Angela Davis: « La liberté sert à libérer les autres »
Lors de la remise officielle des insignes de Docteur honoris causa à l’ULB (Université Libre de Bruxelles), Angela Davis a tenu le discours suivant :
« Tout d’abord, je tiens à remercier l’ULB du grand honneur qui m’échoit ici. Je vous remercie pour la reconnaissance que vous portez au travail que j’ai essayé de faire au fil des années et parce que vous reconnaissez ainsi également les divers domaines de lutte que j’ai abordés, surtout ceux qui ont dépassé la notion d’interdisciplinarité et dans lesquels j’ai essayé de concilier enseignement et activisme.
Aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire d’attirer l’attention sur les dégâts matériels, intellectuels et spirituels que le racisme et l’islamophobie ont causés. Aux États-Unis, un racisme institutionnalisé dans l’enseignement est renforcé et reproduit en raison de la surreprésentation des Noirs et des Latinos dans les prisons américaines et des attaques croissantes contre les musulmans sous prétexte de lutte contre le terrorisme.
Il y a un demi-siècle, le regard du monde était tourné sur le mouvement des noirs pour la liberté aux États-Unis. Il y a 20 ans, nous souhaitions l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud. Aujourd’hui, nous soutenons la cause du peuple palestinien. Nous avons aussi pris conscience que l’héritage de l’esclavage et du colonialisme est toujours bien vivant dans le monde, surtout aux États-Unis et en Europe. C’est pourquoi nous avons besoin aujourd’hui d’affiner nos analyses afin de pouvoir démasquer les expressions du racisme qui pourraient autrement passer pour des solutions rationnelles.
J’aimerais conclure par une citation de Toni Morrison (1), qui a écrit que « si quelqu’un est libre, il devrait libérer quelqu’un d’autre ». La liberté sert à libérer les autres. Merci infiniment. »
(1)Auteure noire américaine.