de 240 millions, pour une opération de 500 millions dans son usine de Neuville-sur-Saône, avec la création à la clef de 200 emplois. Belle opération pour une entreprise qui fait bon an mal an des bénéfices qui varient entre 5 et 10 milliards d’euros. Quelle efficacité pour la collectivité quand la création d’un emploi coûte plus d’un million d’euros ? Tout cet argent manque pour la santé, c’est-à-dire pour la vie au profit de la guerre et du veau d’or capitaliste.
Docteur Christophe Prudhomme
Praticien hospitalier- SAMU 93
SOURCE : Facebook