ça, c’est fait!
Pour la première fois depuis l’élection du président de la République au suffrage universel, c’est d’abord un sentiment d’intense soulagement qui a prévalu chez une majorité de Français à l'écoute du verdict de 20 heures: le succès électoral de François Hollande signe la défaite de Nicolas Sarkozy!
En ces moments de page tournée, ont fait irruption en accéléré la nuit du Fouquet’s, le farniente sur le yacht de Bolloré, la création du bouclier fiscal, les multiples bras d’honneur au mouvement social dont celui, gigantesque, de la réforme des retraites. Et puis tous ces propos; fielleux et cyniques, formulant la stigmatisation des roms, des chômeurs, des immigrés, des musulmans, des Africains et, pour finir, des corps intermédiaires, des syndicats… Le quinquennat du président de l’UMP se sera achevé sur un festival de promotion et de glorification des thèmes et des thèses du Front National. Le bilan de Nicolas Sarkozy est une réussite pour les riches et le système libéral. La contrepartie est un échec dramatique pour l’emploi, le pouvoir d’achat, la protection sociale dont il s’était fait pourtant le chantre voilà cinq ans. Sa relégation n’est que justice. Elle comble d’aise celles et ceux qui n’acceptent pas ou plus d’être méprisés et humiliés.
C’est cette vague de colère et de rejet qui a porté la candidature de François Hollande, dont la campagne a été conduite au milieu de la chaussée, à l’écart du couloir des perspectives qui chantent. François Hollande a franchi la barre à la hauteur suffisante pour gagner la partie à l’aide des ressorts disponibles à l’issue du premier tour, dont ceux du Front de gauche sans lesquels la victoire contre la droite et son extrême n’aurait pas eu lieu.
ça, c’est fait! Reste maintenant à mettre en place et à réussir une politique de changement en France et en Europe, à rebours des dogmes de l’austérité. La prochaine étape est tout aussi décisive: installer une majorité de gauche à l’Assemblée et, dans cette majorité, le plus fort groupe possible de députés du Front de gauche. Pour que l’espoir ne plie pas bagages!
Christian AUDOUIN
Editorial de L'ECHO
Lundi 7 Mai 2012