NAISSANCE D’UNE RÉVOLUTION. Histoire critique du MIR chilien
« Peuple, conscience, fusil, MIR, MIR, MIR » (extraits de l’introduction)
« Peuple, conscience, fusil, MIR, MIR, MIR ». Pour la gauche chilienne, ce cri de guerre rappelle les années 1960 et la période de l’Unité Populaire (1970-1973) ; un moment de gloire, aussi, pour le Mouvement de la Gauche Révolutionnaire : le MIR. Aujourd’hui au Chili, certains militants reprennent ce slogan, brandissant un flambeau nostalgique pour une époque révolue, où l’assaut du ciel semblait à portée d’une main armée.
Identifié à la figure légendaire de son dirigeant Miguel Enríquez, tué une année après le coup d’État de 1973, le MIR réveille des souvenirs embués de mythes. Ces mythes le présentent comme une avant-garde issue de la jeunesse révolutionnaire chilienne. Cette jeunesse voulait changer la destinée de son pays par les armes, quitte à y laisser la vie. Les récits historiques qui transmettent, voire alimentent ce mythe, décrivent aussi le MIR comme une entité radicalement nouvelle, qui rompt avec le « réformisme » des deux principaux partis marxistes du pays, les Partis communiste et socialiste.
Pour certains, le MIR aurait été le seul à comprendre que les urnes menaient le socialisme dans une dangereuse impasse, ce que le coup d’État aurait tristement confirmé. Cette conception est largement contestée par d’autres qui désignent l’organisation révolutionnaire comme principal responsable de la chute d’Allende. Son radicalisme aurait mené les classes moyennes à se réfugier dans les bras de la droite ou de l’extrême droite. À cette interprétation s’ajoutent celles qui considèrent le MIR avant tout comme l’initiateur de la violence politique, une violence importée dans les années 1960 sous l’impulsion persuasive de Cuba.
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