ÉTAT DE L’ALLEMAGNE – Un entretien avec Sahra Wagenknecht
SAHRA WAGENKNECHT
ÉTAT DE L'ALLEMAGNE
Entretien avec Thomas Meaney et Joshua Rahtz
L’économie allemande est confrontée à de multiples crises convergentes, à la fois structurelles et conjoncturelles. La hausse des coûts de l’énergie due à la guerre avec la Russie ; le choc du coût de la vie, avec une forte inflation, des taux d’intérêt élevés et une baisse des salaires réels ; l’austérité imposée par le frein constitutionnel à l’endettement, alors que les concurrents américains optent pour une expansion budgétaire ; une transition verte qui va toucher des secteurs clés comme l’automobile, l’acier et la chimie ; et la transformation de la Chine, l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Allemagne, en un concurrent dans des secteurs comme les véhicules électriques. Pourriez-vous nous dire tout d’abord quelles sont les régions les plus touchées par la crise ?
L’Allemagne traverse une crise générale, la plus grave depuis des décennies, et elle est dans une situation pire que celle de toute autre grande économie. Les régions industrielles, qui ont jusqu’à présent été la colonne vertébrale du modèle allemand, sont les plus touchées : le Grand Munich, le Bade-Wurtemberg, la région Rhin-Neckar et la Ruhr. Pendant la pandémie, ce sont les secteurs de la distribution et des services qui ont été les plus touchés. Mais aujourd’hui, nos entreprises de taille moyenne sont soumises à une pression énorme. En 2022 et 2023, les entreprises industrielles à forte consommation d’énergie ont subi une baisse de production de 25 %. C’est du jamais vu. Elles commencent tout juste à annoncer des licenciements massifs. Ces petites et moyennes entreprises familiales, dont beaucoup sont des ateliers de mécanique spécialisés ou des fabricants de machines-outils, de pièces détachées automobiles ou d’équipements électriques, sont très importantes pour l’Allemagne. Elles sont pour la plupart dirigées par leur propriétaire ou par une famille, ce qui signifie qu’elles ne sont pas cotées en bourse et qu’elles ont souvent un caractère assez robuste. Mais elles ont leur propre culture d’entreprise, axée sur le long terme, sur la prochaine génération, plutôt que sur les résultats trimestriels. Elles sont intégrées dans leurs communautés locales et font souvent du commerce interentreprises. Elles souhaitent conserver leurs travailleurs au lieu d'exploiter toutes les failles du système, comme le font les grandes entreprises, qui sont nombreuses chez nous aussi.
POURSUIVRE LA LECTURE [traduction automatique] :
Sahra Wagenknecht, Condition of Germany, NLR 146, March-April 2024
Interview with a prominent leader of the German left on the state of her country, currently the epicentre of converging crises-geopolitical, economic, environmental. With politics swerving right ...
https://newleftreview.org/issues/ii146/articles/sahra-wagenknecht-condition-of-germany