CRISE OUVERTE AU PCF ?
Nous vous proposons ces textes à simple titre informatif, le blog d'El Diablo n'ayant pas vocation à prendre parti dans ce débat.
LETTRE OUVERTE À FABIEN ROUSSEL
Cher Fabien,
La France traverse une crise politique sans précédent. Cette crise est le fruit amer d’une politique profondément inégalitaire, irresponsable sur le plan écologique et menée avec un mépris insoutenable envers le peuple. Emmanuel Macron, par son arrogance et ses choix, a semé une colère sourde qui gronde aujourd’hui dans chaque foyer, chaque atelier, chaque village, chaque rue de notre pays.
Il suffit d’écouter autour de soi. La défiance, la colère, et parfois même la détestation envers le Président de la République sont immenses. Les urnes, au printemps dernier, en ont porté le témoignage éclatant.
Le « Mozart de la finance » a mis la France en faillite morale, sociale et économique, tout en ouvrant un boulevard au Rassemblement National.
Et c’est dans ce contexte, à l’heure où le peuple cherche la résistance et l’espoir, que tu as évoqué, au nom du Parti communiste français, de trouver « un terrain d’entente » avec Emmanuel Macron et tu as précisé « si nous on reste bloqué sur l’abrogation (….) on n’avancera pas ». Peut-on imaginer pire reniement ? Le Parti communiste, pilier des luttes populaires, au chevet d’une macronie à l’agonie… C’est un comble !
Fabien, permets-nous de te le dire avec gravité : cette voie est une trahison. Une trahison envers les millions de Françaises et de Français qui ont défilé contre la réforme des retraites, envers celles et ceux qui espèrent un autre chemin que celui du capital et de l’austérité, et envers l’histoire glorieuse de notre parti. Et que dire des militantes et des militants communistes et des élu.es qui se font admonester par le peuple de gauche alors qu’ils et elles sont chaque fois mis devant le fait accompli.
Depuis ton arrivée à la tête du PCF, les déconvenues s’accumulent : échecs électoraux, effondrement des adhésions, errances idéologiques. À chaque revers, le parti s’affaiblit, et avec lui, la gauche tout entière. En affaiblissant notre voix, tu renforces celle de l’extrême-droite et laisses à la France Insoumise, le soin de porter seule la flamme de la révolte. Alors que nous pourrions, au contraire, être les acteurs et actrices d’un véritable rassemblement populaire, en impulsant une nouvelle étape du Nouveau Front Populaire, pour y faire entendre avec force nos ambitions de justice sociale et de transition écologique.
Trop, c’est trop. Les communistes, comme l’ensemble des Français qui aspirent à la justice sociale, ne peuvent accepter une telle dérive. Fabien, il est temps pour toi de tirer les leçons de tes échecs. Il est temps, pour l’honneur et l’avenir du parti, que tu passes le relais.
Car le communisme, Fabien, reste une idée neuve. Une idée forte, belle, et nécessaire. Ne laisse pas cette idée sombrer sous le poids des renoncements.
Avec la fermeté de nos convictions et l’espoir d’un sursaut,
Bien à toi,
PLUS D'INFORMATIONS:
Par ailleurs, l'un de nos lecteurs nous a fait parvenir le texte que nous publions ci-dessous:
Crise ouverte au PCF…
L’annonce de la réunion élyséenne de mardi, en présence du parti Les Républicains (LR), a également fracturé l’intérieur des mouvements de gauche.
Le matin même, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a provoqué un tollé en semblant faire de l’abrogation de la réforme des retraites une monnaie d’échange avec le pouvoir.
« Si, nous, on reste bloqués sur l’abrogation […], on n’avancera pas », a déclaré l’ancien député, qui fait l’objet d’une enquête du Parquet national financier (PNF).
« On dirait le clergé décadent négociant les évangiles », a réagi le député communiste Nicolas Sansu, qui s’était déjà ému la veille d’une première salve de déclarations de Fabien Roussel s’éloignant de l’abrogation.
En catastrophe, le groupe GDR a annulé sa conférence de presse hebdomadaire à la suite des remous provoqués par cette déclaration – et ce n’est pas la seule qui pose problème en interne.
Huit député·es du groupe GDR et une douzaine de sénateurs et sénatrices communistes se sont retrouvé·es dans la foulée au Sénat et en visioconférence avec le secrétaire national du PCF pour faire le point dans une ambiance tendue.
Ni le député Stéphane Peu ni le sénateur Pascal Savoldelli n’ont défendu Fabien Roussel. « Unanimement, nous avons dit qu’il fallait arrêter de remettre en cause l’idée de l’abrogation de la réforme des retraites.
On veut préserver l’unité du NFP quoi qu’il arrive », rapporte Nicolas Sansu. « Fabien s’est fait recadrer mais évidemment, il en fera bien ce qu’il veut », raconte un autre participant lassé de la godille politique de son chef de file.
De quoi creuser encore le fossé entre le secrétaire national et le groupe à l’Assemblée, composé quasiment pour moitié d’ultramarins rétifs à toute concession aux macronistes. Dans l’autre moitié, communiste « pur jus », là aussi, ça grince :
« Fabien Roussel a parlé d’un accord de non-censure d’un gouvernement qui va jusqu’à LR, mais on n’en a jamais parlé dans le groupe », rapporte la députée PCF Elsa Faucillon, qui ne « voi[t] pas comment le groupe communiste à l’Assemblée survivrait » si la Place du Colonel-Fabien actait un accord dans le dos des parlementaires.
En dehors des député·es communistes, des cadres du PCF rapportent aussi, à la veille d’une « conférence nationale » (un mini-congrès) qui aura lieu samedi, une ambiance interne explosive. «
Quand on dit qu’il y a une ligne rouge, il ne faut pas la dépasser.
Quelque part, Fabien la dépasse, et je ne suis pas d’accord avec ça », déplore Raphaëlle Primet, coprésidente du groupe communiste au conseil de Paris. Le courant unitaire du PCF, Alternative communiste, a quant à lui publié une lettre ouverte au secrétaire national l’appelant à « passer le relais » :
« Fabien, permets-nous de te le dire avec gravité : cette voie [celle du “terrain d’entente avec Emmanuel Macron” – ndlr] est une trahison. »