La loi, pour tous !
Messages au Président de la République et au Premier Ministre
Peut-être ne le savez-vous pas, ou peut-être l'avez-vous oublié, il y a 45 ans, sous prétexte de protéger les usagers des services publics des grèves des personnels de ces services, le gouvernement prenait 3 mesures. La première consistait à retenir la totalité du salaire de la journée de travail pour toute action de grève, y compris de quelques minutes. La seconde, exigeait des organisations syndicales qu'elles déposent un préavis de grève 5 jours avant celle-ci. La troisième énonçait : "Pendant la durée du préavis, les parties intéressées sont tenues de négocier." (Article L 521-3 du Code du travail.)
Les gouvernements se sont succédés, de droite et de gauche, mais ces dispositions légales ont perduré.
Peut-être ne le savez-vous pas, ou peut-être l'avez-vous oublié, les 2 premières dispositions ont toujours été appliquées. Par contre, la troisième n'a jamais été appliquée : la demande de négociation des organisations syndicales s'est toujours heurtée à une fin de non recevoir des directions qui, toujours, ont préféré désorganiser le service public, pénaliser les usagers et faire perdre une ou des journées de salaire aux personnels grévistes, faire baisser le produit national brut. Jamais les directions n'ont été sanctionnées pour ce manquement à la loi. Et pourtant, 45 ans plus tard, malgré les grèves des personnels agissant pour un service public de qualité, le service rendu par nos services publics s'est dégradé. A noter qu'au cours de cette période, les usagers sont devenus clients.
Cette inégalité de traitement entre les salariés des entreprises publiques et leurs directions, alors même que ces dernières sont responsables de la détérioration du service rendu aux usagers, est inacceptable. En mémoire des temps, pas si lointains, ou vous parliez de "tolérance zéro", il serait bien que vous ne permettiez plus aux directions d'entreprises publiques de bafouer plus longtemps la loi. Cette simple application de la loi éviterait bien des grèves, bien des désagréments aux usagers des services publics et aurait l'avantage de montrer, sans ambiguïté, que votre souci des usagers n'est pas, contrairement à votre projet, une nouvelle atteinte au droit de grève.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de mes sentiments respectueux.
ajusteur mécanicien retraité,
héritier de la grève insurrectionnelle
du 10 août 1944.