AUBE - Élection législative partielle : Le « parti de l’abstention » à 75,37% - le PS s’écroule mais le « Front de Gauche » n’en profite pas – Second tour UMP-FN
3ème circonscription de l'Aube
Les résultats du 7 décembre 2014 (1er tour)
65758 inscrits, 16195 votants, 24,63 % de participation
MENUEL Gérard (UMP): 40,76 % [41,42% en 2012]
SUBTIL Bruno (FN) : 27,64 % [17,79% en 2012]
GIRARDIN Olivier (PS) : 14,69 % [28,79 % en 2012]
MATHIEU Pierre (PCF-Front de Gauche) : 7,46 % [7,18 % en 2012]
BEAULIEU Maxime (EELV) : 4,47 %
DEHARBE Dominique (Divers Gauche) : 2,49 %
COLLOT-TOUZE Nelly (Parti Chrétien Démocrate) : 2,00 %
ROUSSEAUX Nicolas (Force Républicaine) : 0,48 %
Gros claque pour le PS dans l'Aube. La succession au poste de député de François Baroin, devenu sénateur, se jouera au second tour entre l'UMP et le FN. Une élection partielle marquée par l'abstention.
L'UMP Gérard Menuel, arrivé en tête dimanche du premier tour marqué par une forte abstention, affrontera le candidat Front national Bruno Subtil au second tour de la législative partielle dans la 3e circonscription de l'Aube pour succéder à François Baroin, devenu sénateur.
Gauche divisée
Gérard Menuel, agriculteur en retraite de 62 ans adjoint aux finances à la mairie de Troyes et suppléant de François Baroin depuis 1993, a obtenu 40,76% des suffrages.
Il se trouve en ballottage très favorable devant le candidat frontiste (27,64%), lors d'un scrutin où l'abstention a atteint 75,37%. Bruno Subtil, 59 ans, président départemental du FN, se qualifie facilement pour le second tour dimanche prochain face à une gauche divisée, augmentant de près de 10 points le score obtenu par son parti dans cette circonscription lors du premier tour des législatives en juin 2012.
Moins 14 points pour le PS
Le candidat PS Olivier Girardin (14,69%, chiffre en recul de 14 points pour le parti socialiste par rapport à 2012), est devancé dans tous les cantons par le FN, sauf dans celui de la Chapelle-Saint-Luc dont il est maire et où il arrive en tête.Dans cette circonscription qui compte dix cantons, huit candidats étaient en lice au premier tour pour briguer le siège laissé vacant par François Baroin, maire de Troyes. Il avait été élu cinq fois consécutivement depuis 1993 à l'Assemblée avant de devenir sénateur en septembre. Cinq autres candidats ont été éliminés après le premier tour : PCF (7,46%), EEVL (4,47%) DVG (2,49%), PCD (2,00%) et DVD (0,48%).
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Quelques éléments d'analyse du scrutin
Le Parti socialiste est le grand perdant de cette élection. Tout le bénéfice de la vague rose a été emporté par deux années de pouvoir : entre juin 2012 et décembre 2014, le candidat PS a perdu 14 points, soit la moitié de son score initial. De tous les principaux partis, le Parti socialiste est celui qui pâtit le plus de la très faible participation (25%), son électorat se réfugiant dans l'abstention.
Le reflux du vote socialiste ne bénéficie pas ou à peine aux autres formations politiques de gauche. Hormis deux dissidents, EELV n'avait pas investi de candidats en 2012 en raison de l'accord électoral qui le liait au PS. En 2014, les écologistes se hissent péniblement à 4,5% des suffrages exprimés. Le Front de Gauche, pourtant résolument hostile à la ligne nationale défendue par le Parti socialiste, parvient à peine à améliorer son score de 2012 en passant de 7,18 à 7,46% des voix.
Il reste que la déroute du PS ne précipite pas les électeurs tangents dans les bras de l'UMP, contrairement à ce qu'il se passait auparavant. « J'ai le sentiment que l'effet balancier est cassé, cet effet automatique qui fait que lorsqu'un camp s'affaiblissait, l'autre face de la pièce de monnaie prenait un peu plus de brillance », s'est réjouie Marine Le Pen.
L'UMP ne parvient qu'à peine à éviter l'érosion de ses propres électeurs, pourtant remontés contre la politique du gouvernement socialiste et qui avaient donc toutes les raisons de se mobiliser pour adresser une sanction à l'exécutif. Et le parti reconquis par Nicolas Sarkozy a pris de plein fouet la démobilisation de son propre électorat.
Faute de faire la différence sur le terrain, l'UMP en est réduite à invoquer le « Front républicain » pour battre le Front national, quitte à donner du crédit à l'extrême droite lorsqu'elle dénonce la collusion "UMPS". Un comble quand on se souvient que l'UMP dénonçait avec vigueur ce front républicain lorsqu'il lui était défavorable.
En 2014 dans l'Aube, l'UMP a perdu plus de la moitié (60%) des suffrages exprimés en sa faveur en 2012, le PS est littéralement laminé avec 80% de voix en moins en deux ans et demi. Contrairement à ses adversaires, le Front national parvient à limiter la casse en ne perdant que 36% de ses électeurs dans un contexte abstentionniste de l'ordre de 76%. Un phénomène de sur-mobilisation de son électorat qui explique sa très forte progression en pourcentage des suffrages exprimés, davantage qu'un hypothétique transfert de voix en provenance de la gauche, contrairement à ce qu'affirme le Front national.
Cette résistance du vote FN dans un contexte de démoralisation électorale n'est pas à prendre à la légère. Car il y a fort à parier que les prochaines échéances (départementales en mars 2015 et régionales en décembre 2015) seront elles aussi frappées par un taux d'abstention record qui sera probablement fatal à la gauche de gouvernement.