Au lendemain du VOTE GREC [Informations Ouvrières]
L’ÉDITORIAL d’INFORMATIONS OUVRIÈRES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI
« Dehors le mémorandum et la troïka, dehors l’Union européenne, le FMI, la Banque centrale européenne ! » Répétée sans relâche dans les grèves et manifestations, cette exigence a nourri le résultat électoral de dimanche dernier à Athènes, suscitant la sympathie des travailleurs et des peuples de toute l’Europe.
Au lendemain de ce vote, les cercles dirigeants s’interrogent sur la manière de contenir et faire refluer la résistance du peuple grec. Au sommet du capital financier allemand, on se dit fermé à toute renégociation de la dette qui menacerait ses intérêts propres. Au sommet du capital financier américain, certains voient d’un bon œil la proposition d’une « conférence européenne de la dette » (1). Il vaut mieux, disent-ils, renégocier et étaler le remboursement de la dette… à condition que le nouveau gouvernement poursuive les contre-réformes.
Hollande lui, s’est empressé de rappeler au nouveau gouvernement grec qu’il devrait « honorer les engagements » pris, autrement dit : payer la dette. A « gauche de la gauche », ceux qui prétendent s’approprier le résultat de Syriza recommandent, sous diverses formes, de baisser les taux, d’étaler les remboursements et de « réorienter la construction européenne » (2).
« Réorienter la construction européenne » ? Quelques jours plus tôt, la Banque centrale européenne avait lancé son programme de rachat des dettes publiques, à hauteur de 1 140 milliards d’euros, à raison de 60 milliards par mois (3). Tournant le dos aux dogmes qu’elle a elle-même assenés et imposés depuis plus de vingt ans, la BCE « réoriente » sa politique. De la restriction du crédit, on passe à l’abondance de liquidités (alimentée par de la monnaie de singe).
Mais c’est toujours le peuple qui paye. Il paiera quand cette inflation de monnaie fera chuter le pouvoir d’achat. Il paiera les conséquences de la spéculation nourrie par ces liquidités, quand l’éclatement de nouvelles bulles spéculatives provoquera un nouvel effondrement de l’économie. Et il devrait d’ores et déjà payer puisque ces 1 140 milliards sont conditionnés par la poursuite et l’aggravation de toutes les contre-réformes, à commencer, en France, par la loi Macron et le pacte de responsabilité.
L’Union européenne, la BCE, le FMI peuvent changer momentanément d’orientation : les intérêts sociaux qu’ils servent restent et resteront les mêmes. Respect strict des critères de Maastricht, ou emballement frénétique de la planche à billets : ce sont toujours les intérêts du capital financier qui dictent leur loi, toujours l’exigence de dégager plus de profit en prélevant sur la force de travail du prolétaire.
La réponse aux aspirations légitimes des travailleurs et des peuples se concentre en une exigence : dehors la troïka, le FMI, la BCE, démantèlement des institutions de l’Union européenne ! C’est la seule voie pour permettre aux peuples d’Europe de faire prévaloir leurs droits et leurs aspirations.
En combattant pour défaire les contre-réformes des gouvernements, les travailleurs des différents pays d’Europe, avec leurs organisations, ouvriront, par leur lutte de classe, la voie à la libre et fraternelle coopération des travailleurs et des peuples débarrassés des chaînes de l’exploitation.
(1) Proposition formulée par Alexis Tsipras lui-même.
(2) Tous s’expriment, jour après jour, dans les colonnes de L’Humanité…
(3) Soit l’équivalent, chaque mois, du salaire de vingt millions de fonctionnaires français —enseignants, postiers, infirmières… — en début de carrière !