A propos de certaines sommations qu'on nous fait
"Défendre l'histoire du PCF", comme disent certains, en contribuant par son vote à l'opération survie d'une fraction du groupe qui a piétiné cette histoire en votant pour une candidate qui :
1) a été ministre de Jospin et à ce titre solidaire de l'ensemble de la politique du gouvernement, et n'a jamais donné d'explications à ce sujet ;
2) ne s'est ralliée au non à la Constitution européenne qu'in extremis, et avec des slogans confusionnistes sur une impossible Europe sociale qui n'ont pas contribué à sa victoire, au contraire ;
3) renie ce vote en affichant depuis longtemps son soutien inconditionnel à Marie- Ségolène Royal, celle qui avait dit avant le 29 mai qu'en cas de victoire du Non elle serait obligée de privatiser les cantines scolaires de Poitou-Charentes (L'a-t-elle fait, d'ailleurs ? Il est curieux que personne ne lui ait posé la question), celle qui veut aujourd'hui réconcilier le oui et le non…avec un nouveau traité constitutionnel, qui sera "social" cette fois-ci, c'est promis ;
4) affiche ainsi ouvertement que sa candidature n'a d'autre but que conserver quelques prébendes au fantôme du PCF ;
5) s'inscrit parfaitement, sans le moindre recul critique, dans le système des institutions de la 5ème République ;
6) refuse de se présenter comme candidate du PCF et s'est ridiculisée dans une pantalonnade pseudo-unitaire dont elle est sortie en appelant au patriotisme d'organisation de ce qu'il reste du PCF ;
7) est empêtrée dans une contradiction majeure qui la conduit à hurler "Tout sauf Sarkozy", ce qui ne contribuera pas à faire voter pour elle.
C'est proprement hilarant.
Aujourd'hui, le système est si bien verrouillé que nous sommes face à un choix hautement démocratique entre trois candidats de droite, porteurs de la politique que le peuple français a constamment rejetée depuis trente ans mais qui a constamment été poursuivie et aggravée.
Nicolas Sarkozy, le candidat chéri du système, ministre le plus détesté d'un gouvernement justement discrédité. Marie-Ségolène Royal, l'adversaire qu'il s'est choisie parce qu'elle était la seule socialiste incapable de le battre, que le système a promue à grands coups de sondages truqués, et que les socialistes ont été assez stupides pour choisir au vu de ces sondages. François Bayrou, le trouble-fête imprévu qui vient faire douter Sarkozy, mais que rien de sérieux ne distingue des deux autres, sinon qu'il a l'air moins méchant que le petit méchant et moins bête que la grande bête.
Ceux qui estimeront n'avoir aucune raison de choisir entre ces trois-là iront à la pêche. C'est peut-être le vote le plus utile, en ce qu'il peut rapporter une friture, tandis qu'aucun des autres ne rapportera rien.
Ceux qui penseront que Sarkozy c'est pire que tout iront voter Bayrou, quoi qu'ils en pensent, parce qu'il est le seul qui puisse le battre. Si Bayrou n'est pas au deuxième tour, ils feraient mieux d'aller à la pêche, puisque de toute façon un deuxième tour Sarkozy-Royal est joué d'avance.
Ceux qui jugeront qu'entre trois candidats de droite il vaut mieux choisir le moins inculte voteront Bayrou aussi, et sûrement pas Royal au deuxième tour.
Ceux qui penseront, il y a quand même quelques raisons pour cela, que Marie-Ségolène, c'est pire que tout, voteront Bayrou au premier tour pour tenter de s'en débarrasser, et pour le moindre mal, quel qu'il soit, au deuxième tour.
Le Pen ramassera comme d'habitude pour les stériliser les votes de tous ceux qui sont mécontents mais ne veulent pas savoir pourquoi. Il est improbable qu'il soit au deuxième tour. De toute façon, l'expérience précédente a montré que sa présence au deuxième tour ne changeait rien au résultat, aux politiques menées ensuite, au rôle donc pour lequel le système l'a créé à partir de 1983.
Voter pour n'importe lequel des candidats de diversion gauchistes qui ne se présentent au premier tour que pour se rallier au second à Royal et tendre la sébille ensuite n'a aucun sens.
Certes, on peut aussi voter non pour gagner, mais pour donner du poids pour l'avenir à des positions qui peuvent être utiles. Mais que promouvrait-on en votant Buffet ? L'Europe sociale ? La sécurité sociale professionnelle ? Le moratoire sur l'EPR ?
Inutile de préciser qu'on pourrait en dire autant de Bové, qui a le même programme que Buffet d'ailleurs (merci, les collectifs "unitaires"), de Bébé-Krivine (la révolution par le partage des richesses), de Laguiller. On ne parlera pas bien sûr du maire maçon ramassé par l'OCI, le seul à parler de quitter l'Union européenne, mais sans aucun doute avec de mauvaises intentions.
d’après Emmanuel sur le forum « Rouges Vifs »