OTAN-RUSSIE : ÇA PEUT TRÈS VITE DÉGÉNÉRER !
Réagissant aux propos du président russe Vladimir Poutine quant aux réponses adaptées en cas d'utilisation par l'Ukraine des armements de fabrication occidentale de longue portée, le géopolitologue Pascal Mas estime qu'on est passé dans une autre dimension, qu'il juge «très angoissante».
QUESTION : Vladimir Poutine a déclaré le 12 septembre que l'utilisation des armes de précision à longue portée contre la Russie sur son territoire équivalait à une participation directe de l'OTAN dans le conflit en Ukraine. Qu'est-ce que cela implique en pratique pour Moscou ?
Pascal MAS : Le président Poutine vient de faire une mise en garde qui est sans ambiguïté. Ce sont les provocations otaniennes et occidentales qui ont abouti à la situation présente. On a entendu au cours de ces derniers jours les pays croupions comme la Pologne, la Lituanie et les Pays-Bas, qui ont donné leur accord, comme s'ils avaient quelque chose à dire, sur l'utilisation de ces armes.
La délégation qui s'est rendue à Kiev, menée par Antony Blinken, comportait aussi le chef de la diplomatie britannique. Ce couple infernal fonctionne très bien. Et il ne faut pas oublier non plus que la Grande-Bretagne est aussi dépositaire de l'arme nucléaire. Donc on passe dans une autre dimension dans ce conflit, qui est très angoissante.
Le président Poutine a averti que si les provocations continuaient, il y aurait une réponse adaptée. On ne pourra pas dire que personne n'était au courant. Si jamais l'OTAN continue à mener ses provocations, à envoyer les Ukrainiens attaquer des objectifs civils sur le territoire russe, il y aura assurément une riposte. C'est très grave, parce que ça peut dégénérer très vite.
QUESTION : Pourquoi pensez-vous que cette escalade a lieu maintenant ?
P. M. : Pour les démocrates qui soutiennent Zelensky et pour tout le complexe militaro-économico-industriel américain, il est nécessaire que les combats continuent, parce que ça permet d'avoir des soutiens financiers. Mais c'est surtout tout le complexe militaro-industriel américain qui fonctionne à plein régime et qui en plus permet de se débarrasser d'armes caduques pour pouvoir mettre en service des armes plus modernes [...] C'est malheureusement tragique pour la population russe et pour les Ukrainiens. C'est surtout une affaire économique.
Dans cette période électorale, il y a un candidat, Donald Trump, qui ne fonctionne pas comme ça, qui n'est pas dépendant pour financer sa campagne de ce complexe militaro-industriel et qui veut arrêter les frais. Vous avez d'un côté Donald Trump, qui veut arrêter toutes ces guerres, directes ou indirectes, comme c'est le cas pour l'Ukraine et Gaza. Et puis vous avez les autres, les Kamala Harris, et surtout, le vrai président, Antony Blinken, qui fait partie de cette faction de gens qui veulent «combattre jusqu'au dernier Ukrainien». Le 5 novembre sera une date fatidique pour l'un ou pour l'autre.
QUESTION : Kiev a présenté 200 cibles supplémentaires à Washington qu'il souhaiterait attaquer sur le territoire russe, dans le contexte de l'opération menée dans la région de Koursk. Cela laisse-t-il un espoir pour de futures négociations ?
P. M. : D'abord, ce n'est pas Kiev qui décide. Ils ne sont pas en mesure de mener des négociations. On voit bien que les ordres sont donnés depuis Washington. Les Ukrainiens proposent des plans aux Américains qui les approuvent rapidement, en totalité ou partiellement, et c'est ce qui est en cause. Mais si l'armée russe arrive à sécuriser tout le Donbass et les régions de l'ouest de la Novorossia, il va y avoir une vraie base de discussion.
Comme on l'a remarqué tous, c'est le côté russe qui parle de paix. Les autres parlent d'armes, de machins, de victoire, etc. Le vocabulaire qui est employé ne mentionne jamais le mot «paix», seulement «négociations» éventuellement, mais sûrement pas «paix». C'est flagrant dans les déclarations de Zelensky et des otano-ukrainiens.
QUESTION : Pourrait-il y avoir des changements capables de renverser le cours de ce conflit ?
P. M. : Si l'armée russe libère certaines zones et repousse l'incursion ukrainienne dans la région de Koursk, ça change tout, évidemment. De toute façon, les points que le président Poutine a mis en exergue, ce n'est ni plus ni moins que ce qui avait été évoqué avec les accords de Minsk qui n'ont jamais été mis en application. On revient à 2010-2014.
PT