Béziers, compte-rendu du débat à la fête de la Plantade 2011 : Luttes et mouvements populaires
Luttes et mouvements populaires
Tel était le thème du premier débat de l’édition 2011 de la fête de La Plantade. Une fête qui s’ouvrait avec un ciel couvert et un vent d’est, Lo grec, dont on dit « Grec la pleja al bec ! » ce qui n’a pas manqué d’arriver dans la nuit de samedi à dimanche.
Engagé par un rapport introductif de Robert Auzéby, le débat a réuni près d’une cinquantaine de personnes avec notamment des syndicalistes de la CGT dont les interventions ont apporté un éclairage à la situation.
La situation ? Elle est très difficile pour les salariés dont la précarité devient grandissante et atteint des dimensions douloureuses, ce qui sera développé au cours des échanges.
Ce qui est en cause ? La logique même du système, à savoir la recherche du profit qui, avec l’accumulation prodigieuse des capitaux, prend des proportions inédites. On peut parler, et on l’a vu avec l’affaire des subprimes, d’un emballement du capitalisme. De par sa finalité même celui-ci entraîne la crise financière, fait courir le risque de crash, et bloque par son incapacité à investir dans les moyens de production les perspectives de développement.
Oui soulignons ici que les spéculations boursières sont déconnectées de l’économie réelle. L’argent génère de l’argent hors de toute considération sur la production de richesses matérielles par le travail.
On peut finasser sur l’expression « crise du capitalisme », le gâchis humain est là provoquant misère et drames en tout genre. Le rouleau compresseur de l’exploitation capitaliste n’épargne ni les actifs, ni les retraités, ni ceux qui ont un emploi ni ceux qui en cherchent.
Ce rouleau compresseur passe par des mesures d’austérité, des plans de rigueur, des règles d’or, de lutte contre les déficits, de diktats du FMI, de la BCE… le tout complaisamment relayé par les médias qui se gardent bien de mettre en question le mécanisme même et la finalité du capitalisme.
Dans cette galère les services publics sont laminés, la protection sociale est une peau de chagrin cependant que les bénéfices des actionnaires du CAC 40 continuent de grimper et qu’on trouve des crédits pour des expéditions militaires qui nous ramènent à l’époque du colonialisme alors qu’il en manque tant pour l’éducation, la santé, le logement…
Naturellement, sans être contradictoire, l’approche diffère quelque peu selon qu’on se place dans l’action immédiate et dans un projet de société. Force est de reconnaître toutefois que ces deux aspects sont liés et qu’on ne résoudra rien de durable sans une rupture avec un système qui a fait son temps.
Jean-Marc Biau a mis en évidence dans son intervention qu’il avait, par ses engagements au plan syndical et politique, réalisé cette synthèse.
D’ailleurs on a noté, et quel que soit le jugement positif qui a pu être porté sur les manifestations diverses pour les retraites, que ne pas poser la question des limites du capitalisme pour répondre aux besoins qui se posent à l’humanité, c’est d’une certaine manière se condamner à l’impasse.
Oui, il y a à expliquer la nature de l’obstacle auquel se heurtent les revendications, même les plus élémentaires. Ce n’est certes pas la voie de la facilité mais a-t-on vraiment le choix ?
A vrai dire il faut trouver les moyens d’engager toutes les victimes, elles sont l’immense majorité, avec des degrés certes différents dans les difficultés quotidiennes de la vie, dans l’action pour déboucher sur la satisfaction des besoins.
Paul Barbazange a proposé que soient recherchées les modalités permettant, dans le prolongement de ce qui avait déjà été fait contre la vie chère, d’exiger une réponse aux problèmes posés par l’actualité.
Un débat très riche qui a duré 1 h ¾ et qui a montré, par-delà ses diverses facettes, l’ampleur de la crise mais aussi tout ce qui est nécessaire et possible, possible précisément parce que nécessaire !
Elections présidentielles, législatives…
Voilà ce qu’était le sujet du débat du dimanche matin à la fête de La Plantade. Il y avait eu une accalmie au niveau de la pluie et on était à ce moment-là dans… l’œil du cyclone, peut-être à tous les sens du terme !
Le débat du dimanche matin est traditionnellement celui qui attire le plus de monde. Il permet aux convives qui vont déguster la paella au cours du repas qui commence vers 13 h de participer aux échanges.
A la tribune avaient pris place Aimé Couquet, élu municipal, Paul Barbazange, candidat aux législative, Michel Passet secrétaire fédéral de l’Hérault, Hervé Poly, secrétaire fédéral du Pas de Calais et Christian Harquel, secrétaire de la section de l’ouest Biterrois.
Sur le constat de la dégradation sociale il y a un large accord et une continuité avec le débat de la veille. Michel Passet a parlé d’une explosion de la pauvreté au cours des dernières semaines, une pauvreté qui gagne les retraités et une frange de plus en plus large de ceux qui ont un emploi.
Là aussi comme hier c’est le capitalisme, dont les exigences de profit sont de plus en plus fortes, qui a été mis en cause. Au passage la question de la dette a été développée. Oui pendant qu’un Etat comme la Grèce affiche un déficit de l’ordre de 300 milliards d’euros, les avoirs dans les banques suisses des financiers de ce pays sont à peu près le double ! La dette n’est pas la cause de la crise, elle en est plutôt la conséquence !
A ne pas vouloir prendre l’argent là où il est on se condamne à aggraver la situation de ceux qui n’en ont pas. Diminution du pouvoir d’achat des salariés, des retraités, allongement de la durée du temps de travail, réduction des services publics c’est la même thérapie qui est appliquée aujourd’hui en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Irlande… partout en Europe en somme.
Hervé Poly a fait remarquer que François Hollande n’a pas d’autre projet que celui que réalise Papandréou (ou Zapatero a-t-on envie d’ajouter !)
Dans ce contexte de difficultés les gens ont tendance à baisser les bras, à se réfugier dans l’abstention, voire dans un vote « Front National ». C’est la responsabilité des militants communistes d’affronter cette réalité, au quotidien et au porte à porte ! Et ce avec un parti vieillissant, affaibli dans son influence électorale, son organisation, son idéologie…
On a perçu à la tribune deux positions, l’une de Christian Harquel appelant non à un « Front de Gauche », mais à un Front de Classe, l’autre exprimée par Paul Barbazange, Hervé Poly et Michel Passet, est la position officielle. On s’efface derrière la décision des communistes qui ont choisi Mélenchon pour les représenter aux présidentielles et on s’efforce de mener une campagne sur une identité révolutionnaire, l’essentiel étant de gagner les consciences.
Ligne politique plus facile à énoncer qu’à suivre, quelques réactions dans le public ont montré que ça ne passe pas comme une lettre à La Poste. Ou plutôt si, il y a tellement de problèmes avec le courrier à présent !
On pourrait ajouter aussi la curieuse façon dont Hervé Poly prend la mesure de ce qui est en cause. Il réduirait volontiers la question des présidentielles à la personne de Sarkozy et à la nécessité de le battre, avec quelques précautions dans le discours certes, comme si nous n’avions pas déjà goûté aux joies de la gouvernance social-démocrate !
Des tas d’apports certes dans le débat, notamment sur la question des suicides dus aux conditions de travail, la situation de la viticulture avec la disparition de plusieurs caves coopératives, la mise en friches de nombreuses vignes… mais sur le fond des choses c’était un peu biaisé. On a même pu entendre un appel à l’unité par un « fréchiste », un farfelu qui demandait la constitution d’un Front Populaire fait hors organisations par quelques bonnes volontés et un hommage à Eva Joly pour nous sortir de l’auberge !
Dommage que la pluie n’ait pas permis d’approfondir, avec le débat initialement prévu sur l’Europe, la dimension internationale de la crise que nous vivons et le recours à la force armée pour sinon la résoudre du moins l’endiguer !
Source : blog « Réveil Communiste »