A propos des MUNICIPALES dans la capitale : une lettre ouverte de militants du PCF du 13ème Arrondissement de PARIS
« Un mot de militant-es communistes impatient-é-es du 13e arrondissement de Paris.
Demande de clarification de la ligne politique…Et d'action, au-delà de mars... Lettre ouverte à nos camarades communistes »
Cher(e)s camarades,
Nous sommes des militants communistes ayant adhéré à des moments différents et nous sommes par nos âges, nos trajectoires, de générations et de cultures différentes. Mais nous partageons des doutes et des désaccords avec l’orientation qui a été choisie pour les élections municipales, en particulier à Paris. Sachant partager ces sentiments avec beaucoup d’autres, nous voulons les exprimer publiquement et dire notre volonté que notre parti mobilise fermement contre les choix politiques du gouvernement et du PS et rapidement pour le déploiement politique du Front de gauche.
Après plusieurs semaines de «refroidissement», « lʼHumanité » évoquait récemment le «réchauffement» des relations entre Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon. Tout militant soucieux de la construction d’une autre politique pour la gauche pourra y voir une possibilité pour mieux mobiliser à cette fin. Tout militant verra cependant les limites de cette réconciliation et la fragilité d’une construction qui reposerait sur les températures des relations entre deux hommes. Par ailleurs, ce thermomètre ne résout pas le trouble et les interrogations liés à l’accord conclu avec le PS à Paris, alors même que ce dernier multiplie les signes dʼhostilité à notre parti dans le cadre de ce scrutin en présentant des listes contre des maires communistes sortants.
On sait combien le choix parisien d’une alliance avec le PS a été acquis dans des conditions difficiles et a une très faible majorité des militants parisiens. Des voix reconnues pour leur engagement dans le parti, comme celle de lʼhistorien Claude Mazauric, ont exprimé dans « lʼHumanité », notamment, leurs craintes face aux conséquences funestes, pour le parti lui-même, pour toute la gauche et surtout pour les citoyens qui ont le plus besoin de la gauche, dʼune telle décision. Le discours du secrétaire lors des vœux de la Fédération de Paris nʼest pas parvenu à nous convaincre que la liste conduite par le PS pourrait être une protection contre la politique de droite du gouvernement : la réforme autoritaire du grand Paris, lʼaustérité salariale - qualifiée de «modération salariale» à Paris, les annonces faites sur les APL, la hausse de la TVA, le désengagement de l’État des grands services publics vont directement toucher les salariés et les locataires vivant à Paris, la majorité sociale de la capitale...
Le bilan de la majorité municipale au Conseil de Paris, malgré ses limites, permettait des discussions pour le second tour. Il nous apparaît encore plus vrai aujourdʼhui quʼen octobre, que lʼabsence du Front de gauche, avec les communistes, au premier tour de cette échéance électorale, va gravement peser sur la défense dʼun Paris populaire. Il ne se passe en effet pas de jour sans quʼun nouveau recul démocratique (des propos anti-roms du ministre socialiste de lʼIntérieur à lʼannonce des ordonnances comme mode de gouvernement, en passant par la suppression des départements de la petite couronne comme, par exemple, le Val-de-Marne) ou quʼun nouveau recul social pour les salariés, pour les citoyens, soit annoncé, dont le dernier et non le moindre est le funeste «pacte de responsabilité».
Autant la campagne du Front de gauche durant les présidentielles avait pu déplacer le débat politique sur la gauche et contraindre le candidat socialiste Hollande à gauchir quelque peu ses discours, autant lʼabsence dʼun Front de gauche puissant et dynamique dans la plupart des grandes villes au prochain scrutin, dʼun Front de gauche incluant toutes ses composantes et donc en premier lieu les communistes, a brisé les dernières digues politiques qui pouvaient contenir les dérives droitières du PS et de son gouvernement. La réalité des votes à lʼAssemblée, les mises en œuvre des politiques municipales conduites par le PS, dont la liste rallie maintenant des membres de lʼUMP et du MODEM à Paris, ne font pas tenir longtemps lʼargutie dʼune résistance municipale du PS à la politique du gouvernement.
Pire, là où ils sont en position dʼinvestir le champ syndical ou associatif, les socialistes organisent la résistance à toute mobilisation populaire et la promotion de la politique gouvernementale. Que le PS soit traversé de contradictions, cela est indéniable, mais la caution de gauche que nous avons donnée à ce parti en le soutenant aux municipales dès le premier tour, ne peut que consolider et conforter les choix pro-gouvernementaux en son sein. Une nouvelle fois, lisons ses tracts, examinons ses votes. Comme lʼa publié récemment dans lʼHumanité, le président dʼEspaces Marx, Patrice Cohen-Seat, nous pensons au contraire «quʼil faut mener avec lui une exigeante confrontation visant à construire les rapports de forces politiques sans lesquels il est illusoire d’imaginer le faire bouger.»
Avec beaucoup dʼautres communistes, nous pensons donc quʼil est urgent que le Parti rompe avec des «stratégies» dʼalliances dʼappareils au gré des circonstances, stratégies de courte visée qui ne font que révéler notre dépendance et mettent à mal nos choix dʼouverture et nos convergences objectives avec beaucoup de citoyens et de militants des luttes sociales, notamment les militants syndicaux. Nous voulons dire lʼurgence quʼil y a à relancer la dynamique des assemblées du Front de gauche autour de propositions qui permettent de rassembler celles et ceux qui nʼacceptent pas la politique du gouvernement et veulent quʼon sʼattaque enfin aux privilèges conquis par le capital, à Paris comme dans toute la France, et dans toute lʼEurope. La première échéance sera de réussir lʼinitiative du 8 février et de lui donner des suites rapides. Dans le contexte présent dʼéclatement des forces, nous voulons rappeler lʼimportance de rassembler contre les choix gouvernementaux actuels, et nous demandons que l'initiative du 8 février, contre sa politique fiscale aussi droitière que suicidaire, soit dans les jours qui viennent lʼobjet dʼun investissement dʼampleur permettant dʼen faire un temps fort de notre politique de rassemblement.
Comme beaucoup de militants, nous pensons quʼil est de toute urgence de rassembler les forces du Front de gauche, de ramener de nombreux citoyens découragés vers la lutte politique en lançant sans tarder les chantiers de la campagne des élections européennes. Cette dimension européenne de notre action nous paraît, en effet, plus que jamais cruciale pour la construction dʼune politique alternative crédible et le rassemblement des forces qui la souhaitent.
Fraternellement,
Paris, le 25 janvier 2014
Des militants communistes de Paris 13e :
Anne J., Colette C., Sergueï K., Abdallah B., Daniel C.
Source : Facebook (Brigitte Pascall)