Débat avec Anicet Le Pors: introduction à la discussion
Bonjour à toutes et à tous,
Merci d'être venus à cette initiative un samedi après midi, par ce temps clément, alors qu'il y a d'autres initiatives de lutte, pour ouvrir, avec nous, le deuxième grand dossier, après celui du salaire socialisé et de la protection sociale, de la série de débats que nous avons décidé d'organiser. Aujourd'hui, on va parler pouvoir, institutions, souveraineté populaire, avec notre invité Anicet Le Pors, que je n'ai pas besoin de présenter plus avant.
Nombre de camarades ou d'invités nous ont fait part de leur intérêt pour cette assemblée tout en s'excusant de leur absence. Ils sont trop nombreux pour que je les cite.
Deuxième initiative donc, dans le droit fil de ce que nous avons décidé lors de notre 2ème rassemblement festif, le 16 juin 2007 dans le 13ème arrondissement de Paris.
A cette occasion, en accord avec plusieurs associations actives sur l'ensemble du territoire, nous nous étions engagés à prendre des initiatives pour créer les conditions de multiplier les échanges et débats avec l'objectif de travailler à redéfinir ce que nous appelons « nos fondamentaux ». Ce travail nous a semblé indispensable sans le couper de la nécessité d'être en capacité de réagir aux questions d'actualité.
Nous sommes partis de la constatation de notre impuissance à nous fédérer sur tout le territoire depuis plus de 10 ans pour riposter efficacement à l'offensive du Capital. Nous avons défini que la cause essentielle de notre impuissance résidait dans une question politique et idéologique plus lourde que tout autre problème d'organisation : l'absence d'un tronc commun, idéologique et politique, suffisamment partagé et explicite, base de départ que nous considérons désormais incontournable pour définir les orientations, la stratégie et les fondements d'une organisation politique qu'il nous reste à construire sans tomber dans les raccourcis.
Ne pas faire de raccourcis, c'est considérer qu'il n'y a pas de vérité intangibles ou révélées et que, pour être authentiquement révolutionnaire (c'est à dire porteurs de propositions modifiant réellement l'état de notre société), des axes d'actions, relayés par des revendications sociales, doivent être une œuvre collective en perpétuelle réactualisation.
Ne pas faire de raccourcis, c'est tenter de formuler, sur chaque grande question, des analyses de fond à partir de la réalité concrète, c'est mettre en débat les points d'accord et les divergences, c'est analyser ce qui est partagé véritablement et ce qui ne l'est pas, c'est mettre en lumière ce qui fait problème et ce qui peut faire solution. Il ne s'agit pas d'établir qui a raison ou qui a tort, mais de se donner les moyens idéologiques et politiques d'avancer ensemble pour être utiles au mouvement populaire.
Notre première initiative, avec Bernard Friot, sur les questions du salaire socialisé et du financement de la protection sociale a été un franc succès (ressenti, visites sur le site, téléchargement de la transcription, intérêt pour le DVD édité, bouche à oreille,...). Le débat est loin d'être clos et il appartient au bureau de notre association à décider des suites à donner avant l'été de ce premier débat public.
Cela nous renforce dans l'idée que nous avons eu raison de mettre en oeuvre cette démarche, nouvelle et rassembleuse. Nouvelle car plus ouverte vers l'extérieur de notre association par rapport aux ateliers que nous avions commencé à mettre en œuvre il y a trois ans avec les seuls adhérents de notre association.
La question d'aujourd'hui porte donc sur le type et le contenu des institutions vers lesquels nous souhaiterions tendre pour mettre fin au dessaisissement du peuple et des travailleurs, seuls créateurs de richesses.
Depuis nos réflexions et actions au moment du référendum, en passant par notre expression sur le refus du Quinquennat, jusqu'à nos débats parfois contradictoires concernant la présidentielle de 2007, nous n'avons eu de cesse de mettre en lumière la logique des institutions représentatives actuelles, pensées et mises œuvre pour préserver les intérêts du capital et sa domination.
Je ne m'étends pas sur les arguments échangés, ils sont consultables sur notre site et surtout, nul doute qu'ils vont venir dans la discussion. Car c'est à partir de l'analyse de la situation d'aujourd'hui et de ce qui nous y a conduit, que nous devons définir des pistes sur ce qu'il conviendrait de mettre en œuvre.
A l'heure où les représentants du capital au pouvoir parle de « rénover » les institutions, pour les mettre davantage à leur service, il est important de mener la bataille idéologique en mettant en débat, avec nos moyens, les enjeux et les alternatives que nous proposons.
La réunion d'aujourd'hui doit (va) y contribuer.
Mais soyons conscient que dans l'état actuel de désespérance idéologique et de sentiment d'impasse, le chemin sera long et va demander des efforts énormes de mise en condition d'échanges, de débats, de décisions d'action politique en appui aux initiatives revendicatives dans les luttes sociales pour redonner confiance dans la capacité du mouvement populaire.
Nous n'avons pas, association Rouges Vifs, la prétention de remplacer un parti politique susceptible de répondre à toutes les interrogations, de présenter « clés en mains » un modèle de changement de société, ou encore de permettre de reconstituer la famille communiste.
Rouges Vifs, plus qu'une association, c'est un état d'esprit, un engagement, une démarche militante qui consiste à tenter de poser les termes des enjeux, celui du salaire socialisé, de la souveraineté populaire - et dons du cadre institutionnel dans lequel elle s'exprime-, du rôle et de l'histoire des services publics, des fondements du modèle social français issu du CNR et bien d'autres réflexions qui participent à élaborer ensemble des réponses et des repères idéologiques susceptibles de contribuer à nourrir les luttes sociales et politiques.
Rouges Vifs, c'est quand même une association, avec des statuts, regroupant des camarades, ayant pour la plupart déjà milité sur le plan politique dans d'autres organisations, le PCF pour l'essentiel, et qui gardent intacte leur soif de réfléchir ensemble et de mieux comprendre les enjeux et les affrontements de classe auxquels nous sommes confrontés.
L'existence de Rouges Vifs est déjà une résistance dans un contexte actuel de déconfiture idéologique.
Puisse notre débat poser les bases d'une contribution à la contre-offensive idéologique indispensable dans la période actuelle.
Sans basculer dans l'excès de confiance ou une forme de nombrilisme, notre échange aujourd'hui, en réaction à ce va nous faire partager Anicet Le Pors, sera, j'en suis persuadé, fertile à cette construction collective du tronc commun, qui nous permettra d'alimenter, dans la force des idées, les luttes que nous menons actuellement et que nous continuerons à mener.
Pour ce qui nous concerne, dans le cadre de notre association, nous allons trouver les formes de rendre compte de l'échange d'aujourd'hui en publiant un compte -rendu. Nous préparons également notre 3ème fête annuelle u samedi courant juin au stade du Loiret. La date est en cours de finalisation pour des raisons de disponibilités mais je vous invite déjà à laisser vos coordonnées pour que vous receviez toutes les informations nécessaires.
Sans plus attendre, place à une 1ère contribution de notre invité et place à l'échange.
Merci de votre écoute, merci de votre présence et merci de votre contribution.
Jean C.