RUFFIN RÈGLE SES COMPTES AVEC MÉLENCHON
«Mélenchon découpe la France en segments» : François Ruffin étrille la «nouvelle France» de LFI
Dans une interview au Nouvel Obs, le député de la Somme se montre très critique de la stratégie insoumise visant à se concentrer sur la jeunesse et les quartiers.
«La vie au sein du groupe LFI était devenue irrespirable.» C’est en homme libre que François Ruffin s’est confié au Nouvel Obs, pour une interview à couteaux tirés contre ses anciens camarades de La France insoumise (LFI). Un mouvement qui ne laisse «pas de place pour débattre, discuter, se contredire, échanger et dépasser les contradictions», a-t-il ajouté ce matin, au micro de RMC.
Le député de la Somme concentre ses attaques sur le tournant stratégique de Jean-Luc Mélenchon, source d’un «désaccord électoral et moral» : «Pour la présidentielle de 2022, [il] change de ligne, mise tout sur la jeunesse et les quartiers populaires, délaisse le reste.» François Ruffin reproche au leader insoumis d’adhérer ainsi à la «ligne Terra Nova», du nom du think tank progressiste, auteur d’une note en 2011 conseillant à la gauche de moins s'adresser aux classes populaires ouvrières pour se concentrer sur les jeunes, les femmes et les minorités. Aux yeux de l’ancien journaliste, Jean-Luc Mélenchon «choisit l'abandon, et découpe la France en segments».
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Les mots me manquent. L’interview de François Ruffin ce mercredi 11 septembre m’a choqué. J’ai d’abord pensé que le silence était sans doute la meilleure des réactions. Il y a des choses bien plus importantes à faire face au coup de force de Macron et de l’extrême droite. Nous nous y attelons avec soin pour préparer la suite de la mobilisation après le grand succès des manifestations du 7 septembre. Et pour poursuivre la campagne engagée pour la destitution du président de la République.
Mais je crois que certaines accusations ne peuvent rester sans réponse, tant elles sont blessantes, injustes et dangereuses. Je le fais donc en quelques points.
François Ruffin dit qu’il a honte d’avoir fait une campagne au faciès. Il a raison : c’est une honte d’avoir inventé le tract que l’on donne en fonction de la couleur de peau. C’est pourquoi personne ne l’a fait à part lui. Il devrait donc se demander comment il en est arrivé là plutôt que de salir l’honneur de centaines de candidats et de plusieurs dizaines de milliers de militants qui considèrent tout simplement un citoyen comme un citoyen. Quelle que soit sa couleur de peau ou sa religion.
François Ruffin accuse les insoumis d’avoir fait le choix de ne plus s’adresser à une partie de la France, alors que lui voudrait la France en entier. Il s’appuie pour cela sur les propos de Jean-Luc Mélenchon qui a rappelé que notre objectif premier était la mobilisation de la jeunesse et des quartiers populaires. Il évoque plusieurs personnes sans que l’on ne comprenne vraiment pourquoi les insoumis auraient renoncé à s’adresser à elles : les éboueurs d’Abbeville, l’aide-soignante de la clinique d’à côté, les ouvriers de chez Goodyear ou les vigiles de Sécuritas. D’où vient cette idée qu’ils seraient des oubliés de notre programme et de nos campagnes, alors que nos propositions visent précisément à unifier ces groupes sociaux ?
Il faudra en tout cas apprendre à François Ruffin que, contrairement à ce que l’on entend parfois à la télévision, les « quartiers populaires » ne sont pas remplis de profiteurs ou de dealers. On y trouve des ouvriers, des employés, des éboueurs, des ingénieurs, des aides-soignantes, des femmes de ménage ou des vigiles. Et c’est d’ailleurs essentiellement là qu’ils se trouvent car c’est souvent seulement là, malheureusement, qu’ils peuvent vivre. Lui rappeler aussi qu’il n’y a pas de « quartiers populaires » que dans les grandes villes : à titre d’exemple, environ 45 % des logements sociaux sont situés en-dehors des aires urbaines de plus de 200 000 habitants. La lecture ville/campagne n’est pas ici plus pertinente qu’ailleurs.
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