Bruno Drweski : « Les rapports de force sont défavorables aux États-Unis, TRUMP n’y pourra pas grand-chose
Relations avec l’Union européenne et guerre en Ukraine, conflits au Proche-Orient, montée des BRICS et compétition avec la Chine, risque de Troisième Guerre mondiale… Que présage un second mandat de Donald Trump sur les grands dossiers internationaux ? Historien et politologue à l’INALCO, Bruno Drweski répond à nos questions. (INVESTIG’ACTION)
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INVESTIG’ACTION : Malgré les sourires de façade, les relations entre les États-Unis et l’Union européenne n’étaient pas au beau fixe : la guerre en Ukraine attisée par Washington et le sabotage des gazoducs Nord Stream ont causé beaucoup de tort aux économies du Vieux Continent. Les dirigeants européens doivent-ils craindre que ces relations empirent avec la présidence Trump ?
Bruno Drweski : D’un point de vue politique, ils vont certainement vivre une période plus difficile, car ils ne sont pas habitués à l’équipe Trump. Nous avons pu en avoir un aperçu lors de son premier mandat. Mais Trump reste un outsider. Les dirigeants européens sont plutôt liés aux cercles néoconservateurs et démocrates.
Un autre problème concerne le volet économique. Trump veut défendre les intérêts du territoire étasunien. Si bien qu’il va chercher à faire peser davantage sur les dirigeants européens certains coûts militaires, dont la guerre en Ukraine.
Faire reposer le coût de ce conflit sur les épaules européennes, n’était-ce pas déjà en route sous la présidence de Joe Biden ?
Certes, mais Trump ira plus loin. Il est allé jusqu’à menacer de se retirer de l’OTAN. Je ne pense pas qu’il mettra sa menace à exécution. Mais son objectif paraît assez clair : se désengager de l’Europe et de l’Ukraine pour se concentrer sur ses priorités, à savoir la Chine en Asie orientale et le Proche-Orient en Asie occidentale.
La menace du retrait de l’OTAN, n’était-ce pas un coup de bluff pour conduire les pays européens à augmenter leurs dépenses militaires ? Historiquement, l’alliance atlantique est un instrument de domination des États-Unis sur l’Europe. Pourquoi Trump s’en priverait-il ?
C’est certainement du bluff. L’OTAN est à la fois le bras armé des Américains dans le monde, mais aussi contre les peuples d’Europe. Les États-Unis ont tout intérêt à garder ce gendarme en place. Tout comme les élites européennes. Mais pour Trump, le financement de cette alliance ne doit pas coûter grand-chose pour les États-Unis et reposer plus lourdement sur les Européens. Reste à voir dans quelle mesure Trump pourra faire bouger ces lignes : il devra composer avec une bureaucratie et des institutions bien enracinées et qui ont toujours travaillé différemment.
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