Appel de Prague : Solidarité internationale contre l’anticommunisme et contre la réécriture de l’histoire
Dans tous les pays d‘Europe se développe une vaste offensive anticommuniste de réécriture de l‘histoire. Elle a pour but d‘empêcher les mouvements populaires de résistance au capitalisme européen, alors que se mettent en place l‘austérité et la baisse du niveau de vie pour le plus grand nombre. C‘est le cas notamment dans les anciens pays socialistes, comme en témoigne notre correspondant à Prague.
Le « Collectif communiste Polex », solidaire des antinazis tchèques, vous suggère d‘imprimer la pétition ci-dessous, de la signer et de l‘expédier par la poste à :
Ota Lev
Secrétaire de la Société Jules Fučik
Ústecká 172
184 00 Prague 8
République tchèque
Chers amis,
La droite au pouvoir en République tchèque fait tout son possible pour amoindrir l´héroïsme des patriotes qui ont péri dans la lutte contre le fascisme pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque notre pays se trouvait sous la domination hitlérienne. A partir des années quatre-vingt-dix, la droite a privatisé presque toute notre économie avec son industrie développée qui était capable de construire des usines et de les remettre terminées aux utilisateurs, en Tchécoslovaquie ou n´importe où à l´étranger ; la droite a détruit le système des coopératives agricoles qui avait garanti l´autosuffisance alimentaire ; la droite a rebaptisé les places, les rues, les écoles, les institutions portant le nom des héros de la gauche tchécoslovaque ou internationale. Toutes les réussites, tous les succès de la gauche tchécoslovaque sont calomniés et doivent tomber à l´oubli.
Au contraire, ceux qui sont devenus des malfaiteurs publics au cours de l´époque dite socialiste, sont célébrés. Par exemple, le chef du gouvernement tchèque a décoré en 2008 trois hommes qui ont brûlé dans les années cinquante les biens des coopératives agricoles, qui ont agressé les gens, tué un caissier pour voler de l´argent, un simple agent de police, pour voler les armes, etc. En 1953, ceux-ci ont franchi la frontière pour s´installer aux États Unis en espérant que les États Unis déclencheraient la troisième guerre mondiale contre le camp socialiste et qu´eux-mêmes rentreraient en Tchécoslovaquie l´arme américaine à la main, pour liquider le régime socialiste et pour tuer les partisans du socialisme. L'un d´entre eux – ancien soldat américain en Corée – est rentré après 1989 dans son pays natal ; il est mort en juillet 2010. Trois personnalités suprêmes – le président du Sénat, la présidente de la Chambre des députés, le chef du gouvernement et plusieurs ministres (le gouvernement a interrompu à cette occasion sa session régulière) ont participé aux funérailles de cet homme et ces trois personnalités suprêmes ont prononcé des discours panégyriques à l´adresse du mort. On doit noter en revanche qu´aucune représentation d'un tel niveau n´a assisté aux funérailles de n´importe quel héros antifasciste décédé.
Dans ces conditions, la droite fait tout pour réécrire l´histoire pour qu´elle serve désormais d'argument en faveur de la bourgeoisie tchèque. Dans notre lutte pour la vérité historique (même actuelle et future), la Société Jules Fučík exige de replacer la statue du héros des combats antifascistes dans un lieu public. La Société Jules Fučík a rédigé une pétition à laquelle s´est identifié un grand nombre des Tchèques et également nos amis à l´étranger. Nous nous adressons donc également aux amis français, surtout à ceux qui s´occupent des questions de justice pas seulement en France. Chers amis, soutenez-nous, joignez vos signatures à la pétition ci-jointe. Chez nous, les signatures électroniques sur les pétitions ne sont pas acceptées légalement, c´est pourquoi nous vous prions d´envoyer la (les) pétition(s) en forme de papier remplie(s) de signatures à l´adresse de l´auteur de cette lettre ou à l´adresse du président de notre Société – Jan Jelínek, publiée sur le formulaire pétitionnel.
Avec toute mon amitié,
Ota Lev
Quelques mots concernant la vie de Jules Fučík
Jules Fučík (lire Foutchik) est né en 1903 et a été exécuté en 1943. Journaliste, écrivain, critique littéraire, penseur révolutionnaire, il a vécu les événements les plus dramatiques, les conflits sociaux et politiques, pendant la période de la République tchécoslovaque. En tant qu´étudiant, il est devenu un des cofondateurs du Parti communiste tchécoslovaque (PCT). Dans les années trente, il fut rédacteur du quotidien du PCT. Après la signature de l´accord du Munich (septembre 1938) - qui fut le prologue à la Seconde Guerre Mondiale - le PCT a été dissous. Pendant l´occupation nazie de la Tchécoslovaquie (1939-1945), le PCT a continué ses activités dans la clandestinité dans les conditions les plus dangereuses.
En 1941, les nazis ont arrêté et emprisonné les membres du premier Comité central illégal du PCT. Aussitôt, un deuxième Comité central illégal du PCT a pris naissance et Jules Fučík est devenu un de ses membres. En avril 1942, les membres du deuxième Comité central illégal du PCT ont été arrêtés, y compris Fučík. Les nazis l´ont torturé si intensivement que le médecin de la prison a même rempli son acte de décès. Mais Fučík a survécu.
Grâce à un maton – patriote tchèque déguisé en uniforme nazi – qui travaillait à la prison pragoise et qui est entré en contact avec Fučík, il a pu écrire ses mémoires. Il lui donnait des morceaux de papier avec un crayon. Au cours de ses dernières semaines, vécues dans la prison pragoise, Fučík a décrit la situation – le comportement brutal des nazis et les positions patriotiques de quelques Co prisonniers ainsi qu'une courte histoire de la vie du PCT dans la clandestinité. Il a écrit en tout 167 morceaux de papier. Le maton les a tour à tour portés hors de la prison et les a remis à des amis qui vivaient à la campagne. Ils les ont mis dans un grand verre qu'ils ont enterré dans leur jardin. Après la libération de la Tchécoslovaquie du joug nazi, ils ont déterré ce verre et son contenu. La dernière œuvre de Fučík a donc pu être remise à la femme de Fučík qui avait, elle, par pur hasard, survécu au camp de concentration nazi où elle fut internée.
Ces écrits ont été publiés pour la première fois à la fin de 1945 dans un livre intitulé Reportage écrit sous la corde. Cette œuvre a été traduite en quatre-vingt-dix langues (en français elle était éditée sous le titre Écrits sous la potence). Avant 1989, cette œuvre a connu plus de trente rééditions en République tchécoslovaque. Fučík est devenu le symbole de la lutte anticapitaliste et antifasciste, le symbole de la fidélité au communisme, à la lutte pour une société socialement juste et démocratique. Tous les écrits de Fučík, son legs littéraire ont été rassemblés et publiés après la guerre en douze tomes.
Après 1989, les ennemis du progrès ont calomnié les représentants communistes et plus généralement progressistes. Ils ont publié également des mensonges, déclarant que Fučík était devenu indicateur, qu´il avait trahi ses camarades, qu´il n´a pas été exécuté, que les nazis ont pris soin de lui après la guerre et qu´il vit peut-être avec quelques nazis en Amérique latine. En plus, ils ont annoncé que le Reportage n´était pas l'œuvre de Fučík, mais un faux communiste.
C´est pourquoi un groupe d´historiens s´est mis à étudier tous les documents accessibles liés à la vie de Fučík, surtout à son activité dans la clandestinité, à la prison et au cours des interrogatoires. Ils ont étudié environ trente mille documents, ils ont interviewé ceux qui étaient en contact avec Fučík, même avec ses Co prisonniers qui ont survécu au nazisme. Et ils ont remis le manuscrit du Reportage au Ministère de l´intérieur pour vérifier l´authenticité de l´écriture de Fučík. Le ministère de l´intérieur d'après 1989 a pu ainsi vérifier le fait que le manuscrit de la dernière œuvre de Fučík confirmait bien qu´il avait été écrit de sa propre main. Ce groupe d'historiens, après ces études approfondies, a aussi pu confirmer que Fučík n´avait trahi aucun de ses compatriotes. Bien au contraire, quelques-uns d´entre eux ont témoigné que les dépositions de Fučík au cours des interrogatoires étaient prononcées en faveur de ses Co prisonniers. – Malgré ces résultats confirmés par les hommes de science, aucun journalistes et aucun politicien ne s´est excusé pour avoir semé des mensonges, des calomnies concernant ce héros honnête qui a sacrifié sa vie pour que nous puissions vivre en paix.
La statue de Fučík a été enlevée du lieu public où elle se trouvait avant 1989. Les représentants de la gauche tchèque ont alors créé la « Société Jules Fučík » qui maintient la mémoire des combattants antifascistes, des penseurs et des hommes politiques de la gauche tchécoslovaque. A l´heure actuelle, notre Société exige que la statue du combattant patriotique antifasciste soit remise en lieu public.
PETITION
Nous appelons les représentants de la capitale tchèque
et de tous les arrondissements pragois :
Replacez la statue de Jules Fučík dans un espace public respectueux !
L´œuvre "Ecrits sous la potence"de Jules Fučík a été rédigée dans un cachot de la mort nazi, c´est une perle de la littérature mondiale. Son appel mémorable « HOMMES, JE VOUS AIMAIS, SOYEZ VIGILANTS ! » par lequel il a fait ses adieux avant son exécution est entré dans les cœurs de millions de gens de tous les continents et de toutes couleurs. Son legs dans un monde plein de contradictions, nous convie à éveiller la conscience de chacun d'entre nous et à promouvoir une gestion véritablement démocratique de la société.
La statue de Jules Fučík, lauréat du premier Prix international de la paix, a orné l´entrée d'un parc situé au centre de Prague, là où les gens venaient pour se reposer ou pour participer à des représentations culturelles. Le fait d'avoir retiré cette statue a exaspéré les antifascistes jusqu'en République fédérale d´Allemagne et dans d´autres pays. Il est grand temps de terminer avec cette barbarie qui a fait oublier le héros de la lutte contre le fascisme! La vie et l´œuvre de Fučík, en particulier ses Écrits, dans lesquels il a prononcé son message intemporel adressé à tous les habitants de notre planète, ont influencé et influencent toujours la pensée et le destin des générations et elles appartiennent aux valeurs durables de la culture mondiale.
Nous nous adressons aux citoyens de la République tchèque et aussi aux citoyens d´autres pays qui rendent honneur à la mémoire et au legs des combattants contre le fascisme pour qu´ils joignent leurs signatures à cette pétition. Particulièrement au moment où les personnes progressistes se rappellent le 65ème anniversaire de la victoire sur le fascisme lors de la Seconde guerre mondiale, au cours de laquelle Jules Fučík est allé vaillamment à la rencontre de sa mort.
Pour le comité de pétition :
Président de l´Association des Soldats contre la guerre : Jiří Bureš
Président de la Société de Jules Fučík : PhDr. Jan Jelínek
Président de l´Association des journalistes tchèques : Karel Mevald
Député du Parlement européen : PhDr. Miloslav Ransdorf, CSc.
Ex-président de l´Union internationale des étudiants : PhDr. Josef Skála, CSc.
Président de l´Union des écrivains tchèques : Ing. Karel Sýs
Présidente du Comité National de la Culture : Prof. PhDr. Jarmila Vrchotová-Pátová, CSc.
Personne autorisée à représenter le Comité de pétition pour cette pétition :
PhDr. Jan Jelínek, Brodského 1673/13, 149 00 Prague 4 – Chodov
E-mail : anatolsitov@seznam.cz
Je me joins à cette pétition suivi des :
Noms - Prénoms - Adresses - Signatures