A propos des « mesures Sarkozy » : le point de vue du président du MODEF de la Corrèze
Courrier des lecteurs
Le Président de la République a annoncé dimanche soir une hausse de la TVA hors taux réduit de 1.6% en contrepartie de l’exonération des cotisations patronales allocations familiales.
Nous réaffirmons notre opposition à un tel transfert de charges vers les ménages via un impôt profondément injuste qui va réduire leur pouvoir d’achat. Certes, les produits alimentaires à taux réduit ne vont pas être touchés, mais comme l’alimentation est la variable d’ajustement des budgets des ménages, cette part va par contrecoup se réduire à impacter les débouchés alimentaires des produits agricoles.
Le Président de la République et ses alliés du MEDEF et de la FNSEA voient dans l’allègement des charges salariales patronales un moyen d’améliorer soi-disant la compétitivité de l’agriculture à l’échelle mondiale et européenne.
La compétitivité mille fois répétée dans les discours des gouvernants français et européens consisterait à produire des prix toujours plus bas en réduisant le coût du travail salariés et non-salariés.
Dans cette course, il se trouvera toujours des pays avec de la main d’œuvre moins cher. Faut-il pour être compétitif, détruire la protection sociale, réduire les salaires et revenir 2 siècles en arrière, ou bien considérer que le travail, la bonne santé des salariés et des paysans, la qualité de vie, en un mot la sécurité sociale des travailleurs est une vraie richesse.
Ces travailleurs sont la richesse de notre pays et le problème à régler est celui de leur revenu et particulièrement celui des paysans.
Il ne peut y avoir de revenu qu’avec des prix des produits agricoles à la production à la hauteur des besoins, afin de rémunérer correctement le travail y compris le travail socialisé des salariés agricoles et des paysans.
La compétitivité de l’agriculture doit se mesurer par son efficacité économique (rémunération du travail), son efficacité sociale (emploi, sécurité sociale) et son efficacité sanitaire et environnementale (qualité des produits et de l’environnement).
Il faut en finir avec une concurrence libre et non faussée qui n’est autre chose qu’une guerre qui oppose les paysans d’ici avec ceux d’ailleurs au prix de leur propre disparition.
Pour pouvoir nourrir les 7 milliards d’êtres humains aujourd’hui, 9 milliards demain, il y a besoin que tous les paysans du monde coopèrent et pas qu’ils se fassent la guerre.
Le 31 Janvier 2012
Jean Mouzat
Président du MODEF (Corrèze)