LE PROTECTIONNISME ET LA RÉINDUSTRIALISATION
Une information qui a été reprise un peu partout vient de sortir sur les premières mesures commerciales de monsieur Trump. Elles disent plus long qu'un grand discours sur les orientations réelles du nouveau président américain. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'option nationale, dont il se prévaut, recule pendant qu’apparaît en réalité une vision impériale comme la précédente, mais sous une autre forme. En effet loin de faire du protectionnisme un outil au service d'une réindustrialisation nationale, Trump fait du protectionnisme le même usage que Biden à savoir un moyen de pression et une arme à l'encontre de leur principal adversaire stratégique qu'est la Chine. Il vient en effet de menacer les pays qui voudraient rejoindre la proposition des BRICS sur la création d'une unité de compte internationale pour remplacer le dollar dans les échanges internationaux. Cette proposition fut l'une des questions les plus importantes abordées pendant la récente réunion des BRICS qui s'est tenue à Kazan. Vous pouvez lire les documents en anglais qui résume les prises de position des différents partenaires lors de cette importante réunion. Une réunion que l'on pourrait facilement comparer à celle de Yalta à la sortie de la Seconde Guerre mondiale ou à celle de Bretton Woods.
Trump compte donc taxer à 100% les pays qui entreraient dans cette logique pourtant nécessaire en réalité de la réorganisation de la structure monétaire du commerce international. Car nul ne peut prétendre de façon rationnelle qu'il est logique qu'un pays en particulier détienne le droit d'émettre de la monnaie internationale. Cette situation pouvait peut-être se justifier en 1945 par le poids des USA sur l'économie mondiale, mais il s'agissait déjà à l'époque d'une justification par le rapport de force et non par la logique de la bonne gouvernance, si je puis dire. Keynes avait d'ailleurs prévenu ses homologues américains des dangers que ce type de privilège pouvait produire à plus longue échéance. L'initiative des BRICS est donc d'un point de vue logique totalement justifiée, et cela même si les BRICS n'avaient pas représenté le poids qu'ils ont désormais. On rappellera d'ailleurs au passage qu'à l'origine le projet de la monnaie européenne avait justement pour but d'échapper au privilège du dollar. Et si l'euro n'avait pas été transformé en outils pour créer un fantasque état fédéral européen peut-être aurait-il pu avoir cette fonction. Les BRICS tentent la même chose, mais de façon beaucoup moins stupide et idéologique.
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