NON irlandais : diverses réactions
Le peuple irlandais a rejeté très largement le traité de Lisbonne, ersatz et copie presque conforme du traité constitutionnel refusé par les peuples français et néerlandais en 2005.
53,5% des électeurs qui se sont exprimés ont choisi le vote non. La participation, qu'on nous annonçait ridicule, dépasse 53% : c'est beaucoup plus que lors du référendum qui, en 2002, avait finalement accepté le traité de Nice. Il serait curieux d'ailleurs de présenter ceux qui ne sont pas allés voter comme des partisans de l'intégration européenne.
Comme en France en 2005, les zones qui votent le plus massivement non sont celles où l'électorat populaire est le plus important. En 2005, trois départements français seulement avaient donné au oui une avance nette : Paris, les Hauts-de-Seine et les Yvelines. En Irlande, le oui dépasse 60% dans les banlieues aisées de Dublin, mais est minoritaire presque partout ailleurs.
Tous ceux qui sommaient les Irlandais de ratifier le traité, avec au premier rang Kouchner, répétaient : " Vous devez voter oui, puisque l'Union européenne vous a enrichis ". Il faut croire qu'ils ne se sont pas aperçus qu'ils étaient devenus plus riches. Depuis leur oui à Maastricht obtenu par une avalanche de promesses, leur oui à Nice finalement arraché par des menaces. En Irlande comme en France, les choix politiques imposés au nom de l'Union européenne profitent à une minorité, et signifient pour la majorité des salaires scandaleusement bas et des droits sociaux en recul. Quand on lui en donne l'occasion,
cette majorité dit non.
On essaie déjà de nous convaincre qu'il n'est pas juste qu'un seul pays puisse bloquer " la marche en avant de l'Europe ". De qui se moque-t-on ? Un seul peuple a pu se prononcer : il a dit non pour tous les autres, à qui on a refusé le droit de donner leur avis. Il n'y a pas d'opposition entre les Irlandais et les vingt-six autres peuples enfermés dans l'Union européenne. Il y a opposition entre tous les peuples et leurs vingt-sept gouvernements.
Depuis Maastricht, presque tous les référendums sur des traités européens, au Danemark, en Suède, en France, aux Pays-Bas, ont donné le même résultat, qui montre que les peuples sont conscients de la nature réelle de l'Union européenne : le moyen pour les classes dirigeantes des différents pays d'abolir les souverainetés nationales, donc toute possibilité de souveraineté populaire, pour décider entre elles, à Bruxelles, ce qui correspond à leurs intérêts.
Le problème est qu'au Danemark, en Suède, en France, aux Pays-Bas, des mécanismes institutionnels différents, mais ayant le même effet, ont contraint les peuples à élire des gouvernants partisans systématiques de l'accélération de l'intégration européenne. Dès
lors, pas question de respecter la volonté du peuple, mais surtout tout faire pour éviter de lui demander son avis (en Irlande, la constitution l'imposait). C'est ce qu'ils appellent (on se demande bien pourquoi !) la démocratie représentative : des parlementaires presque tous élus parmi les serviteurs de la classe dirigeante décident à la place du peuple ce dont ils savent fort bien qu'il ne voudrait pas.
La question cruciale est donc : comment sortir de cette situation où les travailleurs et l'immense majorité du peuple doivent subir la domination d'une minorité, à qui les institutions permettent de mener une politique rejetée par référendum à chaque fois que l'occasion se présente.
Ces questions, et d'autres, l'association "Rouges-Vifs" Ile de France veut les poser et contribuer à amorcer des réponses. Lors de sa traditionnelle fête annuelle le 21 juin au stade du Loiret, notre association invite tous ceux qui se posent les mêmes questions à venir en débattre et fêter la victoire du non en Irlande.
Après la victoire du non irlandais
une déclaration du collectif « Combat Communiste »
Le NON du Peuple Irlandais est une victoire pour les peuples, un claque pour les gouvernements Européens, un désastre pour l'élite politique et technocratique de Bruxelles, et tous les partisans -à droite et à gauche - de l'Europe Mastrichienne. C'est aussi un échec personnel pour Sarkozy qui se vantait d'avoir sorti L'Union Européenne de la crise.
Cette victoire est une réponse au déni de démocratie. A l'exception de l'Irlande, dans tous les pays d'Europe, particulièrement en France, les gouvernements ont refusé de donner la parole à leur peuple, préférant imposer par voie parlementaire le traité de Lisbonne, copie conforme du projet constitutionnel de 2005
Ainsi le fossé entre les élites politiques et les peuples ne cesse de se creuser. Les peuples rejettent la méthode de culpabilisation infantilisante. Ils ont pris conscience que l'Europe Mastrichienne est une énorme machine au service du grand capital. Ils n'ont aucune prise dessus, la monnaie unique, l'euro, a correspondu à un triplement des prix sans que les salaires suivent. La semaine du référendum en Irlande fut marquée par la décision de l'UE de porter la semaine de travail jusqu'à 65 heures. Ce fut aussi l'annonce de négociations secrètes en cours dont l'objectif est de donner à Israel un statut privilégié au sein des organismes clés de l'UE lui permettant de poursuivre sa politique expansionniste au Proche Orient. Cette politique détruit toute chance d'établir la paix entre Israel et les Palestiniens.
A partir du 1er juillet la présidence de l'UE sera assurée par Sarkozy. Il n'y a rien à en attendre de bon. Comme il l'a fait en France son travail consistera à essayer d'effacer le NON Irlandais pour relancer la machine infernale de l'UE. Par ailleurs après sa rencontre parisienne avec Bush il travaillera à accroître le poids des Etats-Unis sur l'Europe notamment dans le domaine militaire.
Le NON Irlandais donne confiance. Il ouvre la perspective d'imposer d'autres choix politiques et économiques. L'heure est venue d'imposer aux politiciens, et à la technocratie Européenne, la mise à plat de l'Europe qu'ils ont construit contre les Peuples. Un chantier doit être ouvert ou la parole sera enfin donnée aux citoyens, afin de construire une Europe solidaire, démocratique, et de progrès social. A la ligue apatride des capitalistes il faut substituer une Europe qui respectera la souveraineté populaire. A l'exemple des travailleurs Roumains de DACIA l'heure est à la lutte pour faire payer les patrons, s'opposer aux délocalisations. Agissons tous ensemble et maintenant.