André Gerin : « je ne mènerai pas la campagne électorale en faveur de Jean-Luc Mélenchon »
Vous lirez, ci-dessous, la déclaration d’André Gerin
prononcée lors de sa conférence de presse du 20 juin 2011:
Je m’engagerai plus que jamais dans la bataille politique des présidentielles pour porter les idées et les valeurs auxquelles je crois afin de redonner ses couleurs à la France.
C’est pourquoi je ne mènerai pas la campagne électorale en faveur de Jean-Luc Mélenchon.
Je ne voterai pas pour Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle en avril 2012.
Il est possible d’ailleurs que personne n’ait l’occasion de voter pour lui. Pour quelle raison ? Peut-on dire aujourd’hui, si Jean-Luc Mélenchon ira jusqu’au bout de cette campagne électorale dans la mesure où le syndrome de 2002 va planer au-dessus de la gauche ? D’ici le mois de mars, il aura coulé beaucoup d’eau sous les ponts.
L’essentiel pour ce fidèle de Mitterrand et de l’OCI sera de négocier un ministère avec Martine Aubry et le Parti socialiste.
Il n’y aura pas de candidat communiste. Ce sera le dilemme pour beaucoup d’électeurs qui vont devoir se confronter au premier tour à deux candidats socialistes.
En 2002, avec Robert Hue j’avais parlé de dépôt de bilan. En 2007, avec Marie-George Buffet j’avais parlé de vente aux enchères, pour 2012, la question que je me pose est la suivante : va-t-on donner les clefs de Colonel Fabien à ce ex-dirigeant socialiste qui a toujours été un ennemi juré du Parti communiste français ?
D’ailleurs, le vote des communistes témoigne de ce score réalisé à l’arraché, malgré le forcing effectué par la direction du PCF.
C’est un résultat qui n’est pas glorieux. D’ailleurs, des milliers d’adhérents ont été interdits de vote ce qui entache la crédibilité et la légitimité de la direction du PCF.
Sous l’impulsion de Marie-George Buffet a été organisée une énorme entourloupe afin que le PCF s’efface de la vie politique. Une fois en 2002, deux fois en 2007, trois fois aujourd’hui pour adjuger la vente aux enchères. L’entreprise de sabordage est en route.
Je n’exclue pas d’ailleurs de me présenter à nouveau à la présidentielle pour mener une campagne sur les idées et les valeurs d’une gauche authentique, afin qu’une politique de rupture avec le capitalisme réussisse, forte d’un PCF de combat qui parte à la reconquête des milieux populaires et de l’électorat du Front national.
Redonner ses couleurs à la France, c’est refuser l’effacement de l’idée de Nation, c’est tourner la page de la décolonisation, c’est repenser une Europe respectueuse de la souveraineté, c’est refuser la mondialisation capitaliste. Pour ce faire, il faut mettre au cœur de cette bataille la réindustrialisation de la France en combattant les politiques de délocalisation et de main-d’œuvre à bon marché. Comme je l’ai écrit dans « Les ghettos de la République », il faut répondre à la difficile insertion économique des enfants français issus de l’immigration. Nous assistons à un véritable génocide, avec 30, 40 50 % de chômage.
La gauche a abandonné ces quartiers ; elle a abandonné les classes populaires, sa jeunesse.
C’est donc l’abandon de notre culture, de notre identité de nos racines de nos valeurs fondamentales.
La gauche a épousé les thèses du grand patronat avec ce discours irresponsable où il faudrait régulariser tous les sans-papiers, elle prône l’immigration comme le demandent Laurence Parisot et Christine Lagarde pour une main d’œuvre à bon marché.
Non, l’immigration n’est pas une chance pour la France. C’est un mensonge entretenu depuis 30 ans. Oui c’est une chance pour le capitalisme financier, pour diviser, pour exploiter, pour généraliser l’insécurité sociale, exclure, ghettoïser des millions de familles et de jeunes français de la vie sociale et politique.
Nous serions contraints d’accepter tous ceux qui viendraient dans notre maison France. Il faut refuser cette réalité et faire en sorte que l’on combatte les dérives communautaristes. Nicolas Sarkozy et l’UMP surfent sur ces réalités. Ils préfèrent favoriser la lutte ethnico-religieuse que la lutte des classes d’un même combat français et immigrés.
C’est le sens de mon engagement contre le voile intégral afin que la jeunesse des quartiers populaires soit au centre des priorités du pays pour la décennie à venir : une politique de l’enfance, d’éducation, d’insertion, d’intégration à la Nation. Faire reculer la paupérisation économique, sociale et culturelle de millions de familles devient une priorité nationale.
Ces questions sont centrales pour le renouveau de la gauche et du PCF afin de prioriser ces français enfants de l’immigration. Nous tendons la main à l’immense majorité des français de confession musulmane pour une reconnaissance d’un Islam spirituel respectueux des principes de la République et de la laïcité.
Aujourd’hui limiter y compris l’immigration régulière devient vital face une situation intenable et explosive dans des centaines de villes populaires. C’est la seule manière d’endiguer le Front national en démontrant que la situation n’a rien d’inéluctable et surtout qu’il n’y a aucune raison d’accepter une fatalité du déclin démographique en France et en Europe.
Développer des accords et des aides massives avec les pays arabes devient urgent pour des politiques de coopération de co-développement afin de favoriser leur combat à la suite de la révolution du Jasmin. Il est temps de sortir des rapports de domination pour considérer ces peuples comme des peuples adultes.
J’aurai l’occasion de revenir sur ces sujets essentiels comme sur la nécessité d’engager une véritable guerre contre la drogue. Je trouve irresponsable cette nouvelle folie du Parti socialiste de vouloir légaliser la drogue. Je vais d’ailleurs actualiser ma proposition de loi relative à la lutte contre les toxicomanies et la géopolitique des drogues que j’avais déposée il y a une quinzaine d’années.
Je reviendrai aussi sur la suppression de l’élection du président de la République au suffrage universel.
La sortie de l’Euro sera inéluctable car, on le voit, c’est un contresens économique au regard de la situation en Grèce, en Espagne et au Portugal. Ca va nous péter dans la gueule.
L’agenda social, économique et politique des prochains mois en France et en Europe n’est pas écrit d’avance. Des séismes sont possibles face aux dégâts et à l’humiliation que subissent les peuples. C’est une situation qui va devenir intenable.
André GERIN
Député communiste du Rhône
DECLARATION DE PRESSE
Jean-Luc Mélenchon, candidat du PCF aux présidentielles a obtenu ce qu'il voulait, les clefs de Colonel Fabien. Depuis 2008, Marie-George Buffet a bien travaillé à cette fin pour ce dirigeant du Parti socialiste en refusant une candidature communiste.
Pour les responsables du Parti communiste, le résultat n'est pas glorieux : Mélenchon est désigné à moins de 60 % des votants (cela représente 1/4 de suffrages vis-à-vis du nombre d'adhérents) malgré le forcing organisé par l'appareil et la triche dans de grandes fédérations (1).
André Chassaigne fait un score plus qu'honorable en recueillant 37 % malgré les entraves, les menaces, les invectives, la haine de certains responsables de l'appareil qui n'ont pas digéré le maintien de sa candidature. Une nouvelle fois, les responsables du PCF ont choisi la division des communistes en mettant à l'écart l'opposition lors du dernier congrès. Beaucoup d'adhérents aujourd'hui ne sont pas dupes ce qui confirme que des milliers de communistes ont été interdits de vote.
47 789 suffrages se sont exprimés sur 69 227 inscrits. On constate le gouffre avec les 130 000 adhérents revendiqués.
En 2002, avec Robert Hue, j'avais parlé de Dépôt de bilan.
En 2007, avec Marie-George Buffet, j'avais parlé de vente aux enchères.
Aujourd'hui, avec Mélenchon, on donne les clefs de Colonel Fabien, on ne sait pas jusqu'où tout cela ira.
Une chose est sûre, il n'y aura pas de candidat communiste au premier tour d'avril 2012, par contre, il y aura deux candidats socialistes.
Les milieux populaires seront devant un non-choix d'autant qu'à ce jour, on ne sait pas si Jean-Luc Mélenchon ira jusqu'au bout dans la mesure où se profilerait un scénario similaire semblable à celui de 2002.
Les militants communistes vont vivre une période politique douloureuse, amputés par ce choix chirurgical d'une rupture historique.
Les communistes ne laisseront pas faire cette entreprise de sabordage du PCF pour rebondir, se rassembler, sans a priori.
Construire avec l'ensemble du peuple de France une nouvelle révolution sociale pour rompre avec le capitalisme prédateur et redonner toutes ses lettres de noblesse à l'idée communiste.
André Gerin
(1) A voir de près : les résultats à la soviétique de Mélenchon : en Seine St Denis, 78,03 %, dans les bouches du Rhône, 78,26 %