Assises du Communisme (juin 2013) : Contributions au débat (1)
Réflexions sur la conception des assises
L’Appel pour des Assisses du communisme, rédigé en 2008, est l’engagement d’un processus de renaissance et de réunification pour une forme politique nouvelle, dont il n’appartient à personne, aujourd’hui, de définir le contenu, la forme, l’organisation, le fonctionnement, etc…Un processus dont l’objectif premier est un projet de sortie du capitalisme, fondé sur quelques concepts-clés : appropriation sociale, pouvoirs du peuple, satisfaction des besoins sociaux, travail et production, etc…Ce processus est lui-même un élément du rapport de force à créer partout, en faveur d’une alternative durable, pourquoi pas irréversible. Pour cela, il convient de dépasser les divergences relatives au passé ou encore présentes aujourd’hui. Que ce soient les communistes, Et ici il faut se mettre d’accord sur ce terme : concrètement ceux et celles qui se sentent, se ressentent, se déclarent communistes et qui veulent rester communistes, dans ou hors du PCF, ou tout autre organisation se réclamant du communisme ou non, le parti n’est pas une fin en soi. Que se soient les communistes donc, qui soient maitres de A à Z de ce processus. Nous devons penser, agir, indépendamment de l’existence (ou non) du ou d’un PCF. Réfléchir aux formes de luttes et d’organisation qu’ont été La Commune de Paris, les Conseils ouvriers, mais plus récemment en France, le mouvement des cheminots de 1995, la coordination des infirmières, et aujourd’hui les formes du combat des salariés contre les fermetures de site…La méfiance -la défiance ?- des travailleurs à l’égard des partis politiques (des syndicats ?) ne justifie-t-elle pas que nous menions une telle réflexion ? Il apparait bien sur que ce processus ne doit pas concerner que les seuls communistes ; ce doit être et peut être avant tout, en tout cas dans un même élan, celui que s’approprient les travailleurs, tous ceux et celles qui ont un intérêt (conscient ou pas) à un changement de politique, de pouvoir(s), de société. Donc ne rien imposer, pas de prêt à porter, le mot clé étant « MAITRISE ».Il n’y a pas d’unité de penser entre tous les communistes, il convient de prendre en considération la diversité comme une richesse pour la réflexion, le débat, l’élaboration et l’action. A partir du moment où le processus s’engage, ce sont les communistes qui s’y engagent qui en deviennent acteurs ; dès lors, plus d’Appel, ni signataires, ce sont les communistes auteurs-acteurs qui décident. L’autre mot clé étant « DEMOCRATIE ».
Quelques thèmes qui seraient intéressants (à mon sens) de débattre pendant les 3 jours de juin.
1/ LE CAPITALISME
Le capital, la société capitaliste sont –ils en crise ? Y-aurait-il un bon et mauvais capitalisme ? Au risque de paraître cynique, je dirais peu importe, car en bonne ou en mauvaise santé, c’est toujours le capital, et il est toujours mauvais pour les Peuples, pour la majorité des travailleurs. Le capital n’a d’autre objet que l’exploitation de l’homme par l’homme, de la domination, de l’asservissement de la majorité des Peuples par une minorité. Il n’y a pas de contradiction entre le capital et le progrès social et humain, la démocratie, l’écologie ; le capital n’est pas fait pour çà, n’a pas cette vocation. Dès lors, vouloir résoudre la crise du capital, c’est-à-dire lui trouver des solutions, n’est-ce pas participer à sa pérennité, n’est-ce pas rester dans le même type de société, n’est-ce pas une « issue » réformiste ? sociale-libérale ?
2/DROITE-GAUCHE ou CAPITAL-TRAVAIL et LUTTE DES CLASSES
Le changement n’étant pas vraisemblablement pour maintenant, le Président, le Gouvernement et sa majorité exercent une simple alternance du pouvoir entre deux « blocs » qui ne diffèrent que sur la forme (et encore pourrait-on en redire !), qui se ressemblent et parfois se rassemblent, sur le fond de leur politique. L’adaptation du capital à sa propre crise fonde cette exigence qu’il faut admettre : la social démocratie est en place, en raison de sa fonction historique de nécessaire alternance pour le sale boulot, afin de permettre au capital d’utiliser ses « deux fers au feu ».Petit à petit le capital, la bourgeoisie parviennent à ce qu’ils recherchent depuis ½ siècle au moins avec la Constitution de la Vème République, ses diverses utilisations par les Présidents successifs (cohabitation par exemple), nombreuses modifications avec accord Droite-PS (renforcement du Présidentialisme, limitation du rôle du Parlement…) : un bipartisme à l’anglo-saxonne, l’alternance sans risque, effacement des partis minoritaires, abstention massive, rejet de la politique et du politique…ect…Alors question(s) : Qui est de Droite, qui est de Gauche ? Qu’est-ce qui positionne l’un à Droite, l’autre à Gauche ? Qu’est-ce qu’une politique de droite, qu’est-ce qu’une politique de gauche ? Car la ligne de partage, n’est pas (n’est plus)dans cet espace politique figée « Droite-Gauche », inscrit dans les gènes de la politique politicienne depuis au moins trois républiques. Elle est dans un espace concret, idéologique, dans l’opposition fondamentale, dans l’antagonisme historique « Capital-Travail », c’est la LUTTE DES CLASSES. Ininterrompue, tantôt déclarée, tantôt décriée, tantôt niée, la lutte des classes reste le moteur de l’évolution sociale, de l’HISTOIRE. Le capital, l’aggravation de ses contradictions renforce la lutte des classes qui contredit les nouveaux concepts de « classes moyennes », de « communauté d’intérêts », « de partenaires sociaux » (quelle fumisterie !!). Ce qui positionne pour le capital ou pour le travail, c’est LA réponse concrète à une situation concrète : ce que je fais, ce que je décide, ce que je produis, ce que je crée…, c’est pour le CAPITAL ou c’est pour le TRAVAIL ?
3/ BATAILLE POUR LES SALAIRES ET L’EMPLOI
Parmi tous les combats que nous avons à mener, il en est toutefois un, sur lequel il s’agirait d’insister fortement, par ailleurs absent de l’adresse aux salariés du 50è congrès de la CGT : la bataille sur les salaires, leur augmentation, leur revalorisation, leur indexation : SMIC 1700 euros, grilles salariales, pensions, retraites, allocations, etc – Le salaire est le cœur de la contradiction capital-travail, tout ce qui est plus pour le salaire c’est tout ce qui est moins pour la plus-value et le profit ; il s’agit de renouer avec le cercle vertueux : salaires=consommation= débouchés =production =emploi=salaires ; le salaire c’est aussi plus de cotisations sociales, plus de salaire différé. Cessons d’utiliser les expressions de Plan social pour l’emploi, Plan de sauvegarde de l’emploi, de Plan d’adaptation de l’emploi qui sont le langage des patrons. Interdire les licenciements boursiers c’est bien mais ne suffit pas, car comment les définit-on ? Seulement les entreprises cotées en bourse ? Seulement celles qui versent des dividendes ? Voir ce que viennent de refuser les députés PS : interdire le versement de dividende aux actionnaires durant le temps d’application de l’accord de maintien dans l’emploi (ANI MEDEF/CFDT).
4/ LE MYTHE DE L’EUROPE SOCIALE
Loin de répondre aux nécessités urgentes du développement économique et social, L’Union Européenne démontre chaque jour son caractère impérialiste au service du capital et des multinationales. L’Union Européenne et ses Traités n’a pas pour but l’amélioration de la situation sociale de chaque pays qu’elle dirige. Elle domine de plus en plus l’Etat dans chaque pays et les Gouvernements s’exécutent fidèlement. La lutte des classes est aussi européenne. Il n’y a aucune possibilité de transformer ces instruments politiques et financiers, de leur imposer une politique différente et opposée, à celle pour laquelle le capital et ses exécutants les ont mis en place. La position du PCF et des élus PGE, en une défense acharnée de L’EURO, monnaie unique et non monnaie commune, n’est-elle pas le reflet d’un renoncement à changer les désordres existants en Europe ? N’est-ce pas la ligne de partage entre ceux qui maintiennent et soutiennent le capital et ceux qui veulent y mettre fin ?
par Jean-Pierre Tricaud