Atout législatif
A entendre hurler les Copé, Pécresse, Bertrand ou autre Morin, à les écouter tenir des propos plus qu’alarmistes, on se dit que le début du détricotage de la réforme des retraites par le gouvernement Ayrault a du bon !
Du bon pour les salariés puisque les bénéficiaires pourront s’arrêter de travailler entre neuf mois et deux ans plus tôt que ce que nous avait concocté le gouvernement de François Fillon. Ce que des millions de manifestants dans la rue n’ont pu obtenir, un nouveau gouvernement issu des urnes le fait. Le «tout sauf Sarkozy» était donc justifié.
Ce n’est qu’une étape. On prend sans rechigner tout ce qu’a annoncé Jean-Marc Ayrault. Il doit maintenant aller plus loin, mais il ne le fera que si la majorité de gauche annoncée au parlement pèse suffisamment pour influer sur sa politique.
Cet aiguillon sera d’autant plus nécessaire que François Hollande a démontré sur cette question des retraites, tout son talent de négociateur basé sur un esprit de synthèse remarquable.
Social, il l’est, c’est indéniable. Contraint par les réalités économiques, c’est une évidence. Pragmatique, c’est une qualité qui lui permet d’adresser un message fort avant les législatives. Mais en ménageant la chèvre et le chou, il n’est pas allé au bout de sa démarche : oubli des femmes qui ont eu plus de deux enfants dans la remise des trimestres, non prise en compte des gens qui ont connu une longue période de chômage et surtout pas de droit à la retraite à taux plein à 60 ans pour tous.
La concertation avec les organisations syndicales n’est pas terminée. Elle reprendra en juillet. Le résultat des législatives aura alors une importance majeure dans la décision finale.
Thierry SPRIET
Editorial de L’ECHO
Jeudi 7 Juin 2012