CUBA EN RÉVOLUTION : ADVERSITÉ DANTESQUE, DÉFI OLYMPIQUE
Par Maïté Pinero
On en revient, admiratifs, bouleversés, infiniment reconnaissants pour l'énergie qu'ils diffusent. Allez-y.
Vous y trouverez une économie saignée aux quatre veines, une société prise dans l'étau du blocus qui se resserre. Il est renforcé par la lâcheté de nos gouvernants qui votent contre le blocus à l'Onu mais appliquent ensuite les mesures étasuniennes qui rognent notre indépendance.
Vous y trouverez un peuple qui cherche chaque jour, collectivement et individuellement, comment résoudre de multiples problèmes : coupures incessantes d'électricité et d'eau, manque de gaz, de combustible. Les appareils électroménagers sont devenus inutiles, on cuisine au charbon.
Dans les rues de l'île, tous les moyens de transport se côtoient : à pied, à cheval, en voiture, en bus, à bicyclette, en taxi cacahuète, en taxi biciclante( 2 personnes sur un banc tiré par un cycliste) etc.
LA DÉCISION DE RÉSISTER
Vous y trouverez le médecin de la polyclinique, plusieurs missions internationalistes à son actif, spécialiste de haut vol mais qui n'a parfois même pas de fil de suture. Qui ne se désespère pas, qui cherche comme tout le monde des solutions. Qui ne peut vivre de son seul salaire, qui le soir est barman, gardien ou musicien.
Vous y trouverez des crèches, des écoles, des lycées et universités dans toutes les régions, aux moyens réduits. Où l'informaticien, le technicien, le musicien vient parfois remplacer un enseignant absent.
Vous y trouverez un peuple qui bruisse, dit tout haut ses privations, son grand mécontentement, accuse le blocus mais dénonce aussi "les erreurs" du gouvernement (chacun a son idée même si la bureaucratie et l'unification monétaire pendant la pandémie, la corruption, reviennent en boucle).
Ce gouvernement est au travail, le président Diaz-Canel constamment sur les routes, dans les régions éprouvées par cyclones, tremblements de terre, les quartiers et entreprises.
Depuis le début de son mandat, il a dû faire face à pire que les sept plaies d'Égypte: un cyclone qui avait frappé la Havane, l'incendie des réserves de Matanzas, les 243 mesures supplémentaires du blocus, les deux derniers typhon suivis par un tremblement de terre.
Vous trouverez à Cuba, un peuple qui vit au jour le jour, mais qui décide encore chaque jour de résister et qui refuse de se vendre, de renoncer à ses rêves et à l'espoir.
Cette énergie vitale, décuplée, frappe quand on vient d'Europe où la sinistrose gagne. Les enfants jouent, rient, étudient, même si le lait garanti chaque jour jusqu'à 7 ans est parfois livré avec retard.
MOBILISÉS.
La vie est si dure, la pression si forte que parfois le couvercle saute. Un attroupement, un rassemblement devant un magasin en rupture, le ton monte. Militants du parti, des organisations de masse, comités de défense de la révolution, fédération de femmes, on accourt aussitôt. Calmer, convaincre, isoler les plus emportés, les provocateurs éventuels, juger ensuite en cas de dégradations.
Les militants du parti, les policiers ont en tête les mots de Fidel. Au moment de la période spéciale (la pénurie après la chute du camp socialiste) il s'était rendu aussitôt sur les lieux de la première manifestation. Il avait dit à ses garde du corps : « quoi qu'il se passe, quoi qu'il arrive, pas une arme, pas un seul coup de feu ».
Dans ce pays en urgence, sous haute tension, pas un policier dans les rues, pas un militaire en armes comme souvent, dans nos rues, gares et aéroports. On n'est pas naïf, la vigilance existe mais si elle peut se permettre l'invisibilité c'est parce que tout le monde vit en état d'urgence et d'alerte collective.
Cuba se serre les coudes comme jamais et demeure un pays en révolution. Blocus et catastrophes naturelles, aggravées par les changements climatiques se conjuguent dans une très grande adversité. Prise en étau, prise à la gorge l'île résiste et relève un défi dantesque pour le porter au niveau olympique. Une démonstration d'énergie, de dignité, de solidarité et surtout d'espoir, allez y voir ! De ce point de vue, ils nous soutiennent bien plus que nous ne les soutenons.
SOURCE : Facebook