DÉPECER LA SYRIE, UN VIEUX PROJET
Les événements qui se déroulent en Syrie à une vitesse accélérée ont bouleversé la carte stratégique de l’Asie occidentale et ont aussi été si rapide que les émotions ont pris le dessus, empêchant la compréhension de l’événement lui-même. Ce qui a même fait oublier des faits aussi évidents que les massacres, égorgements, exécutions sommaires, emprisonnements, etc organisés depuis 2011 jusqu’à aujourd’hui par une partie au moins des forces islamistes-takfiristes qui viennent de prendre le pouvoir à Damas grâce à l’appui de l’OTAN, d’Ankara et de Tel Aviv. Comme il a fait oublier le fait que l’armée syrienne constituée de conscrits aux soldes de 20 dollars par mois a tenu sans se débander quatorze ans face aux mercenaires d’en face, en partie venus d’une centaine de pays, et qui eux recevaient entre 1 000 et 2 000 dollars par mois. Bref, un rappel de quelques faits est nécessaire si nous voulons pouvoir analyser ce qui va se passer dans ce pays. Cet article nous a du coup paru faire un bon résumé assez clair de ce qu’on a oublié pendant ce funeste mois de décembre 2024 quand le massacre systématique de Gaza peut se poursuivre.
La Rédaction de « La Pensée Libre »
Dépecer la Syrie, un vieux projet
(Décembre 2024)
Par Vladimir Caller, directeur du « Drapeau Rouge », Bruxelles.
Ce chroniqueur s’est intéressé à suivre les divers conflits contemporains et leur traitement médiatique. Tous ont connu toutes sortes de manipulations, de falsifications, de demi-vérités soigneusement dosées mais aucun, même celui du Viêt-Nam ou de la Yougoslavie, n'aura été aussi mensongèrement, aussi grossièrement traité que la longue guerre syrienne ; et ce depuis son début.
Les révoltes ont commencé en mars 2011 dans la ville du Deraa située au Sud-ouest, tout près de la frontière avec la Jordanie et Israël. Selon le récit, unanime et devenu sacré, du système médiatique, c’est à ce moment que le peuple de cette ville aurait manifesté pacifiquement contre Bachar el Assad pour ne réclamer que le droit d’accéder à la liberté et à la démocratie. Revendications qui n’auraient eu comme réponse de ce dernier qu’une répression brutale, suscitant ainsi des émeutes dans tout le pays et ce jusqu’à finir, treize ans plus tard, par son éviction du pouvoir le 8 décembre dernier.
Le général Anwar Al-Eshki est un général un peu particulier, si l’on peut jouer avec les mots. Saoudien, retraité, connu pour son activisme en faveur du rapprochement avec Israël, il préside le Centre d’études stratégiques sis à Djeddah. En 2011, il n’était pas à la retraite, loin de là, il était très actif autour du dossier syrien. Nous disions ‘particulier’, parce qu’ignorant ses ‘devoirs de réserve’, il raconte, dans une vidéo de trois minutes intitulée « Deraa Revolution was Armed to the Teeth from the Very Beginning » (La révolution de Deraa était armée jusqu'aux dents depuis le début) , l’importance de son apport à la préparation et la militarisation des manifestations « pacifiques » de la ville de Deraa.
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